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Un homme porte un enfant sur ses épaules lors d'une manifestation de migrants et réfugiés le 14 novembre devant le centre de détention de Moria, à Lesbos. |
Les services publics et de nombreux commerces ont gardé porte close, tandis que des centaines d'habitants ont manifesté dans le chef-lieu de l'île, Mytilène.
"Lesbos n'est pas un lieu de relégation, c'est une île", pouvait-on lire sur une des pancartes.
Au départ du camp de Moria, où vivotent quelque 7.000 d'entre eux pour 2.350 places, des migrants et réfugiés ont également manifesté sous le slogan "Ouvrez les frontières".
Le débrayage initié par le maire, Spyros Galinos, était soutenu par les principales organisations professionnelles et syndicales de l'île, où vivent près de 8.500 réfugiés et migrants pour une population de 32.000 habitants.
"Le maintien sur place de tant de gens, dont la plupart veut en outre partir, n'est pas gérable", a souligné le président de la chambre de commerce et d'industrie locale, Vangelis Myrsinias.
La municipalité ne demande pas le renvoi de tous les migrants présents sur l'île, mais que leur nombre ne dépasse pas les 4.000 places disponibles.
M. Galinos a tweeté dimanche 19 novembre qu'à côté de structures plus solides, "quelque 3.000 hommes, femmes et enfants sont bloqués à Moria sans rien de plus que des tentes légères pour les garder au chaud et au sec", concluant : "Bravo l'Europe. Maintenant ouvrez les îles".
Les exilés de Lesbos et des autres îles égéennes proches des côtes turques sont, en principe, voués à être renvoyés en Turquie dans le cadre du pacte UE-Ankara conclu en mars 2016 pour couper cette route migratoire.
Pour retarder, ou éviter ce sort, la plupart ont demandé l'asile à la Grèce, une procédure qui peut prendre de longs mois.
Or l'accord UE-Turquie semble dire que, si la demande d'asile est refusée, mais que le requérant n'est plus sur son île d'arrivée, il ne pourra pas être renvoyé.
Ce "n'est qu'une interprétation que le gouvernement fait du texte", a estimé Marios Andriotis, porte-parole du maire Spyros Galinos, qui a récemment craint que Lesbos se transforme en "île-prison".
Il y a sur le continent des places d'hébergement vacantes dans plus de 25 camps et dans des appartements.
Alors que des fortes pluies se sont abattues sur la Grèce, "ma tente est inondée tous les soirs, et mon bébé a la fièvre", a témoigné pour l'AFP une des résidentes syriennes, Mahmad Abusal.
La situation à Moria alimente des tensions entre réfugiés. Dans la nuit de dimanche 19 novembre à lundi 20 novembre, des affrontements ont ainsi éclaté entre les quelque 350 mineurs présents, endommageant des installations.
Le gouvernement a plusieurs fois évoqué la possibilité d'ouvrir de nouveaux camps sur l'île, ou d'ancrer des bateaux d'accueil dans le port, mais cette perspective est un chiffon rouge pour les habitants et les autorités locales.
Le représentant en Grèce du HCR, Philippe Leclerc, a demandé la semaine dernière que les personnes identifiées comme vulnérables n'aient pas à attendre leur première interview d'asile pour être transférées sur le continent.
Il a aussi appelé au transfert de réfugiés comme les Afghans et les Irakiens, qui pour l'instant, pour des raisons de procédure, ne seront pas renvoyées en Turquie "à avenir prévisible".
Première porte d'entrée en Europe lors du grand exode de 2015 et 2016, Lesbos continue par ailleurs d'enregistrer quotidiennement des dizaines de nouvelles arrivées, notamment de réfugiés syriens et irakiens des zones récemment reprises à l'organisation de l'État islamique (EI).
AFP/VNA/CVN