>> Euros de gym : les Italiennes sacrées par équipe, les Françaises 3es
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Des gymnastes lors des Jeux olympiques 2024 de Paris, le 9 août dernier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le licenciement, annoncé le 26 mars, marque un tournant. Officiellement motivé par la volonté d’ouvrir un "nouveau cycle" en vue des JO 2028, il intervient surtout après les dénonciations de Nina Corradini et Anna Basta, anciennes espoirs de l’équipe nationale. "Je pense que tout ce qu’on a fait a eu un rôle important", estime Corradini, vice-championne d’Europe juniors 2017. "Ce n’est pas une revanche, mais une chance pour les jeunes d’avoir une expérience différente".
Derrière les médailles, le quotidien à Desio, centre national d’entraînement près de Milan, était dur. Durant près de 30 ans, Maccarani y imposait une discipline rigide : journées commencées par des pesées collectives, moqueries et insultes pour celles qui avaient pris du poids. "Tu ressembles à un petit cochon", "Comment peux-tu te regarder dans un miroir ?", lançaient Maccarani ou son adjointe Olga Tishina.
Isolées de leurs familles, les jeunes gymnastes vivaient sous pression. Certaines ont développé des troubles alimentaires ou des pensées suicidaires. Corradini a fini par craquer. "C’était comme vivre dans une bulle, tout semblait normal, mais il n’y avait pas d’échappatoire", se souvient-elle.
Son témoignage, publié en octobre 2022, a ouvert la voie à une enquête judiciaire à Monza. Des écoutes téléphoniques révèlent des propos sexistes, des moqueries, et même des accusations graves envers une autre entraîneuse, Julieta Cantaluppi, suspectée d’avoir forcé des gymnastes à se déshabiller en cas d’erreur. Mais plusieurs athlètes, dont Sofia Raffaeli (médaillée olympique), ont défendu Cantaluppi, tout comme Corradini : "J’ai travaillé avec elle, rien de tout cela n’est vrai. Elle n’a rien à voir avec Maccarani".
Malgré un simple avertissement infligé à Maccarani par la justice sportive en 2023, l’affaire a mis en lumière des pratiques longtemps tolérées. Pour Daniela Simonetti, fondatrice de l’association ChangeTheGame, "c’est l’image d’une fédération où tout le monde se couvrait. Il faut repartir de zéro".
La FGI, par la voix d’un de ses cadres, affirme vouloir "tourner la page". Corradini, aujourd’hui étudiante en psychologie, espère un changement profond : "Les entraîneurs doivent apprendre à déléguer. Une fille en souffrance psychologique doit voir un psy, une autre en difficulté avec son poids, un nutritionniste. Les entraîneuses ne savent pas tout".
AFP/VNA/CVN