Hà Thanh et Hà Thanh, les deux font la paire

Même s’ils n’ont aucun lien de parenté, les Hà Thanh - la première prénommée Phan et le second, un homme, Nguyên - sont les fers de lance actuels de la gymnastique artistique vietnamienne, qu’ils font briller au plus haut niveau.

La gymnaste Phan Thi Hà Thanh dans ses œuvres.


La gymnastique artistique fait partie des disciplines les plus exigeantes et traumatisantes sur le plan physique. Et plus on avance en âge, plus le corps se raidit, avec pour conséquence une perte de souplesse, essentielle pour le gymnaste. Phan Thi Hà Thanh semble ne pas être concernée par cette loi physique pourtant belle et bien établie, elle qui, à 22 ans, est aujourd’hui au top de sa carrière.
À première vue, difficile d’imaginer que cette femme de poche (1m55) au visage radieux et d’une douceur incroyable est une star de la gymnastique artistique mondiale. Née en 1991 dans la ville portuaire de Hai Phong (Nord), elle commence la gymnastique à l’âge de six ans, et sera la première Vietnamienne à remporter une médaille de bronze aux Championnats du monde en 2011 et une médaille d’or aux Championnats d’Asie l’année suivante. Et en mars 2013, elle monte sur la plus haute marche du podium au tournoi World Challenge Cup à Doha (au Qatar), agrès saut de cheval.

Première médaille d’or de la «petite nouvelle»

Petit retour en arrière. Phan Thi Hà Thanh fait ses débuts professionnels aux SEA Games 23, en 2005 aux Philippines, édition lors de laquelle les gymnastes vietnamiens font une véritable razzia. La «petite nouvelle» sort de l’ombre de sa «grande sœur», Dô Thi Ngân Thuong, née en 1989 et alors égérie de la sélection nationale (sept médailles d’or aux SEA Games - Jeux sportifs d’Asie du Sud-Est, une qualification aux JO de Pékin 2008, ndlr), en remportant une médaille d’or à 14 ans seulement. Il faut ensuite attendre quatre ans pour la retrouver sur un podium international, aux Championnats d’Asie où elle récolte le bronze. En 2010, elle décroche l’argent au saut de cheval lors de l’étape portugaise de la Coupe du monde. En octobre 2011, dans le cadre des Championnats du monde au Japon, Phan Thi Hà Thanh obtient le bronze à la surprise générale (toujours au saut de chaval) qui lui vaut une qualification directe pour les JO 2012 de Londres. Même si elle revient sans médaille, elle fait parler d’elle en réalisant un double salto en l’air (720°). Une acrobatie difficile qui lui vaut les louanges de la presse sportive étrangère.
Élue meilleure sportive du pays deux années consécutives - 2011 et 2012 -, le Comité populaire de Hai Phong décide de lui délivrer un terrain de plus de 90 m² récompensant ses grandes contributions au sport national.
Maintenant, à 22 ans, elle sait qu’elle est au crépuscule de sa carrière. Une motivation supplémentaire pour tout donner en vue des prochaines grandes échéances internationales avant de raccrocher, la sensation du travail bien fait.
Enfin l’heure de Nguyên Hà Thanh
Si Phan Thi Hà Thanh, «la fille en or de la gymnastique nationale» est aujourd’hui une célébrité au Vietnam, son - presque - homonyme Nguyên Hà Thanh commence tout juste à sortir de l’ombre. Il faut dire qu’en 17 ans de carrière, le jeune homme n’a pas été épargné par les pépins physiques, à tel point d’être affublé du sobriquet de «roi des blessures». Son corps l’ayant enfin laissé tranquille, il a pu récemment montrer à tous son réel potentiel.

Le gymnaste Nguyên Hà Thanh.
Photo : TDTTHN/CVN

Appelé dans la sélection nationale depuis de longues années, Nguyên Hà Thanh a le don, cinq ans durant, de se blesser au seuil des compétitions. Une malchance qui lui fait manquer de grandes compétitions internationales. En 2011, désespéré, il décide que s’il est blessé à nouveau, il mettra un terme à sa carrière professionnelle pour rejoindre les bancs de l’université. C’était aux championnats du monde. Si Dieu - ou quelque autre divinité - existe, il l’a entendu puisque les blessures l’épargnent depuis. Aux SEA Games 26 en 2011 en Indonésie, Nguyên Hà Thanh décroche une médaille d’or. Un résultat qui ressemble à une véritable rampe de lancement, puisque l’année suivante, il remporte l’or au saut de cheval lors de la manche tchèque de la Coupe du monde et l’argent aux barres parallèles. Selon Nguyên Kim Lan, chef de la gymnastique artistique du Département de l’éducation physique et des sports : «Cette performance est admirable. Il a de quoi être fier !».
Plus récemment, à la mi-mars, le gymnaste a de nouveau décroché une médaille d’or et une d’argent à deux tournois - en France et en Allemagne - appartenant au World Challenge Cup aux barres parallèles et au saut de cheval, en présence des meilleurs gymnastes de la planète.
Gymnaste à plein temps depuis sa plus tendre enfance, il est emmené à 7 ans en Chine pour s’entraîner. Loin du cocon familial, il trouve un peu de réconfort en la présence de son camarade Phuoc Hung, son partenaire de toujours. Tous deux sont inséparables et se considèrent comme des frères.
Nguyên Hà Thanh ne regrette pas tous ces sacrifices : «Ce n’est pas moi qui ait choisi de faire une carrière dans la gymnastique artistique mais la gymnastique qui m’a choisi. Malgré la sueur, la douleur et les larmes, ma seule aspiration est de hisser haut les couleurs de mon pays : le Vietnam». Pari d’ores et déjà réussi !

Diêu An/CVN

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