* Vice-professeur et Docteur Lê Xuân Ba, directeur de l'Institut central de recherche et de gestion économique
L'investissement dans la société a connu dans l'espace de la dernière décennie une croissance record en passant de 28,4% du Produit intérieur brut (PIB) en 1996 à 43,1% en 2007 puis à 42,2% en 2008. Sur le total des capitaux investis dans la période 2000-2005, 22% sont publics, et lors de la période 2006-2010, de 20%. En revanche, l'efficience de l'investissement public demeure une préoccupation. En 1997, le pays a bénéficié d'une croissance de 8,2% avec des fonds publics équivalent de 28,7% du PIB. En 2008, une croissance de 8,5% s'est concrétisée, mais avec la part des fonds publics de 43,1% du PIB. En effet, l'emploi des fonds publics est de moitié moins efficient que celui des capitaux privés, sachant que selon les enquêtes réalisées, l'investissement public représente 50% du total des investissements effectués dans la société.
Depuis des années, la croissance de l'économie vietnamienne repose largement sur l'investissement, de sorte qu'il faut veiller à sa répartition entre secteurs économiques et régions. En vue d'une plus grande efficience des fonds publics qui contribuera à une croissance plus durable, il est impératif d'investir dans le secteur social, en particulier l'éducation et la santé. L'investissement pour le développement doit être consacré aux infrastructures, à commencer les communications et l'énergie. À l'inverse, il faut limiter l'investissement public dans la production commerciale, laquelle incombe en principe au secteur privé.
Enfin, une promulgation rapide de la Loi sur l'investissement public est importante pour donner un cadre juridique à ce dernier, notamment pour une meilleure gestion de son processus.
* Docteur Dang Kim Son, directeur de l'Institut de politiques et de stratégies de développement de l'agriculture et des zones rurales.
Il faut analyser chaque secteur de l'investissement public... S'agissant de l'agriculture, la condition sine qua non de son développement est justement d'augmenter l'investissement public, mais davantage dans la transformation et plus généralement dans l'ensemble de la chaîne de traitement après récolte, plutôt que dans la production. Ils devront être réalisés plus particulièrement dans l'élevage, l'aquaculture et la sylviculture. Il faudra privilégier l'élevage aquicole plutôt que la pêche. Dans la sylviculture, la plantation de forêts de production sera encouragée et les investissements pour la plantation de forêts à usage spécial seront diminués. En ce qui concerne les ouvrages hydrauliques, les réseaux d'irrigation seront remplacés par des ouvrages multifonctions (culture, aquaculture...). La construction d'ouvrages hydrauliques sera accélérée dans les zones mon- tagneuses au lieu de celles en plaine.
Sur le plan de gestion de l'investissement public, le plus important pour son amélioration est décentraliser les secteurs d'investissement entre régions, provinces et établis- sements. La création d'un organisme de gestion de l'investissement au niveau régional chargé de l'aménagement et de la gestion du développement est nécessaire. Il sera appelé à participer à l'aménagement de grandes infrastructures telles qu'aéroport, port maritime, pôles universitaires.
Pour optimiser l'emploi les fonds publics, il faut à mon avis créer un fonds d'investissement public avec la participation des bénéficiaires des services publics.
Quant à l'investissement dans le développement des régions, l'accent devra être placé sur les secteurs rentables et sur ceux dans lesquels chaque localité a des dispositions particulières. Il faut éviter la création de structures économiques similaires dans l'ensemble du pays.
* Professeur Nguyên Quang Thai, de l'Association des sciences économiques du Vietnam
La restructuration et l'amélioration de l'efficience de l'investissement public sont une tâche relevant intégralement de la restructuration de notre économie. Les recherches ont montré que l'investissement public est inefficace dans plusieurs cas. La restructuration s'impose mais selon quelles modalités ?
Il faut trouver un modèle qui satisfait aux objectifs d'efficience, de productivité, de qualité, de compétitivité et de croissance durable. Les dépen-ses dans les recherches scientifiques, les transferts de technologie et la formation de ressources humaines vont augmenter. Il faut aussi veiller à recentrer le rôle de l'État, dont la fonction essentielle est de se charger de l'appareil administratif, et non pas de faire des affaires. L'emploi du budget public dans de telles affaires devrait être prohibé, l'État pouvant intervenir en tant que partenaire ou bailleur de fonds pour le lancement de projets puis s'en dégager, pour se concentrer dans l'éducation, la culture et la société. Il faut surveiller davantage l'emploi des fonds publics, sous le contrôle de spécialistes, d'organisations scientifiques et de la société.
Thuy Tiên/CVN