>>GB : la solitude des électeurs opposés au Brexit
La Première ministre britannique Theresa May, le 16 mai à Londres. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'activité dla Grende-Bretagne a largement déjoué depuis près d'un an les prévisions pessimistes qui promettaient un coup de frein brutal à l'activité si les Britanniques optaient le 23 juin dernier pour l'aventure inédite du Brexit.
Croissance du produit intérieur à 1,8% en 2016, empressement des ménages à consommer pendant des mois quitte à s'endetter, taux de chômage au plus bas depuis 1975, Bourse de Londres à des plus hauts historiques... La solidité de la troisième puissance économique européenne constitue un argument de vente utilisé à l'envi par les conservateurs en quête d'une reconduction au pouvoir.
Mais depuis quelques mois, des signaux indiquent que la machine est en train de s'enrayer, avec une amorce de repli du pouvoir d'achat des ménages prévue pour s'amplifier.
"Le calendrier électoral semble avoir été bien choisi, particulièrement en ce qui concerne l'évolution attendue pour les ménages dans les années à venir. La croissance des salaires reste atone et l'ère de l'inflation nulle est terminée - ce qui signifie à nouveau une perte de pouvoir d'achat pour les ménages", explique Scott Corfe, directeur du Centre for Economics and Business Research.
La livre sterling a dégringolé de quelque 14% face à l'euro depuis le référendum, les cambistes tablant sur de moins bonnes perspectives économiques pour le Royaume-Uni à cause du Brexit. Si la dépréciation soutient certes les exportations, elle renchérit dans l'autre sens les produits importés, y compris alimentaires.
L'inflation, proche de zéro en 2015, a déjà bondi en conséquence ces derniers mois pour atteindre 2,7% en avril. Elle devrait frôler voire dépasser la barre des 3% d'ici à la fin de l'année, en touchant des produits aussi essentiels que les vêtements et l'alimentation.
Certitudes, où êtes-vous ?
Une vue de Londres, le 23 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Comme la progression des salaires - actuellement légèrement supérieure à 2% - ne suit pas le rythme, le pouvoir d'achat des ménages va s'effriter, au risque de faire caler la consommation, le principal moteur de l'activité.
"Avec des conditions du crédit toujours accommodantes, un marché de l'emploi encore dynamique et une confiance des consommateurs robustes, la croissance des dépenses des ménages devrait ralentir progressivement cette année plutôt que s'effondrer brutalement", veut rassurer toutefois Ruth Gregory, analyste chez Capital Economics.
Le marché de l'immobilier donne cependant des signes d'essoufflement lui aussi après s'être emballé ces dernières années, ce qui pourrait également nuire à la propension à dépenser de propriétaires s'estimant désormais moins fortunés.
Autre contributeur important à la croissance, l'investissement des entreprises est attendu peu ou prou stagnant, en attendant l'issue des négociations ô combien incertaines entre Londres et Bruxelles sur le Brexit. Malgré les craintes, peu de sociétés ont réduit la voilure au Royaume-Uni depuis le référendum, mais un "wait and see" frileux n'en domine pas moins en attendant plus de clarté.
La croissance devrait in fine ralentir à 1,7% cette année et 1,4% l'an prochain, d'après une moyenne d'économistes indépendants compilée par le Trésor.
Inquiet de la sortie du marché unique prévue par le cadre actuel du Brexit, le patronat multiplie les mises en garde aux conservateurs de Mme May, favoris des élections, comme à leurs challengers travaillistes derrière Jeremy Corbyn.
"Le Royaume-Uni est à la croisée des chemins et le prochain gouvernement devra apporter autant de certitudes que possible aux entreprises afin qu'elles puissent lancer les investissements nécessaires à la prospérité future", martèle Carolyn Fairbairn, la directrice générale de la principale organisation patronale, la CBI.
Les contours du futur accord commercial qui liera le Royaume-Uni et l'UE sont en effet largement à définir, tout comme les nouvelles règles encadrant l'immigration en provenance du continent, une généreuse source de main-d’œuvre ces dernières années que les employeurs ne veulent pas voir se tarir.