Le chef du département vente au détail du consultant CBRE, Rik Mekkelholt, rappelle que si 90% des produits sont encore vendus dans les marchés traditionnels et autres bazars au Vietnam, la croissance de la distribution est particulièrement forte depuis quelques années. En effet, de dix supermarchés et deux centres commerciaux en 1995, le pays en comptait 140 et 20 en 2007, puis 445 et 78 en 2010.
Selon lui, un tel phénomène s'explique d'abord par la démographie nationale puisque près des trois quarts de la population (69%) est âgée de 15 à 64 ans, ce qui pousse le développement du secteur au fur et à mesure que ces jeunes générations grandissent. En d'autres termes, une "révolution" de la vente au détail comme des habitudes de consommation a lieu actuellement dans les villes vietnamiennes...
Avec l'ouverture du marché national, les distributeurs vietnamiens doivent impérativement créer un réseau de distribution professionnel et moderne afin de pouvoir résister devant la concurrence de leurs homologues étrangers. Selon le président du conseil d'administration et directeur général de la Compagnie d'investissement et de développement du réseau de distribution du Vietnam, Huynh Van Minh, les distributeurs nationaux nécessitent une assistance de l'État.
"Les entreprises sont de taille modeste et ne disposent en conséquence que de faibles capacités concurrentielles... Petite surface financière, carence en ressources humaines qualifiées sont les plus grands problèmes que rencontrent les distributeurs vietnamiens" , précise Huynh Van Minh. Nombre de ceux-ci, considérant qu'il faut d'abord développer les surfaces de vente, se heurtent à un foncier difficilement disponible de sorte qu'ils doivent sous-louer à d'autres entreprises, privées généralement.
Selon Nguyên Thi Hông Nhung, directrice de Vinatex Mart, les entreprises de la distribution devraient s'unir pour faire front à la concurrence. La directrice adjointe de la compagnie par actions Nhât Nam, propriétaire de la chaîne de supermarchés Fivimart, Vu Thi Hâu, ajoute que pour cette dernière, la plus grande difficulté résulte la puissance financière considérable de leur concurrent étranger. Elle n'évoque pas ici les capacités en terme d'investissement mais de référencement : leur puissance leur confère un pouvoir de négociation leur permettant de réduire au maximum leurs coûts en la matière... Aussi selon elle les distributeurs vietnamiens devraient s'unir sur ce point, ainsi que pour renforcer la production domestique, s'ils veulent se maintenir sur leur propre marché.
Afin de soutenir les entreprises devant ces difficultés, le ministère de l'Industrie et du Commerce a demandé au Département du marché national, à celui du Plan, d'élaborer une politique de développement du réseau de distribution et son cadre juridique, d'étudier une politique d'ouverture des coentreprises dont 51% de capitaux vietnamiens ainsi que des politiques pour le développement des services logistiques. Il faut par ailleurs encourager la population à participer à la campagne "Le Vietnamien consomme vietnamien". Enfin, le ministère de l'Industrie et du Commerce coopère avec son homologue des Ressources naturelles et de l'Environnement afin d'attribuer du foncier à des fins commerciales pour les distributeurs domestiques.
Hà Minh/CVN