Google met en œuvre une nouvelle politique de confidentialité controversée

Malgré les inquiétudes des associations de consommateurs ou de protection de la vie privée, Google a mis en œuvre le 1er février sa nouvelle politique de confidentialité, qui va lui permettre de regrouper des informations sur ses utilisateurs issues de services autrefois séparés.

Logo de Google à son siège à Californie.

Au cours des derniers jours, la pression s'est accentuée sur le géant américain de l'Internet pour qu'il repousse la mise en œuvre de cette réforme, annoncée en janvier et dont la mise en oeuvre était donc prévue au 1er mars.

Le groupe californien n'a pourtant pas fléchi et a annoncé le 1er mars à 00h01sur son blog l'entrée en vigueur de cette nouvelle politique. "Notre nouvelle politique de confidentialité entre en service aujourd'hui, le 1er mars", a écrit Alma Whitten, directrice de la protection de la vie privée du groupe américain. "Et bien que nous ayons mis en œuvre la plus importante campagne d'information de notre histoire en direction de nos utilisateurs pour expliquer ces changements, nous savons qu'ils ont suscité beaucoup de bruit et de confusion", a-t-elle poursuivi.

En permettant au groupe de collecter et combiner des données sur les utilisateurs connectés via un compte à l'un des nombreux services du groupe, comme le moteur de recherche Google, la messagerie Gmail ou le site de partage de vidéos Youtube, cette nouvelle politique s'est attirée les foudres de nombreux opposants.

"Appeler cela +une politique de confidentialité+ est du double langage orwellien", s'insurge ainsi John Simpson, du groupe américain de défense des consommateurs Consumer Watchdog, en référence à l'auteur de "1984". "Google ne vous dit pas qu'il va protéger votre intimité. Il vous explique  comment il va rassembler des informations sur vous à partir de tous ses services, combiner tout cela et utiliser ce gros dossier numérique pour vendre plus de publicité", dénonce-t-il.

"Si vous faites souvent des recherches (sur le moteur de recherche Google) sur (le cuisinier britannique) Jamie Oliver, nous pourrons vous recommander des vidéos de Jamie Oliver quand vous recherchez des recettes sur Youtube -ou nous pourrions mettre en ligne des publicités pour ses livres quand vous êtes sur un autre service Google", explique de son côté Alma Whitten. "Cette nouvelle politique ne change en rien les réglages de protection de   la vie privée préexistants ou la manière dont nous partageons des données personnelles en dehors du groupe", assure-t-elle.

Ces arguments, que le groupe répète à l'envi depuis des semaines, n'ont pourtant pas empêché les opposants à cette réforme de tenter de la faire repousser jusqu'au bout.

"Cette refonte a été très largement critiquée par les élus et les procureurs américains, les élus européens, les responsables européens des questions de défense de la vie privée, des experts en questions techniques et des organisations de défense des consommateurs", résumait dans un courrier adressé le 29 février à Google un groupement d'associations de consommateurs européens et américains, le Trans-Atlantic Consumer Dialogue (TACD). "Persévérer avec ce plan serait une erreur", assurait le TACD, qui appelait le groupe à repousser la mise en œuvre de la réforme.

En France, la Commission nationale informatique et liberté (Cnil) avait également demandé le 28 février à Google de reporter la mise en œuvre  de cette refonte, soulignant que "la formulation des nouvelles règles et la possibilité de combiner des données issues de différents services (soulevaient) des inquiétudes et des interrogations sur les pratiques réelles de Google".

AFP/VNA/CVN

 

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