Le président français François Hollande s'adresse aux |
"Tout doit être fait pour accueillir rapidement et efficacement les investissements venus de l'étranger", a lancé le président français.
Il s'exprimait devant une trentaine de grands patrons étrangers (Volvo, Bosch, Siemens, Samsung, Intel, Nestlé ou General Electric), mais aussi de responsables de fonds d'investissement koweïtien, qatari et chinois, réunis sous les ors de l'Élysée pour un "Conseil stratégique de l'attractivité".
Le chef de l'État, qui leur a donné rendez-vous dans six mois pour "juger" de ses réformes, a promis une nouvelle fois "d'harmoniser" la fiscalité française sur les entreprises avec celles de ses "principaux voisins européens" et notamment celle de l'Allemagne "à l'horizon 2020".
Mais les attentes de ces investisseurs à l'égard de la France pourraient être plus immédiates, avec une taxe à 75% sur les plus hauts revenus qui a fait figure d'épouvantail et un impôt sur les sociétés qui pourra atteindre cette année un taux record en Europe de 38%.
Vantant les mérites de son "pacte de responsabilité" qui doit se traduire par des créations d'emplois en échange d'un allègement du coût du travail, François Hollande a cependant souligné qu'il devait conduire aussi à davantage de "visibilité sur la trajectoire fiscale" des entreprises.
Dès à présent, le chef de l'État a annoncé ou confirmé toute une série de mesures techniques comme la fusion de l'Agence française des investissements internationaux (AFII) et d'UbiFrance, organisme chargé de la promotion des entreprises françaises à l'étranger, des aides à l'implantation de start-ups étrangères ou une simplification administrative et douanière.
François Hollande a également confirmé la création d'un "passeport talent" pour "mieux recevoir les innovateurs et les créateurs", et promis des délais d'obtention de visas pour les hommes d'affaires "réduits à 48 heures" contre plusieurs semaines aujourd'hui.
La France, a-t-il souligné, n'a "pas peur" des investissements étrangers et "pas peur de s'ouvrir au monde", elle n'entend pas "se protéger", considérant "même que la mobilité des investissements - français à l'étranger, étrangers en France - fait partie de la réussite d'un pays".
Investissements étrangers : - 77%
Cet appel, a encore insisté François Hollande, vaut tout particulièrement pour les investisseurs issus des pays émergents qui, a-t-il déploré, ne représenteront encore "que 10% des décisions d'investissements" étrangers cette année en France.
"La première condition si on veut attirer (les capitaux), c'est d'être séduisant", relève-t-on dans l'entourage du chef de l'État. Mais encore faut-il les convaincre de cette mutation du "site France".
"La France est très chère", a réagi sur le perron de l'Élysée, Victoria Mars, présidente du conseil d'administration de la célèbre marque américaine de barres chocolatées, évoquant un coût de travail élevé tout en se disant "confiante" dans l'amélioration du climat des affaires dans l'Hexagone.
De son côté, Ernst Lemberger, président de la société d'investissement autrichienne Ventana, a salué un gouvernement français qui a "vraiment pris la mesure de ce qui est à faire pour redresser la capacité productive" de la France, mais il attend désormais des mesures "concrètes".
Récemment encore, le cabinet Ernst and Young déplorait qu'elle émette plutôt des "signaux défensifs voire répulsifs qui préoccupent entrepreneurs et décideurs", quand l'Allemagne et le Royaume-Uni, au contraire, sont "mieux ancrés dans la mondialisation, jugés plus flexibles et plus compétitifs".
Pour preuve: dans un appel publié le 19 décembre par le quotidien économique Les Echos, plus de 50 dirigeants de filiales étrangères installées en France (Coca-Cola, GE, Siemens, HP, Adecco...) avaient fait part de leurs difficultés croissantes à convaincre leurs maisons mères d'investir en France.
Conséquence, selon la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) : les investissements directs étrangers se sont effondrés de 77% en France l'an dernier alors qu'ils ont quintuplé vers l'Allemagne.
À l'Élysée, on préfère retenir les chiffres de l'AFII qui font état de 685 "décisions" d'investissement prises par des entreprises étrangères en 2013, soit sensiblement autant que les 693 de l'année précédente. Le nombre de créations d'emplois induites a ainsi frôlé les 30.000 l'an dernier, soit près de 4.000 de plus qu'en 2012.
AFP/VNA/CVN