Jocelerme Privert au Parlement haïtien lors de son élection au poste de président provisoire, à Port-au-Prince le 13 février 2016.
Le premier tour de scrutin n'a pas permis de départager Jocelerme Privert d'Edgard Leblanc Fils, un ancien président du sénat, mais le second vote, tenu après 3h du matin, lui a offert une large majorité sur son concurrent, avec les votes favorables de 64 députés sur 92 et de 13 des 22 sénateurs présents à la séance marathon. Dejean Belizaire, le troisième prétendant au poste de président provisoire, n'a reçu le vote que de deux députés.
Après lecture de sa lettre de démission de son poste de sénateur, Jocelerme Privert a prêté serment sur la Constitution. Jocelerme Privert a pour mission d'achever le processus électoral qui a été interrompu en raison des larges contestations de l'opposition qui dénonçait un "coup d'état électoral" fomenté par Michel Martelly.
Au premier tour du scrutin présidentiel le 25 octobre, le candidat du pouvoir, Jovenel Moïse, avait recueilli 32,76% des voix, contre 25,29% pour Jude Célestin, qui a qualifié ces scores de "farce ridicule".
Si l'élection du chef d'état intérimaire sort Haïti de l'incertitude causée par le vide du pouvoir, la tenue, en moins de quatre mois, des scrutins reportés (le second tour de la présidentielles et des législatives partielles) s'annonce compliquée pour le pays de la Caraïbe.
Le conseil électoral provisoire (CEP), l'administration en charge de l'organisation des scrutins, doit être recomposé car six de ses neuf membres ont démissionné. Et former un CEP a toujours été l'occasion de tensions au sein de la classe politique haïtienne, l'opposition accusant toujours le pouvoir exécutif d'ingérence.
L'argent est l'autre handicap: le processus électoral, encore inachevé, a déjà coûté 100 millions de dollars, majoritairement financés par la communauté internationale.