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Le chanteur et musicien français Fabien Marsaud alias "Grand Corps Malade" et le chanteur Benjamin Mazuet alias "Ben Mazue" (droite), le 4 octobre à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Après OrelSan - dont la deuxième saison du documentaire Montre jamais ça à personne, diffusée depuis jeudi 20 octobre sur Amazon Prime Video, revient sur la préparation de son album Civilisation - c'est au tour des auteurs-compositeurs et interprètes Grand Corps malade et Ben Mazué de se livrer à un exercice similaire.
Ici, pas question de documentaire vidéo mais d'un livre, Les Correspondants, qui sort mercredi 19 octobre chez JC Lattès. Cet ouvrage, fruit d'une correspondance entre les deux comparses, inséparables depuis leur rencontre en 2013, est né d'un pari : celui de s'écrire assidûment tous les lundis entre février 2021 et juin 2022.
Le tout préfacé par leur troisième ami, le chanteur et auteur du roman Petit pays, Gaël Faye, avec lequel ils ont sorti un disque de sept titres début septembre. "Au départ, c'était une façon de garder le lien. Mais petit à petit, au fil des lettres, on s'est rendu compte que quelque chose d'autre se dessinait", explique Ben Mazué, 41 ans.
"Conversation parallèle"
Comme un exercice de psychanalyse mais sans divan, les deux comparses se confient à cœur ouvert : paternité, idoles de jeunesse... mais aussi sur la vie d'artiste, leurs doutes alors que la crise sanitaire joue les prolongations, leur rapport aux réseaux sociaux ou l'écriture d'un discours pour la réception d'une Victoire de la musique.
Moins connu du public que GCM, Ben Mazué, dont le dernier opus Paradis a été un succès public et critique, fait, depuis ses débuts en 2011, de sa vie l'essence de son oeuvre.
"La vulnérabilité, j'ai pas de problème à en parler ça fait partie de mon arsenal émotif même si j'ai pas l'impression qu'on soit tombé dans l'apitoiement", explique celui qui a raflé sa première Victoire de la musique en février dernier.
"On ne s'est jamais dit +tiens, on va parler de ce thème, de la tournée, des enfants+ ... On n'a jamais fait de cahier des charges. On s'est laissé porter par cette correspondance comme si on prenait des nouvelles", poursuit également Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade. Alors même qu'ils s'écrivent, les deux hommes continuent de se voir.
Ces lettres deviennent un moment suspendu, loin du bruit des réseaux sociaux. "J'étais excité comme quand tu ouvres un paquet cadeau et tu te dis +mais de quoi il va me parler aujourd'hui+", poursuit le slameur du Blanc-Mesnil qui se déplace toujours à l'aide d'une béquille. "C'est une conversation parallèle, une relation parallèle qu'on n'a pas avec le texto et Whatsapp".
Avec sept albums au compteur, un livre et deux films remarqués qu'il a co-écrits et co-réalisés (Patients et La vie scolaire, qui a réuni 1,8 million de spectateurs en salle) Fabien Marsaud veut défendre "cette envie d'écrire" à l'heure où les réseaux sociaux et les formats vocaux s'imposent dans le quotidien.
Le livre revient aussi sur l'angoisse des deux artistes pendant la crise liée au COVID-19. "On a sorti nos albums en même temps et la scène était impossible. Je recevais les bons chiffres de vente mais je ne vivais pas ce succès", confie GCM qui s'était fait le porte-voix du spectacle vivant au moment de la fermeture des salles avec le morceau Pas essentiel.
"J'ai le sentiment qu'on est très vite passé à autre chose, on a très vite oublié mais grâce à ces courriers, cet album-photo sans photo, je peux revenir sur ces moments-là et me dire qu'on les a vraiment vécus", abonde Ben Mazué.
AFP/VNA/CVN