>>Le FMI appelle les Européens au "réalisme" sur l'aide à la Grèce
"Ma vision des négociations en cours, c'est que nous sommes encore à une bonne distance d'un programme cohérent que je puisse présenter à notre conseil d'administration", écrit-elle dans une lettre au Premier ministre grec Alexis Tsipras rendue publique sur le site Internet du FMI.
Elle y répond à une demande d'explications d'Athènes après la publication par Wikileaks d'un document sur les négociations en cours entre Athènes et ses créanciers, où des représentants du Fonds évoquent un éventuel défaut du pays.
La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, le 23 février à Dubaï. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans sa lettre, Christine Lagarde rappelle avoir déjà indiqué à plusieurs reprises que le Fonds ne pouvait soutenir "qu'un programme qui soit crédible et basé sur des hypothèses réalistes", faute de quoi "il échouerait à rétablir la confiance" et forcerait la Grèce à adopter encore plus de mesures d'ajustement.
"Bien sûr, toute spéculation sur le fait que les équipes du FMI envisageraient d'utiliser un événement de crédit comme tactique de négociation est simplement absurde", poursuit Christine Lagarde.
"Le FMI conduit ses négociations de bonne foi, pas par des menaces, et nous ne communiquons pas par l'intermédiaire de fuites", assure-t-elle.
Wikileaks a publié ce que l'organisation présente comme la transcription d'une conférence téléphonique tenue le 19 mars entre notamment Poul Thomsen, chef du département Europe du Fonds, et Delia Velculescu, chef de mission du FMI pour la Grèce.
Ils discutent de la stratégie à adopter dans les négociations, qui achoppent notamment sur la réforme des retraites et la réforme fiscale.
Se plaignant de la lenteur des pourparlers et des différences entre les prévisions économiques pour la Grèce des Européens et celles du FMI, M. Thomsen interroge: "Qu'est-ce qui va amener au point de décision ? Dans le passé, il n'y a eu qu'une fois où la décision a été prise et c'est quand ils (les Grecs) allaient sérieusement manquer d'argent et être en défaut".
"Et il est possible que cela se passe à nouveau. Et dans ce cas ça traîne jusqu'en juillet et clairement les Européens ne vont pas discuter pendant le mois avant le Brexit", ajoute-t-il en référence au référendum britannique sur une possible sortie de l'UE, prévu le 23 juin.
"Je conviens avec vous que des négociations fructueuses se construisent sur la confiance mutuelle, et l'incident de ce week-end m'a rendu inquiète sur notre capacité à effectivement faire des progrès dans un climat d'extrême sensibilité aux déclarations de l'une ou l'autre des parties", écrit encore Christine Lagarde au Premier ministre grec.
Elle dit néanmoins avoir décidé d'autoriser les experts du FMI à retourner à Athènes pour poursuivre les discussions, précisant que l'équipe "comprend du personnel expérimenté, qui a ma confiance totale et mon soutien personnel".
"Pour qu’il puisse faire leur travail, comme vous nous y avez invités, il est essentiel que vos autorités assurent un environnement qui respecte le caractère privé de leurs discussions internes et prennent toutes les mesures nécessaires pour garantir leur sécurité personnelle", prévient-elle toutefois.
Les discussions entre la Grèce et le quartet représentant ses créanciers - Commission européenne, FMI, BCE et le fonds de soutien de la zone euro (MES) - doivent reprendre lundi 4 avril après deux semaines de pause.
Le gouvernement grec de gauche accuse régulièrement le FMI de se livrer à une surenchère d'austérité contreproductive, alors même que son pays doit faire face en première ligne à la crise migratoire.