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Des colonnes de fumée s'élèvent au-dessus de la ville syrienne de Ras al-Aïn, vue depuis la Turquie, le 11 octobre 2019. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Depuis le début mercredi 9 octobre de l'assaut turc contre des secteurs contrôlés par une milice kurde syrienne, 54 combattants kurdes et 17 civils ont péri selon une ONG, et 100.000 personnes ont fui leurs foyers d'après l'ONU. Ankara a annoncé la mort de quatre soldats en Syrie et de 17 civils dans la chute de roquettes kurdes sur des villes frontalières en Turquie.
Avec cette offensive qui a suscité un tollé international, la Turquie, voisine de la Syrie en guerre, cherche à instaurer une "zone de sécurité" de 32 km de profondeur le long de sa frontière afin de séparer celle-ci des territoires contrôlés par la milice des Unités de protection du peuple (YPG) qu'elle qualifie de "terroriste".
Les raids aériens turcs se sont poursuivis vendredi soir 11 octobre principalement sur la ville de Kobané, dans la région autonome kurde établie à la faveur du conflit syrien, a indiqué une ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"D'intenses combats principalement de Tal Abyad à Ras al-Aïn", villes frontalières, opposent les troupes turques et leurs alliés locaux aux Forces démocratiques syriennes (FDS) dont les YPG, soutenues par l'Occident, sont l'épine dorsale, d'après l'ONG.
Utilisant des tunnels et des tranchées, les FDS tentent de freiner l'avancée des troupes turques qui ont pris jeudi 10 octobre 11 villages, dont deux ont été depuis repris par les Kurdes, selon l'OSDH.
Le Pentagone a indiqué que des soldats américains près de Kobané s'étaient trouvés sous le feu de l'artillerie turque, mais qu'aucun n'avait été blessé.
"Sanctions très fortes"
Des déplacés syriens à l'arrière d'un camion fuient une offensive turque, près de la ville de Tal Abyad, le 11 octobre 2019. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Tal Abyad et Ras al-Aïn, presque entièrement désertées par leurs habitants, sont les plus touchées, selon un centre de presse affilié aux autorités kurdes locales. Des tribus arabes ayant rejoint les forces turques ont mené des attaques en activant des cellules dormantes.
"Peu importe ce que certains disent, nous ne stopperons pas cette" opération, a déclaré M. Erdogan lors d'un discours à Istanbul. "On reçoit maintenant des menaces à droite et à gauche, on nous dit +Arrêtez+. (...) Nous ne reviendrons pas en arrière".
"Nous continuerons notre combat jusqu'à ce que tous les terroristes soient descendus au Sud des 32 km" prévus pour la "zone de sécurité", a-t-il dit.
Après avoir semblé donner son feu vert à cette opération en retirant des soldats américains de secteurs frontaliers dans le Nord syrien, le président Donald Trump a soufflé le chaud et le froid, menaçant notamment d'"anéantir" l'économie turque si Ankara "dépassait les bornes".
Ce retrait américain a été perçu comme une trahison par les forces kurdes, jusqu'alors alliées de la coalition internationale menée par Washington dans la lutte contre le groupe jihadiste État islamique (EI) qui a été vaincu en mars avec la perte de son dernier fief en Syrie.
Vendredi 11 octobre, le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a affirmé que Donald Trump avait autorisé, sans toutefois les activer pour l'instant, des "sanctions très fortes" contre la Turquie qui pourraient "neutraliser" son économie.
Les États-Unis ont présenté vendredi 11 octobre au Conseil de sécurité de l'ONU une déclaration demandant à Ankara "d'arrêter son opération militaire". Mais le texte a été bloqué par la Russie et la Chine.
Lors d'une conversation téléphonique avec M. Trump, le président français Emmanuel Macron a pour sa part réclamé l'arrêt de l'offensive turque "au plus vite".
Des ONG ont mis en garde contre un nouveau désastre humanitaire en Syrie où la guerre, qui s'est complexifiée avec l'intervention de multiples acteurs régionaux et internationaux, a fait plus de 370.000 morts depuis 2011 et déplacé des millions de personnes.
Attentat de l'EI
Plusieurs pays, surtout européens, s'inquiètent du sort des civils mais aussi de celui des membres de l'EI détenus par les forces kurdes et qui pourraient s'enfuir.
Semblant confirmer ces craintes, les autorités kurdes ont affirmé vendredi 11 octobre que cinq jihadistes de l'EI s'étaient évadés d'une prison près de la ville à majorité kurde de Qamichli (Nord-Est) après des raids turcs.
En outre, une émeute a éclaté dans le camp d'Al-Hol, contrôlé par les Kurdes, où vivent des milliers de familles de jihadistes présumés.
Et l'EI a revendiqué un attentat à Qamichli qui a fait six morts.
D'après les médias turcs, Ankara souhaite prendre le contrôle de la bande entre Ras al-Aïn et Tal Abyad afin d'éloigner de la frontière les YPG.
La Turquie, qui a déjà mené deux offensives dans le Nord de la Syrie, l'une en 2016 contre l'EI et les YPG et en 2018 contre les YPG, voudrait à terme installer dans la "zone de sécurité" qu'elle souhaite instaurer une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens vivant sur son sol.
Par dizaines de milliers, les Kurdes ont fui leurs foyers, trouvant refuge dans des villes épargnées par les bombardements comme Hassaké et Tall Tamr, plus au Sud. "L'Amérique nous a vendus", a lancé en colère Jihane, une mère de famille déplacée à Hassaké.
AFP/VNA/CVN