Quelques semaines après avoir rejeté un projet d'accord de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Téhéran a offert le 12 décembre d'échanger 400 kg de son uranium enrichi à 3,5% contre du combustible nucléaire pour son réacteur de recherche, en proposant que cet échange ait lieu sur l'île iranienne de Kish, une zone franche qui possède sa propre législation. "Nous sommes prêts à prendre 400 kilos de (notre) uranium enrichi à 3,5% sur l'île de Kish pour l'échanger contre une quantité (d'uranium enrichi à 20%) équivalent à 20% de cette livraison", a déclaré à Manama le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, en marge d'une conférence régionale sur la sécurité dans le Golfe.
Cet échange pourrait avoir lieu "immédiatement" dès que le groupe des "5+1" (les 5 membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU plus l'Allemagne) aura donné son accord, a ajouté M. Mottaki, cité par la télévision publique iranienne en anglais Press-TV.
Les États-Unis ont estimé que cette proposition ne présentait "rien de nouveau", un haut responsable jugeant qu'elle "ne semblait pas conforme" à un accord permettant à la République islamique d'échapper à des sanctions.
Téhéran a refusé à la mi-novembre un projet d'accord de l'AIEA qui prévoyait que l'Iran fasse enrichir par un pays tiers son uranium faiblement enrichi pour obtenir en retour du combustible pour son réacteur de recherche.
L'Iran affirme développer un programme nucléaire civil, mais une partie de la communauté internationale soupçonne qu'il ne cherche en fait à produire de l'uranium fortement enrichi pour la fabrication d'une bombe atomique.
L'accord de l'AIEA devait permettre d'apaiser les inquiétudes de certaines capitales occidentales, qui espéraient faire "sortir" 1.200 kg d'uranium faiblement enrichi, soit 70% du stock total de l'Iran, afin d'avoir une meilleure visibilité des capacités iraniennes d'enrichissement. Si le stock proposé samedi par l'Iran est inférieur à ce qu'avaient avancé certaines capitales occidentales, le lieu proposé pour l'échange pourrait également poser problème.
L'ex-directeur général de l'AIEA, Mohamed El-Baradeï, avait indiqué fin novembre qu'un échange en Iran n'était "pas une option".
Le refus iranien de la proposition de l'AIEA a entraîné une condamnation de Téhéran par l'agence et la menace de nouvelles sanctions internationales à l'ONU.
Réunis à Bruxelles, les dirigeants des pays de l'Union européenne ont réaffirmé le 11 décembre leur soutien à d'éventuelles sanctions du Conseil de sécurité si l'Iran continuait à ne pas coopérer sur son programme nucléaire. Washington a ensuite dit partager les "graves inquiétudes" de l'UE et réitéré la menace de "conséquences" à prendre au sérieux si Téhéran persistait à ne pas coopérer. "Imposer des sanctions à l'Iran est illégal et contraire (aux conventions de) l'ONU. Ce sera sans aucun effet", a déclaré M. Mottaki aux journalistes. "Pour quel délit voudraient-ils sanctionner l'Iran, alors que nous n'avons réclamé rien d'autre que nos droits légitimes?", a-t-il demandé, indiquant que son gouvernement était "disposé à reprendre le dialogue avec le groupe des 5+1".
L'Iran est déjà visé par 5 résolutions du Conseil de sécurité, dont 3 assorties de sanctions, pour son refus de suspendre l'enrichissement d'uranium.
M. Mottaki a également indiqué que l'Iran, dont la première centrale nucléaire est actuellement en cours de construction près de Bouchehr (Sud), aurait besoin de construire 15 centrales en 20 ans pour couvrir ses besoins en électricité.
AFP/VNA/CVN