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Le chef de la diplomatie américaine John Kerry (droite) et son homologue russe Sergueï Lavrov, le 11 février à Munich. |
À l'issue de cinq heures d'intenses négociations à Munich (Allemagne), les deux pays et leurs principaux alliés ont aussi décidé un accès accru et "immédiat" de l'aide humanitaire aux civils en détresse.
"Nous avons convenu d'une cessation des hostilités dans tout le pays dans un délai d'une semaine", a déclaré le chef de la diplomatie américaine John Kerry à l'issue de la réunion du Groupe international de soutien à la Syrie (ISSG). "Les résultats seront mesurés par ce qui se passera sur le terrain (...) pas sur les mots qui sont sur un bout de papier ce soir", a-t-il mis en garde.
Son homologue russe Sergueï Lavrov a jugé que c'était au gouvernement et à l'opposition syrienne "de prendre les mesures nécessaires". "Nous devrons probablement user de notre influence sur les parties", a-t-il dit.
Les États-Unis et la Russie vont piloter les "modalités" de mise en œuvre de cette cessation des hostilités, a précisé M. Lavrov, en notant que c'était le premier pas vers un cessez-le-feu plus permanent.
Les Occidentaux demandaient instamment l'arrêt de la campagne de raids aériens russes qui accompagnent depuis dix jours une vaste offensive du régime contre les rebelles à Alep (Nord).
L'arrêt des hostilités concernera toutes les parties au conflit à l'exception des "groupes terroristes Daech (acronyme du groupe État islamique en arabe) et Al-Nosra (Al-Qaïda)", ont précisé les ministres.
Les Occidentaux soutiennent l'opposition dite modérée, notamment l'Armée syrienne libre (ASL), première victime des bombes russes ces derniers jours.
Réunion vendredi 12 février à Genève"Nous avons aussi convenu d'accélérer et d'élargir la fourniture d'aide humanitaire dès à présent" à une série de villes assiégées, a ajouté John Kerry, en citant entre autres Deir Ezzor (Est), où les forces loyalistes sont assiégées par le groupe État islamique.
Un groupe de travail piloté par l'ONU va se réunir dès vendredi 12 février à Genève pour mettre en œuvre ce volet humanitaire et fera des "compte-rendus hebdomadaires", a-t-il précisé.
Les négociations intersyriennes, suspendues début février en raison d'une offensive du régime appuyée par l'aviation russe sur les rebelles, doivent par ailleurs "reprendre dès que possible", a dit M. Kerry.
Ces négociations doivent avoir lieu "sans ultimatums et préconditions", a souligné Sergueï Lavrov. Moscou refuse notamment de faire du départ de Bachar al-Assad un préalable alors que les Occidentaux continuent d'affirmer qu'avec lui une solution durable en Syrie est impossible.
L'opposition syrienne réclamait des signes concrets humanitaires et l'arrêt des bombardements avant de reprendre ces négociations reportées pour le moment au 25 février.
Intensifier la lutte contre l'EI
L'accord de Munich est intervenu non sans mal sur fond de défiance mutuelle et de mise en garde contre une guerre mondiale."Toutes les parties doivent être contraintes de s'asseoir à la table de négociations plutôt que de déclencher une nouvelle guerre mondiale", a averti le Premier ministre Dmitri Medvedev dans une interview au quotidien allemand Handelsblatt.
Depuis le 1er février, Damas, appuyé par les bombardiers russes, mène une offensive contre la deuxième ville du pays, Alep (Nord), qui a pris en étau les rebelles cantonnés dans les quartiers est.
Quelque 60.000 personnes ont été déplacées par les combats dans la région, selon M. Kerry, pour beaucoup vers la frontière turque, tandis que 350.000 civils restent coincés au côté des rebelles.
Sur le terrain, les forces du régime ont encore avancé jeudi 11 février vers Tall Rifaat, un des bastions les plus importants de l'insurrection dans la région d'Alep, au prix de violents combats, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
La Russie a annoncé avoir procédé à 510 sorties aériennes pour frapper 1.888 "cibles terroristes" entre le 4 et le 11 février, assurant notamment avoir tué deux commandants rebelles dans la province d'Alep.
À Bruxelles, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a appelé la coalition anti-EI à redoubler d'efforts en Irak et Syrie pour engranger rapidement "des gains tangibles". L'OTAN "explore la possibilité" de rejoindre la coalition, a-t-il également ajouté.
AFP/VNA/CVN