Impact de la dictée des mots d'or

Le 20 mars 2009, dans le cadre de la Journée internationale de la Francophonie, la dictée des mots d'or, est un évènement festif porté par l'association Actions pour promouvoir le français des affaires (APFA) et le parrainage de l'Alliance internationale, qui s'associe à la Semaine internationale de la Francophonie.

Célébrée à la Cité universitaire de Paris, la dictée des mots d'or suit une lancée florissante dans la mesure où de plus en plus de candidats francophones et non francophones, en particulier des étudiant(e)s, des commerçant(e)s, des retraité(e)s de la fonction publique et des parisiens, viennent y apporter leur contribution directe et cordiale. Motivées par le désir et/ou l'inclinaison vers une bonne maîtrise du vocabulaire français des affaires, une cinquantaine de personnes y participent. Mais au delà de cet intérêt pour la mercatique relationnelle et prospective des mots d'or, nous nous sommes posée la question de leur impact social, économique et culturel au sein d'une société où la crise économique actuelle peut aussi renforcer la régionalisation de l'économie mondiale.

Impact social et économique

La société française est aujourd'hui très diversifiée et plurielle. Des gens venus de différents continents composent ce pluralisme qui est un composant conséquent. Au 1er janvier 2008 la population française (y compris les Dom) compte 63,8 millions de personnes dont 51,4% de femmes. Les femmes ont de meilleurs résultats scolaires que les hommes mais leur situation sur le marché du travail est moins favorable d'où cette recherche d'augmenter leur chance dans la compétition. Pour les femmes non francophones, cette rivalité se retrouve aussi sur le terrain du savoir et le fait de mieux connaître la langue et le vocabulaire du français des affaires est nécessaire. Dans la rédaction de leur curriculum vitae, dans la rubrique formation professionnelle, la mention connaissance de la langue française parlée et écrite est un atout considérable. Les candidates qui maîtrisent l'orthographe et la terminologie du français des affaires sont plus avantagées auprès des entreprises qui recrutent. Bien que la participation des femmes à la vie économique ait augmenté de façon significative au cours du temps, leur représentation au niveau des postes clés dans le public comme dans le privé reste bien en deçà de celle des hommes.

Alors, quel est l'impact social et /ou économique de ces mots d'or sur les non francophones dans le marché du travail, dans les régions traversées et/ou habitées ? Comment le pays d'accueil va-t-il donner une nouvelle impulsion à la réalité de la cohésion sociale et l'égalité des chances à celles et ceux qui, aujourd'hui forment sa diversité ? Or, la désignation de non francophone en son fort intérieur revêt des réalités très différentes telles celles des étudiants de passage dans les universités et grandes écoles, saisonniers en transhumance dans les vignobles, clandestins, sans papiers, réfugiés en quête de statut, migrants économiques, regroupements familiaux, réfugiés des guerres contemporaines, salariés étrangers aspirant au retour au pays d'origine. Par ailleurs, pouvons- nous comme M.Bernard Cerquiglini affirmer que le dialogue, le commerce des langues, le pluralisme sont l'avenir de la francophonie?

Impact culturel

Des mots pour demain. en 2009, la Semaine de la langue française nous les livre pour refléter la capacité de la langue française à s'adapter aux réalités du monde de demain : pérenne, génome, désirer, transformer, capteur, compatible, clic, vision, clair de terre, ailleurs. Ces mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d'eux, inclinent vers cette interrogation : mais que savent-ils de nous et qu'ignorons-nous d'eux ? Si nous désirons transformer le clair de Terre et lui donner une vision pérenne d'un génome, nous hypothèquerons le clic du capteur compatible, ailleurs. À l'heure où tout est accessible sur la Toile, est-ce bien ce que nous voulons? Et que pourrons nous ignorer de plus de la puissance de ces mots adaptés à la mouvance de la mondialisation de cet ailleurs. Et à défaut de pouvoir tous les anticiper, il faudra bien que nous soyons capables de les traiter. Alors, comment procéder à la thérapeutique du génome lorsque la dioxine, ce produit chimique, y a installé sa toxicité? Même le clic puis le déclic dans l'intelligence des femmes et des hommes de sciences ne pourront nous divulguer qu'une hybridation de leur imaginaire. Sommes nous pour autant résignés au senseur concevable pour ne pas exiger du "pollueur" à payer et à indemniser les victimes de l'agent orange/dioxine? Sans rentrer dans les débats et ambivalences engagés lors des conférences internationales concernant l'impact de la dioxine dans la santé humaine et dans l'environnement au Vietnam, nous pouvons nous placer dans la pérennité du droit de vivre en soutenant la venue d'un "tribunal international d'opinion", tel le Tribunal Russell qui a siégé pour la première fois sous la présidence de Jean-Paul Sartre à Stockholm en 1967, sur l'agression du gouvernement états-unien à l'encontre du peuple vietnamien. Ce tribunal né de la volonté d'intellectuels révoltés par l'impunité intolérable des États-Unis dans la guerre du Vietnam (Bertrand Russell, Lelio Basso, Guenther Anders, Jean-Paul Sartre, James Baldwin, Simone de Beauvoir, Lazaro Cardenas, Stokely Carmichael, Isaac Deutscher, Gisèle Halimi, Laurent Schwartz, ...), a eu pour objet de prononcer un jugement moral (tribunal des consciences) dans les cas où les lois en vigueur n'acceptant pas de procès et de jugements normatifs. Le Tribunal Russell sur le Vietnam a eu un impact important dans l'opinion publique internationale en produisant un travail d'expertise rigoureux sur les crimes de guerre commis par les USA et en s'appuyant sur une médiatisation forte, grâce à l'appui de personnalités intellectuelles et artistiques reconnues et respectées.

L'aguichage devient ce procédé de mobilisation de la conscience des femmes et des hommes à la longue lutte pour l'édification et la consolidation du droit international à sortir du placard car nous sommes les dépositaires de ce droit que des générations ont aidé à élaborer pour être l'expression de valeurs humaines et universelles. Les générations futures nous jugeront sur l'état dans lequel nous lèguerons ce droit. Lors de la conférence internationale des 11-13 décembre 2008 en célébrant le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, des juristes démocrates ont démontré que le droit international ne peut être un instrument de la politique de 2 poids 2 mesures. Sa crédibilité repose sur le fait que son respect s'impose quelque soit l'identité de ceux qui le violent et celle des victimes de ces violations. La société civile consciente que l'affaiblissement du droit annonce le règne de la violence peut décider d'en être les premiers défenseurs. Le tribunal international d'opinion sur l'agent orange/dioxine qui se tiendra à Paris les 15-16 mai 2009 est un tribunal "civil". Des femmes et des hommes de conscience dans le monde d'ores et déjà sont mobilisés pour mettre en lumière les responsabilités incombant aux pollueurs. Il ne suffit pas de dénoncer la violation du droit, il faut œuvrer pour y mettre un terme.

Néanmoins, les mots nous quémandant de nous placer à l'arrière-plan les ressentiments du passé, se refusant à remettre en cause un ordre politique ou institutionnel, pourraient nous acheminer vers des maux marqués par un degré plus ou moins grand de menace. En conséquence, nous attendons des payeurs une action compensatoire en faveur des victimes d'hier de l'histoire, aujourd'hui survivants et souffrants. Nous ne pourrons dissimuler cette impunité sinon nous deviendrons aussi de mauvais forgerons sachant forger l'enclume de l'injustice.

Enfin, lorsque les difficultés du français, langue parlée et/ou écrite par 56 États et gouvernements membres de l'Organisation internationale de la Francophonie, vont s'amoindrir dans l'espace et le temps, nous irons manger les cerises dans les champs de l'amitié entre les peuples, en toutes saisons.

La dictée des mots d'or serait bienvenue à ces amis d'aillleurs qui nous enrichissent et luttent contre ceux qui la langue flétrissent, en nous apportant ce supplément d'âme qui redonne éclat et vigueur à notre flamme. Seulement, il faudrait souhaiter que cette flamme éclaire des femmes et des hommes des commissions spécialisées de terminologie et de néologie pour trouver des mots d'or équitables pour éclairer le clair de Terre du pollueur-payeur dans le monde en… 2010?

Nguyên Dac Nhu Mai/CVN

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