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Vue aérienne de secteurs brûlés dans la forêt amazonienne, près de Porto Velho (Nord-Ouest du Brésil), le 24 août |
Une équipe de l'AFP, qui a survolé vendredi 23 août l'État de Rondonia (Nord-Ouest), a constaté la présence de multiples incendies.
Les habitants de Porto Velho rencontrés samedi 24 août faisaient part de leurs craintes concernant le nuage de fumée qui surplombe la principale ville de la zone.
"Je suis très inquiète pour l'environnement et pour notre santé", a déclaré Delmara Conceiçao Silva. "J'ai une fille qui a des problèmes respiratoires et elle souffre davantage avec les feux".
Le sort de la plus vaste forêt tropicale de la planète est au cœur du Sommet du G7 qui se tient ce week-end à Biarritz, dans le Sud-Ouest de la France.
Les dernières données officielles indiquent que 78.383 incendies ont été enregistrés depuis janvier, soit un record depuis 2013.
En Amazonie, quand une forêt est défrichée, les troncs sont emportés mais le reste de la végétation est brûlé sur place pendant la saison sèche, qui dure de juillet à novembre. Pour les terres agricoles, ou des prairies, la végétation et les mauvaises herbes sont également entassées, en attendant la saison sèche. C'est ce qui brûle en ce moment, expliquent les experts.
Plus de la moitié de ces incendies sont situés en Amazonie, où vivent plus de 20 millions de personnes. Quelque 1.663 nouveaux feux se sont déclarés entre jeudi 22 août et vendredi 23 août, selon l'Institut national brésilien de recherche spatiale (INPE).
Le patron de l'INPE a été limogé début août après avoir publié des données sur la déforestation jugées mensongères par Jair Bolsonaro: elles montraient que la déforestation en juillet avait été quasiment quatre fois supérieure à celle enregistrée durant le même mois de 2018.
Les nouveaux chiffres sont rendus publics au lendemain de l'annonce par M. Bolsonaro du déploiement de l'armée. Par décret, à partir de samedi 24 août et pour une durée d'un mois, les gouverneurs des États concernés sont autorisés à recourir aux militaires pour lutter contre les flammes et combattre la criminalité dans la région.
Quelque 43.000 soldats disponibles
Jusqu'à présent, sept États, dont celui de Rondonia, ont fait appel à l'armée. Quelque 43.000 soldats basés de manière permanente en Amazonie sont disponibles pour combattre les incendies, a déclaré le ministre de la Défense, Fernando Azevedo e Silva.
Dans le "poumon de la planète", quelque 700 nouveaux feux ont été enregistrés en 24 heures, le 22 août 2019. |
Six avions de lutte contre les incendies ont été envoyés sur place, dont deux C-130 Hercules de la Force aérienne brésilienne (FAB), capables de transporter 12.000 litres d'eau. Une brigade de 30 pompiers doit partir de Brasilia dimanche 25 août.
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre britannique Boris Johnson ont proposé leur aide.
Le président colombien Ivan Duque appelé la communauté internationale à fournir des moyens pour préserver l'Amazonie.
"Toute aide concernant les incendies est la bienvenue", a déclaré samedi 24 août à des journalistes le ministre brésilien de la Défense.
Les images du "poumon de la planète" en feu ont provoqué une émotion mondiale.
Aux cris de "Sauvez l'Amazonie", des manifestations ont rassemblé vendredi 23 août plusieurs milliers de personnes à Sao Paulo et Rio de Janeiro, d'autres ont eu lieu devant les ambassades et consulats du Brésil dans le monde, à l'appel de nombreuses ONG.
Cette crise environnementale est telle qu'elle menace de torpiller l'accord commercial UE-Mercosur (Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et Paraguay) signé fin juin après 20 ans de tractations.
"Il est difficile d'imaginer un processus de ratification harmonieux par les pays européens tant que le gouvernement brésilien permettra la destruction du poumon vert de la Terre", a prévenu samedi 24 août le président du Conseil européen Donald Tusk peu avant l'ouverture du G7.
Le président français Emmanuel Macron a accusé vendredi 23 août Jair Bolsonaro d'avoir "menti" sur ses engagements en faveur de l'environnement et a annoncé que dans ces conditions, la France s'opposait au traité UE-Mercosur.
"Les incendies de forêt existent dans le monde entier et cela ne peut pas servir de prétexte à d'éventuelles sanctions internationales", a répliqué vendredi soir 23 août le chef de l'État brésilien.
Un peu plus tôt cette semaine, Jair Bolsonaro avait montré du doigt les ONG de défense de l'environnement à propos des "incendies criminels".
"Les ONG perdent de l'argent, qui venait de la Norvège et de l'Allemagne. Elles n'ont plus d'emplois, elles essaient de me renverser", a-t-il assuré jeudi 22 août, en référence à la suspension par ces deux pays de leurs subventions au Fonds Amazonie affecté à la préservation de l'immense forêt tropicale.