L'immigration sera sans aucun doute le point le plus sensible du sommet, alors que MM. Berlusconi et Sarkozy doivent tous deux faire face à des partis anti-immigrés en position de force : le Front national de Marine Le Pen en France et la Ligue du Nord en Italie.
Le 17 avril, Paris avait suscité la colère de Rome en suspendant la circulation des trains depuis la ville frontalière italienne de Vintimille vers le Sud-Est de la France, estimant qu'un train avec à bord des manifestants voulant accompagner des immigrés tunisiens posait un risque de trouble à l'ordre public.
La France, de son côté, est irritée par l'Italie qui a décidé d'octroyer des permis de séjour de six mois aux plus de 20.000 Tunisiens arrivés sur ses côtes depuis janvier pour qu'ils puissent rejoindre "amis et parents" en France et ailleurs en Europe.
"Berlusconi et Sarkozy vont sans doute jouer l'apaisement de ce côté-là" , estime Jean-Pierre Darnis, de l'Institut des affaires internationales de Rome, dans un entretien. "La France et l'Italie ont seulement eu des interprétations différentes" des accords de Schengen sur la libre circulation en Europe, relativise-t-il.
En outre, "l'accord italo-tunisien (pour aider Tunis à combattre l'immigration clandestine) conclu le 5 avril marche plutôt bien et le flux est en train de se tarir à la source" , assure-t-il.
Le 8 avril à Milan, une réunion entre les ministres français et italien de l'Intérieur était déjà censée avoir aplani les désaccords entre les deux pays, mais cette entente de façade avait fait long feu.
C'est pourquoi "il faut rétablir le dialogue au plus niveau pour ne pas laisser s'étendre la crise" , affirme M. Darnis, qui prévoit "un sommet bilatéral très politique" .
Autre point de friction entre les deux capitales : la Libye, où la position en pointe de la France a indisposé l'Italie, ex-puissance coloniale qui y dispose d'importants intérêts économiques notamment énergétiques (groupe Eni).
Enfin, MM. Sarkozy et Berlusconi devraient aborder le "problème" de la campagne d'acquisitions de groupes français dans la péninsule : au grand dam des Italiens, LVMH s'est emparé de Bulgari et le groupe laitier Lactalis est parti à l'assaut du géant local Parmalat. "Sur la souveraineté économique, les deux parties devraient réaffirmer des principes de base sur le fait que l'État ne doit pas se mêler (des activités) du marché et devraient tourner la page de Parmalat" , juge Jean-Pierre Darnis.
AFP/VNA/CVN