Gabon : du bœuf local pour réduire la dépendance aux importations

Dans un pays où l’essentiel de la viande est importé, un ranch de la Nyanga tente de relancer l’élevage bovin local. Une production encore modeste, mais qui séduit déjà restaurateurs et supermarchés de Libreville.

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Bovins dans un enclos dans le ranch Nyanga, au Gabon, le 13 septembre 2025. 
Photo : Capture AFPTV/VNA/CVN

Dans un restaurant du sud-ouest du Gabon, Matthieu Msellati déguste une entrecôte issue d'un élevage bovin situé à quelques dizaines de kilomètres de là. Un produit local encore rare mais qui espère se faire une place, dans ce pays pétrolier important la majorité de ses aliments.

Le ranch on sait d'où ça vient et c'est rassurant” s'enthousiasme Matthieu Msellati, un gestionnaire de site touristique de 48 ans, dans cet établissement de Tchibanga qui, comme d'autres dans le pays, cherche de plus en plus à s'approvisionner sur le marché local.

Sur les réseaux sociaux gabonais, le hashtag “consogab”, une incitation à consommer et promouvoir les produits gabonais, est de plus en plus populaire ces derniers mois.

Désireux de doper l'autosuffisance alimentaire du pays, le gouvernement du président Brice Oligui Nguema, arrivé au pouvoir par un coup d'État militaire en 2023 et élu président en avril dernier, a offert aux petites entreprises agricoles des prêts à faible taux d'intérêt pour les aider à se développer.

Une consommation encore largement importée

Un Gabonais consomme environ 40,8 kilos de viande par an selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Mais moins de 10% est produite dans le pays, selon la même source. Le Gabon importe le reste du Tchad et du Cameroun voisins, surtout, du Brésil et de France aussi.

Seul éleveur bovin à grande échelle de ce pays d'Afrique centrale, la Grande Mayumba Agrobusiness Company (GMAC) possède le ranch de Nyanga, d'où provient l'entrecôte de Matthieu Msellati.

Nous sommes un peuple de forêt. Nos ancêtres vivaient de chasse et de cueillette, pas d'élevage”, souligne Morgan Bignoumba, le directeur adjoint de l'élevage au ministère de l'Agriculture.

Le Gabon est couvert à 88% de forêts, et à seulement 7% de savanes, ces grands espaces plats et herbeux nécessaires au bon pâturage du bétail.

Le pari de la Grande Mayumba Agrobusiness Company

Situé à la frontière du Congo, le ranch de la Nyanga s'étale sur plus de 100 000 hectares. Ses 5 000 têtes de bétail y évoluent dans un pâturage naturel de vastes plaines, nourries au fourrage naturel et abreuvées du fleuve Nyanga qui traverse les lieux.

C'est de la viande produite localement dans des conditions bio” se vante Gui-Lov Dibanganga, 38 ans, directeur du ranch, qui dirige 108 employés et entend aider ainsi “le pays à atteindre son objectif d'autosuffisance alimentaire”.

Le ranch devrait produire cette année 30 tonnes de viande, un chiffre modeste qui s'explique par la race de bovin exploitée : la Ndama.

Originaire d'Afrique de l'Ouest et centrale, reconnaissable à sa robe orangée qui se confond avec les pistes de latérite typiques de la région, elle est privilégiée pour sa résistance à la trypanosomiase, une maladie transmise par la mouche tsé-tsé équivalente à la maladie du sommeil chez l'homme.

Compacte et de petit gabarit, “son rendement n'est pas très important”, note Gui-Lov Dibanganga : chaque bête produit 140 kilos de viande au maximum, contre plus de 200 pour les zébus d'élevage.

Mais le cheptel du ranch s'accroît d'environ 10% par an, et sa viande autrefois réservée aux seuls restaurants alentours conquiert aujourd'hui aussi la capitale Libreville.

Un produit déjà plébiscité à Libreville

Toutes les deux semaines, Youssouf Ori reçoit aux aurores environ 300 kilos de carcasses par camion frigorifique pour sa boucherie des Charbonnages, un quartier commerçant de Libreville. “Viande fraîche” proclame sa devanture en lettres bleues capitales sur fond blanc.

Entre l'abattage, directement au ranch, et la livraison, il se passe moins de 72 heures dont près de 12 à parcourir 700 kilomètres de pistes et de routes accidentées.

Veste blanche sur le dos et couteau en main, Youssouf Ori s'attèle immédiatement à la découpe des pièces destinées en majorité à ses clients restaurateurs.

D'après lui, si la viande de Nyanga n'arrive pas pendant “une ou deux semaines”, “les gens commencent à réclamer +Où est la viande qui est plus tendre+ ?

L'argument de la provenance locale résonne chez ses clients restaurateurs de la capitale. “Ils sont contents quand ils entendent” que leur produit “vient de Tchibanga”, souligne-t-il.

Une viande compétitive et soutenue par les autorités

Dans les allées d'un des plus grands supermarchés de Libreville, un grand panneau placé devant le rayon boucherie signale cette “viande 100% gabonaise”. Disponible en rayons depuis huit mois, elle a déjà trouvé son public.

Avec la viande locale, “la saveur est maintenue” et “les clients adorent”, souligne Blandine Loogabeng, une restauratrice.

Norvin Kouma, 36 ans, responsable des achats produits frais de l'hypermarché Mbolo, explique avoir accepté de travailler avec le ranch pour la qualité du produit mais aussi car “ils sont bien placés au niveau des prix” : 18.000 francs CFA (environ 27 euros) le kilo d'entrecôte, aussi bien pour les viandes gabonaises que camerounaises dans les supermarchés. Et aussi parce que les autorités incitent à “promouvoir les entrepreneurs gabonais”.

Pour pouvoir nourrir toute la population avec de la viande locale, il faudrait que “cinq ou six entreprises s'installent comme ça avec la même vision” se prend à rêver Gui-Lov Dibanganga. “Ce serait pas mal”.

AFP/VNA/CVN

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