G20 Finances à Washington sur fond de croissance morose

La planète finance se retrouve à partir du 14 avril à Washington sous un ciel assombri par une croissance en panne et le spectre du "Brexit", auxquels se greffent la crise des migrants et le scandale des "Panama Papers".

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Deux hommes passent devant un panneau annonçant le meeting du monde de la finance, le 13 avril

Le Fonds monétaire international (FMI), qui tient cette semaine son assemblée de printemps avec la Banque mondiale, a donné le ton le 12 avril en abaissant ses prévisions sur le globe et en mettant en garde contre "l'escalade des menaces" économiques.

La plus imminente vient du Royaume-Uni, qui pourrait décider fin juin par référendum de quitter l'Union européenne, un scénario qui affole les milieux d'affaires et les grandes chancelleries.

"Un "Brexit" pourrait causer de graves dégâts régionaux et mondiaux", a prévenu le chef économiste du FMI, Maurice Obstfeld, tandis qu'un autre responsable du Fonds, José Vinals, pointait le 13 avril l'impact "négatif" sur le statut de la City de Londres comme centre financier mondial.

Le dossier ne devrait pas échapper aux grandes puissances développées et émergentes qui se réunissent les 14 et 15 avril dans la capitale américaine pour une réunion du G20 Finances.

Vulnérabilités chinoises

D'autres sujets d'inquiétude devraient s'inviter dans les discussions, notamment la difficile transition engagée par la Chine vers un modèle de croissance davantage fondé sur la consommation.

Selon le FMI, les "vulnérabilités" vont croissantes dans le pays, notamment celles touchant les entreprises dont l'état de santé déclinant pourrait causer des pertes bancaires de 1.300 milliards de dollars.

L'onde de choc du ralentissement chinois continue par ailleurs de se faire sentir sur le globe, notamment dans les pays émergents habitués à exporter leurs matières premières vers Pékin.

Durement frappés par la chute des cours, notamment ceux du pétrole, les pays du Sud se sont massivement tournés vers la Banque mondiale qui n'avaient jamais accordé autant de prêts depuis la crise financière de 2008-2009.

C'est le signe de "puissants vents contraires", a assuré l'institution en début de semaine.

Que faire pour les dissiper ? Les ministres des Finances et banquiers centraux de 188 pays qui se retrouvent à Washington devraient de nouveau défendre les fameuses "réformes structurelles" pour libérer la croissance.

Blocages politiques

La patronne du Fonds monétaire international Christine Lagarde, le 13 avril à Washington.

Mais le cœur ne semble pas y être.

Les réformes structurelles "sont comme le yéti, beaucoup prétendent les avoir vues mais on ne sait pas vraiment si elles existent", a récemment assuré une source proche du gouvernement allemand.

La marge de manœuvre des gouvernements semble par ailleurs se réduire dangereusement.

Les politiques monétaires sont déjà "usées jusqu'à la corde" dans les grandes économies, selon le FMI, et certains pays comme l'Allemagne appellent déjà à amorcer une normalisation après des années de politique expansionniste.

La "confiance dans la capacité de mobilisation politique s'est effritée", a par ailleurs affirmé le FMI, incriminant le calendrier électoral et les "blocages" politiques.

La situation est particulièrement tendue en Europe où la crise des migrants a mis à l'épreuve la cohésion entre les 28 et requiert une réponse internationale rapide.

"C'est une crise humanitaire qui nécessite, de notre point de vue au FMI, une action massive", a déclaré le 13 avril la patronne de l'institution, Christine Lagarde, ajoutant que le compte n'y était pas. "Le montant des financements et de soutien doit être plus important que ce qu'on entend", a-t-elle ajouté.

À Washington, les grands argentiers de la planète ne pourront par ailleurs pas esquiver les révélations des "Panama Papers" qui ont provoqué la démission du Premier ministre islandais et l'ouverture de nombreuses enquêtes pour évasion fiscale.


AFP/VNA/CVN

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