>>Aucun citoyen vietnamien n'est touché par l'attaque terroriste en Afghanistan
>>Une quarantaine de morts et 150 disparus en Afghanistan
Le président Joe Biden à la Maison Blanche le 31 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Je suis convaincu que c'est la bonne décision, une sage décision, et la meilleure décision pour l'Amérique", a affirmé d'un ton ferme un Joe Biden néanmoins très critiqué par l'opposition républicaine, lors d'un discours depuis la Maison Blanche.
Selon lui, les États-Unis avaient le choix entre "le départ ou l'escalade" militaire dans la plus longue guerre américaine, après l'accord passé par son prédécesseur Donald Trump avec les talibans.
"Nous n'en avons pas fini avec vous", a-t-il lancé à l'adresse du groupe jihadiste État islamique au Khorasan, qui a revendiqué l'attentat ayant fait plus de cent morts dont 13 soldats américains la semaine dernière à l'aéroport de Kaboul et été la cible de frappes américaines depuis.
À Kaboul, des coups de feu victorieux avaient éclaté à l'annonce du retrait final de l'armée américaine, salué comme un succès "historique" par les talibans, revenus au pouvoir le 15 août.
Les Américains étaient entrés en Afghanistan en 2001, à la tête d'une coalition internationale, pour chasser du pouvoir les talibans en raison de leur refus de livrer le chef d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.
"Félicitations à l'Afghanistan (...) Cette victoire est la nôtre à tous", a déclaré mardi matin le principal porte-parole taliban, Zabihullah Mujahid, à l'aéroport de Kaboul.
À Kandahar (Sud) aussi, au cœur du pays pachtoune, ethnie dont sont issus nombre de talibans, des cris de joie ont résonné. "Nous avons défait la superpuissance. L'Afghanistan est le cimetière des superpuissances", ont scandé des hommes armés, en tenue traditionnelle.
123.000 évacués
Les États-Unis déplorent quelque 2.500 morts et une facture de 2.313 milliards d'USD en 20 ans, selon une étude de la Brown University. Leur image est encore plus écornée par leur incapacité à prévoir la rapidité de la victoire talibane et par leur gestion des évacuations.
Le retour des islamistes au pouvoir avait obligé les Occidentaux à évacuer leurs ressortissants, mais aussi les Afghans susceptibles de subir des représailles, notamment pour avoir travaillé pour les forces étrangères.
Ces opérations risquées ont été endeuillées le 26 août par un attentat-suicide qui a fait plus d'une centaine de morts, dont 13 soldats américains. L'attaque a été revendiquée par le groupe jihadiste État islamique au Khorasan (EI-K), qui devrait rester une menace à l'avenir.
Le président Joe Biden a néanmoins salué mardi "l'extraordinaire succès" de la mission d'évacuation, affichant sa détermination à faire sortir d'Afghanistan les derniers Américains qui souhaitent partir. Plus de 123.000 civils ont été évacués depuis le 14 août, selon le Pentagone.
Mardi 31 août, le Qatar a demandé aux talibans de s'engager dans la lutte contre le "terrorisme" et de former un gouvernement "inclusif".
"Nous avons souligné l'importance de la coopération pour combattre le terrorisme", a déclaré le chef de la diplomatie qatarie Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, lors d'une conférence de presse avec son homologue allemand. Le Qatar avait joué le rôle de médiateur dans le processus de paix entre le gouvernement afghan et les talibans, avant leur retour au pouvoir.
Crainte d'un retour en arrière
Depuis leur retour au pouvoir, les talibans se sont efforcés d'afficher une image d'ouverture et de modération, qui laisse néanmoins sceptiques de nombreux observateurs.
Lors de leur précédent passage au pouvoir entre 1996 et 2001, ils avaient imposé une version ultrarigoriste de la loi islamique.
"Nous voulons avoir de bonnes relations avec les États-Unis et le monde", a répété mardi 31 août Zabihullah Mujahid. Les États-Unis sont prêts à "travailler" avec les talibans, mais "la légitimité et le soutien doivent se mériter", avait prévenu lundi 30 août Antony Blinken.
Les activités diplomatiques et consulaires américaines ont été transférées de Kaboul vers Doha, au Qatar.
Comme le reste du monde, Washington regardera attentivement dans les prochains jours ce que les talibans feront à l'aéroport de Kaboul, et notamment s'ils laisseront les Afghans circuler librement vers l'étranger comme ils l'ont promis.
Cet aéroport est d'une "importance existentielle" pour l'Afghanistan, pour faire transiter le soutien médical et humanitaire dont le pays a absolument besoin, a estimé mardi la chancelière allemande, Angela Merkel.
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a jugé lui aussi "essentiel" de garder ouvert l'aéroport de Kaboul et a promis de ne pas oublier ceux qui cherchent à fuir le régime taliban en Afghanistan.
Beaucoup d'Afghans et d'Occidentaux craignent un retour en arrière sur les droits humains acquis ces 20 dernières années, notamment pour les femmes, qui ont accédé à l'éducation, sont entrées en politique ou dans les médias.
Les islamistes ont promis de ne pas se venger de ceux ayant travaillé pour le gouvernement précédent et ont assuré qu'ils œuvreraient à la formation d'un gouvernement ouvert à d'autres factions.
"L’Émirat islamique a mené le jihad ces 20 dernières années. Maintenant, il a tous les droits de diriger le prochain gouvernement. Mais il reste engagé à former un gouvernement inclusif", a répété M. Mujahid. Pékin a annoncé en attendre la composition pour se prononcer sur une éventuelle reconnaissance.
Le défi le plus urgent des nouveaux maîtres de l'Afghanistan sera de trouver les fonds pour verser les salaires des fonctionnaires et maintenir en état de marche les infrastructures vitales (eau, électricité, communications).
Les talibans ont reproché aux Occidentaux d'avoir emmené avec eux certains des Afghans les plus éduqués et qualifiés. Ils doivent maintenant s'atteler sans eux à une tâche gigantesque : remettre sur pied un pays et une économie dévastés par la guerre.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a d'ores et déjà mis en garde mardi contre "une catastrophe humanitaire" en Afghanistan, et réclamé des fonds pour ce pays.
"Une catastrophe humanitaire se profile", a-t-il souligné, en évoquant "l'aggravation de la crise humanitaire et économique" et "la menace d'un effondrement total des services de base".
AFP/VNA/CVN