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Après plusieurs nuits de manifestations rassemblant des centaines d'agents à Paris, en banlieue et en province, les policiers ont obtenu des gages qui n'ont toutefois pas réussi à faire retomber la colère, deux semaines après l'attaque aux cocktails Molotov qui a blessé quatre de leurs collègues à Viry-Châtillon (Essonne), dont l'un, grièvement brûlé, est toujours hospitalisé.
Un drapeau français marqué "Citoyens avec la police" pendant un rassemblement de policiers devant Notre-Dame de Paris, le 21 octobre 2016, pour protester contre les violences dont ils font l'objet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'enquête sur cette agression a été confiée à deux juges dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour "tentatives de meurtres sur personnes dépositaires de l'autorité publique commises en bande organisée" et "participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime".
Environ 200 policiers ont manifesté vendredi 21 octobre à la mi-journée à Lille devant la préfecture, pour la première fois depuis le début du mouvement de colère. À Marseille, ils étaient à nouveau plus de 100 dans la journée, ou encore 150 à Grenoble
Pour la cinquième soirée consécutive à Paris, après la Tour Eiffel et les Champs-Elysées notamment, quelques centaines de policiers se sont rassemblés cette fois sur le parvis de Notre-Dame. "Arrêtez la politique du chiffre, on veut des effectifs", "Policiers en colère, citoyens solidaires", ont notamment scandé les fonctionnaires.
Après avoir rallié l'Hôtel de ville, le cortège a remonté la rue de Rivoli à contre-sens parmi les voitures en criant "Citoyens avec nous !", a constaté une journaliste de l'AFP. La manifestation a pris fin vers 01h00 du matin.
D'autres rassemblements en soirée ont eu lieu à Marseille et Calais.
"Vous demandez des moyens, nous vous les donnons. Vous demandez du soutien, il vous est acquis", a assuré le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve dans une lettre envoyée vendredi 21 octobre aux policiers, affirmant mesurer les conditions "éprouvantes" dans lesquelles ils travaillent.
Débordés par leur base, les syndicats doivent rencontrer François Hollande "en début de semaine", a annoncé le président de la République.
Une intersyndicale a appelé à des "rassemblements silencieux devant les palais de justice" tous les mardis de 13h00 à 13h30. Elle demande un assouplissement des règles de la légitime défense et la "mise en place de peines plancher pour les agresseurs de membres des forces de l'ordre et services de secours", créées sous la droite et abrogées sous François Hollande.
Signes de tiraillements entre syndicats, l'intersyndicale ne participera pas à la "marche de la colère citoyenne" prévue mercredi 26 octobre par une autre organisation, Unité-Police SGP-FO (deuxième syndicat des gardiens de la paix).
"Manque d'informations"
Des policiers rassemblés marchent vers Notre-Dame de Paris, le 21 octobre 2016, pour protester contre les violences dont ils font l'objet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Jeudi 20 octobre, le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, accusé par le Syndicat de la Magistrature de se comporter en "ministre de la police", a promis "la plus grande fermeté" pour les agresseurs et refusé de rétablir les peines plancher. Les critiques des policiers contre la justice relèvent d'un "manque d'informations", a estimé M. Urvoas, qui s'est engagé à les informer des suites judiciaires de leurs enquêtes.
La veille, Bernard Cazeneuve avait annoncé le lancement en novembre d'un plan "de sécurité publique" et des concertations dès lundi 24 octobre dans chaque département pour déterminer les besoins. Les conclusions de ces concertations doivent être remises "en décembre pour mise en œuvre immédiate dès 2017".Vendredi matin 21 octobre, le patron des policiers Jean-Marc Falcone a affirmé qu'il ferait des propositions "la semaine prochaine" à Bernard Cazeneuve en vue du lancement en novembre d'un plan "de sécurité publique". Un vaste plan de moyens matériels supplémentaires (fusils d'assaut, voitures, gilets pare-balles) avait été décidé à la suite des attentats de 2015 mais ils ont essentiellement bénéficié aux unités spécialisées.
Interrogé sur d'éventuelles sanctions à l'encontre des policiers qui manifestent, M. Falcone a répondu que l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) aurait un "rôle pédagogique (...) pour dire à ces fonctionnaires qu'on comprend leur colère, leur désarroi, leur émotion".
Celui qui avait été hué par quelque 400 policiers mardi soir 18 octobre à Evry (Essonne) n'envisage pas de démissionner. "Je pourrais démissionner, vu mon caractère, si j'étais convaincu d'avoir commis une faute ou fait une erreur. Est-ce que j'en ai fait dans la gestion des attentats, de l'ordre public, de l'Euro 2016, sur les problématiques migratoires ? Non.", affirme-t-il dans une interview à Libération de samedi.
AFP/VNA/CVN