La Grande-Bretagne, hôte de cette réunion des grands argentiers du G20, avait pourtant solennellement appelé ces pays à s'attaquer de front au problème du changement climatique et à se montrer novateur dans la régulation financière, y compris par la fiscalité.
Le Premier ministre britannique Gordon Brown est venu en personne à Saint Andrews (Écosse) pour appeler le G20, qui rassemble États riches et émergents, à envisager une taxe sur les transactions financières, entre autres mesures destinées à ramener la stabilité dans la planète finances. "Parmi les propositions figurent une prime d'assurance reflétant le risque systémique, la création d'un fonds, des dispositions sur le capital, ou une taxe sur les transactions financières internationales", a-t-il énuméré. Mais les participants à ce G20 Finances semblent n'avoir guère partagé cet enthousiasme. Le sujet ne figure pas dans la déclaration finale et n'a même pas été abordé lors de la réunion, a assuré devant la presse le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet.
Le secrétaire américain au Trésor, Tim Geithner, interrogé sur le sujet par la télévision britannique SkyNews, l'a tout simplement écarté en soulignant que cette taxe n'était nullement à l'ordre du jour.
Dominique Strauss-Kahn, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) qui doit réfléchir sur de telles mesures d'ici au mois d'avril, a souligné avec insistance que la mesure envisagée, qu'il appelle pour l'instant "taxe FMI", ne porterait pas sur les transactions financières, une solution impossible à mettre en oeuvre en pratique, selon lui. Il s'agirait plus d'une sorte d'assurance, à laquelle les banques qui prennent le plus de risques contribueraient davantage.
La ministre française des Finances, Christine Lagarde, a considéré pour sa part que l'idée à l'étude était "une très bonne chose", observant que "certaines idées doivent faire leur chemin". Le gouvernement britannique, a également dû en rabattre sur ses ambitions concernant le climat.
Les ministres se sont contentés d'évoquer la nécessité d'un accord ambitieux et de moyens financiers substantiels pour y parvenir, mais sans fournir aucun engagement chiffré en dépit des pressions britanniques.
Le ministre britannique des Finances, Alistair Darling, avait exhorté le 7 novembre matin ses collègues à trouver les bases d'un accord sur ce financement, alors que la plupart des pays rechignent à parler chiffres : "Si nous ne parvenons pas à nous entendre sur le financement de la lutte contre le changement climatique, ce sera beaucoup, beaucoup plus difficile d'obtenir un accord à Copenhague".
La communauté internationale est censée trouver en décembre à Copenhague un accord visant à lutter contre le réchauffement climatique pour remplacer le protocole de Kyoto, qui expire en 2012. Mais un mois avant ce grand rendez-vous, les négociations piétinent.
Le chancelier britannique a également appelé ses collègues à ne pas ménager leurs efforts pour assurer les conditions d'une reprise durable. Faute de quoi, a-t-il lancé, nous ferons face à une "décennie d'austérité". Sur ce point, le G20 a confirmé, comme il le fait à chacune de ses réunions depuis un an, sa ligne de ne pas baisser la garde et de maintenir ses politiques de soutien tant que la reprise ne serait pas assurée.
AFP/VNA/CVN