>>Obama défend sa politique à travers les États-Unis, nation d'immigrants
>>Barack Obama abat ses cartes sur l'immigration
Le président Donald Trump à la Maison Blanche à Washington, le 25 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le sort des quelque 800.000 "Dreamers" qui bénéficient actuellement d'un statut temporaire leur permettant d'étudier et de travailler est désormais extrêmement incertain.
La Maison Blanche a appelé le Congrès à légiférer dans les six mois mais un compromis sur l'immigration, sujet qui divise Washington depuis des décennies, est loin d'être acquis.
Le président Donald Trump n'a pas immédiatement pris la parole pour expliquer son choix mais insisté dans un communiqué sur la nécessité de donner "la priorité" aux travailleurs américains, thématique centrale de sa campagne électorale. "Nous devons nous rappeler que les jeunes Américains ont aussi des rêves", a-t-il lancé en référence au surnom donné aux bénéficiaires de ce programme.
Assurant quelques heures plus tard depuis le Bureau ovale qu'il avait "beaucoup d'amour" pour ces jeunes, il a renvoyé la balle dans le camp du Congrès.
À compter de ce jour, aucune nouvelle demande ne sera examinée. Les permis existants, qui portent sur une durée de deux ans, resteront en revanche valables jusqu'à leur expiration, date à laquelle leurs détenteurs n'auront plus le droit de travailler et pourront théoriquement être expulsés.
La décision a immédiatement provoqué une cascade de réactions indignées, dans le camp démocrate bien sûr, mais aussi chez certains républicains, dans le monde de l'entreprise et au-delà des frontières américaines.
Le Mexique, dont sont originaires l'écrasante majorité des enfants et jeunes adultes concernés, a exprimé sa vive inquiétude, réclamant une solution "rapide" pour mettre fin à l'incertitude juridique dans laquelle ces derniers se trouveront dans les mois à venir.
«Triste journée»
"C'est une triste journée pour notre pays", a lancé Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook. Microsoft a dit être déçu par cette décision qu'il considère comme "un recul pour le pays tout entier".
Fait rare, Barack Obama est sorti du silence qu'il s'est imposé depuis son départ de la Maison Blanche pour dénoncer une décision "contre-productive" et "cruelle" pour "ces enfants qui étudient dans nos écoles, ces jeunes adultes qui débutent leur vie professionnelle".
"In fine, c'est une question de décence élémentaire. Il s'agit de savoir qui nous sommes et qui nous souhaitons être", a-t-il lancé.
En l'absence d'avancées législatives, ce dernier avait mis en place en 2012 par décret le programme Daca (Deferred Action for Childhood Arrivals) afin de faire sortir de l'ombre les enfants arrivés illégalement aux États-Unis avec leurs parents, pour la plupart en provenance d'Amérique latine.
Dénonçant la décision prise de manière "unilatérale" par l'ancien président démocrate, le ministre de la Justice, Jeff Sessions, a estimé mardi 5 septembre qu'elle avait en particulier "privé d'emploi des centaines de milliers d'Américains en permettant que ces emplois soient occupés par des immigrants illégaux".
"Nous ne pouvons accepter tous ceux qui voudraient venir ici, c'est aussi simple que cela", a-t-il déclaré.
«New York se battra»
Quelques centaines de personnes s'étaient rassemblées devant la Maison Blanche pour dénoncer, selon les termes de Gustavo Torres, responsable d'une ONG, une mesure qui punit des jeunes qui "sont là depuis des années, travaillent, paient leurs impôts et contribuent à l'économie".
Une grande partie du monde des affaires, en particulier dans la Silicon Valley, était vent debout contre une remise en cause de ce décret qui offre aux jeunes arrivés sur le territoire américain avant 16 ans et n'ayant pas d'antécédents judiciaires l'équivalent d'un permis de séjour d'une validité de deux ans, renouvelable.
"New York se battra pour défendre nos Dreamers", a lancé le maire de la ville Bill de Blasio.
Deux sénateurs, l'un républicain, Lindsey Graham, l'autre démocrate, Dick Durbin, ont tenu une conférence de presse commune pour réclamer que le débat sur ce thème débute le plus tôt possible.
"Il n'est pas possible que ces enfants soient les victimes d'un processus politique dysfonctionnel", a martelé M. Graham, soulignant la nécessité d'agir vite pour éviter d'aboutir à l'expulsion de ces jeunes "rêveurs", dont le surnom fait référence au Dream Act, projet de loi de réforme de l'immigration n'ayant jamais abouti.