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L'équipe d'acteurs et de réalisateurs de |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Là où de nombreux films sur l'épidémie qui a fait des ravages dans la communauté homosexuelle s'attardent sur des destins individuels (comme Philadelphia avec Tom Hanks), Robin Campillo fait le pari du collectif et livre un grand film politique, en lice pour la Palme d'or.
Act Up, c'était "ne plus subir l'épidémie, en être aussi acteur", explique le réalisateur qui a été militant de l'association connue pour ses slogans choc et ses opérations spectaculaires telles que les "die in", avec des militants s'allongeant par terre et faisant les morts.
De la mort, il est bien évidemment question, mais c'est surtout le combat contre l'indifférence, les laboratoires et la maladie qui passe au premier plan. "Le film ne donne pas de conseils mais rappelle juste ce rassemblement de gens contre cette épidémie qui ont construit une conscience et des luttes politiques", souligne Robin Campillo (54 ans).
"C'est très difficile de créer un mouvement politique. Ca prend quand ce sont des luttes, et moins des causes, surtout quand les corps sont concernés. Cela a été le cas pour l'avortement et le sida", a-t-il estimé samedi 20 mai en conférence de presse.
Le film retrace le mouvement d'Act Up dans les années 90. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
De l'aventure Act Up, il a voulu restituer les opérations spectaculaires à coup de lancement de poches de faux sang, les débats - extrêmement tendus - pour décider des actions à mener, des positions à adopter et des avancées médicales... Mais il montre aussi le sexe, l'amour, les Gay pride et les soirées au son de la musique house, exutoire qui donne son titre au film.
"Une musique inquiète comme la maladie et l'époque", souligne le réalisateur d'Eastern Boys. "Elle permet de se replonger dans les années 90 mais on ne cherche pas à faire film d'époque".
Ni nostalgie, ni documentaire
"En interpellant les politiques avec des actions fortes et symboliques, Act Up a joué un rôle fondamental", se souvient Jean-Luc Romero, premier homme politique français à avoir révélé sa séropositivité. "À l'époque, ils étaient dans l'urgence et pensaient mourir". "J'espère que des films comme celui-là vont aider à démontrer que pour que les politiques agissent, il faut la pression des gens", souligne celui qui est aujourd'hui président de l'association des élus contre le sida.
En plus de deux heures, 120 battements par minute montre un activisme mené bien avant l'ère des réseaux sociaux, mais ne verse ni dans la nostalgie, ni dans le documentaire, probablement car il fait la part belle à l'histoire d'amour entre Sean, malade du sida, et Nathan, séronégatif.
En plus de la maladie qui s'invite immédiatement dans leur couple, 120 battements par minute met en avant la radicalité de l'un et la fascination de l'autre. Encore peu connus, les acteurs Nahuel Pérez Biscayart (vu dans Grand central de Rebecca Zlotowski) et Arnaud Valois crèvent l'écran, aux côtés d'Adèle Haenel, également au casting.
Collaborateur de longue date du cinéaste Laurent Cantet (Palme d'or 2008), Robin Campillo s'est entouré pour son troisième film de Philippe Mangeot, ancien président d'Act Up de 1997 à 1999 pour écrire le scénario. Premier des quatre long-métrages français de la compétition, 120 battements par minute sera sur les écrans fin août dans l'Hexagone.