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La conférence internationale intitulée "Agriculture intelligente : potentiels et réalités" s'est tenue en ligne et en présentiel le 25 novembre 2021 à Hanoï. |
L'agriculture demeure l'un des secteurs clés auxquels les pays dans le monde, notamment ceux en voie de développement, consacrent une grande préoccupation. Dans les pays développés où le taux de cette filière représente progressivement sa part minoritaire dans la répartition du PIB, la productivité agricole a pourtant connu une forte augmentation grâce à l'application en masse de nouvelles technologies.
En effet, la 4e révolution industrielle a radicalement changé notre vie socio-économique, impactant profondément tous les secteurs dont l'agriculture. Celle-ci est en transition vers l'agriculture intelligente qui profite des résultats des nouvelles technologies pour optimiser la productivité et la qualité des produits, en se penchant sur le développement durable. Cette filière devrait désormais garantir la sécurité alimentaire et l'exploitation convenable des ressources naturelles au niveau tant national que mondial.
Bénéficiant de meilleures opportunités dans le développement agricole, le Vietnam devrait définir ses propres stratégies propices à cette nouvelle tendance, dans le but de parvenir à une agriculture plus productive et plus résistante à l'aide de la révolution industrielle. Ainsi, la conférence internationale ayant pour thème "Agriculture intelligente : potentiels et réalités" s'est organisée en vue de rassembler les différents points de vue sur ce sujet. Ses objectifs : proposer de nouvelles orientations sur la mise en place de ladite tendance au Vietnam par le biais d'expériences et de discussions de la part des experts vietnamiens et étrangers. Une occasion exceptionnelle qui "permettra assurément de dessiner les contours des enjeux de l'agriculture et de la transformation numérique", a déclaré Chékou Oussouman, représentant de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en Asie-Pacifique, lors de son discours inaugural.
Les intervenants participant en présentiel à la conférence à Hanoï. |
Coopération face aux défis mondiaux
Les intervenants ont tous partagé les défis auxquels le monde doit faire face actuellement et qui impactent négativement l'agriculture. Le changement climatique causant les "catastrophes naturelles cruelles récemment en Europe et au Vietnam" exige une nouvelle adaptation du secteur agricole ou ce dernier est obligé de "nourrir une population mondiale en croissance constante", comme ce qu'a constaté Paul Jansen, ambassadeur de Belgique au Vietnam, avant de questionner comment l'agriculture répondra à ces défis tout en "respectant l'environnement et préservant nos conditions de vie".
Le représentant de l'OIF en Asie-Pacifique, Chékou Oussouman, prononce son discours inaugural. |
M. Oussouman, pour sa part, a rappelé la coopération en agriculture au sein de l'espace francophone où se regroupent nombre de "pays au top du classement des producteurs agricoles performants (c’est le cas des pays de l’Union européenne)" et de "régions à fort potentiel de demande et de croissance, en déficit alimentaire chronique comme le cas de l’Afrique dont 32 pays sur 54 sont membres de la Francophonie".
Booster la transition numérique
Le représentant de l'OIF en Asie-Pacifique a également misé sur les devenirs de collaboration entre cette organisation et le Vietnam ces dernières décennies, qui devrait aboutir, selon lui, à une coopération plus serrée en matière d'agriculture intelligente. Et ce non seulement pour relever les défis actuels de l'agriculture, intensifier la transition numérique dans ce secteur mais aussi pour "aller plus loin dans la réflexion sur le rapprochement entre la Francophonie et ses États membres sur l'agriculture intelligente, prospère, inclusive et durable".
Nguyên Quôc Toan, directeur du Département de la transformation des produits agricoles et du développement des marchés, relevant du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, a affirmé les orientations à long terme du Vietnam vers une plate-forme numérique dédiée à ses produits agricoles et aussi une numérisation plus "intégrale et profonde" du secteur. Il a aussi relevé le problème d'urgence actuel du Vietnam quand "nos paysans demeurent assez loin des nouvelles technologies". "Il faudrait des soutiens convenables pour faciliter leur accès à l’agriculture intelligente", a-t-il remarqué.
Ayant effectué ses études postuniversitaires en France pendant huit ans, M. Toan s'est déclaré confiant dans les "perspectives de coopération entre les pays membres de la Francophonie" pour "tirer parti des technologies de pointe" au service de la filière agricole.
Experts vietnamiens et étrangers ont partagé leurs différents points de vue et leurs expériences sur l’agriculture intelligente. |
Un espace d'échange
La conférence a pu devenir un espace d'échange pour les experts vietnamiens et francophones, qui ont partagé avec élan leurs points de vue et leurs recommandations sur la mise en place de l'agriculture intelligente au Vietnam, en se basant sur les expériences d'autres pays.
La première séance de discussion a abordé les grandes problématiques liées à cette nouvelle approche, à savoir : les potentiels et les réalités de l'agriculture intelligente face au changement climatique, avec des exemples au Vietnam et des modèles de fermes intelligentes en Afrique et dans le monde.
Le vice-président de l'Académie vietnamienne des sciences agricoles (VAAS), Thê Anh, a souligné "les affres du changement climatique" qui avaient profondément bouleversé la structure agricole du Vietnam. Cela exige donc des autorités locales de mettre en place une nouvelle stratégie de résilience à ces impacts négatifs. "Élaborer un processus de transition plus concret au niveau central comme local et focaliser sur les recherches constitueront des volets importants pour une meilleure agriculture au Vietnam", a-t-il indiqué. Sans oublier de mettre en relief l'importance du "partenariat public-privé dans le but d'accélérer ce processus dans le pays".
De son côté, Kaloyan Kolev, spécialiste de programme chargé de la coopération et du suivi des projets de l'OIF, a plaidé pour les opportunités procurées par les nouvelles technologies comme l'Internet des objets (IdO), la robotique, les drones… Selon lui, "le numérique est la clé pour atteindre les objectifs de l’agriculture intelligente".
Le directeur de l'IFI, Ngô Tu Lâp, a clôturé la conférence. |
Éventail d'expériences à partager
La deuxième séance de discussion est portée sur diverses expériences internationales partagées par experts vietnamiens et étrangers. Salaheddine Lalaouinajih, premier secrétaire chargé des Affaires économiques à l’ambassade du Maroc au Vietnam, a présenté des expériences d'application de l'agriculture intelligente dans son pays, tandis que le secrétaire exécutif de l'Agence des cafés Robusta d’Afrique et Madagascar (ACRAM), Ismael Ndjewe Ndomba, a mis en avant le rôle de cette tendance comme "levier de croissance" pour la filière café en Afrique.
Les représentants du Vietnam ont aussi partagé leurs expériences dans l'application des modèles de l'économie circulaire dans l'agriculture biologique. Ce nouveau mouvement est souhaité être largement appliqué dans l’ensemble du pays, notamment dans le contexte où le secteur agricole connaît une mutation radicale face aux défis actuels et que le marché domestique et étranger demande de nouvelles exigences sur la qualité des produits agricoles.
La conférence s'est clôturée par le discours de Ngô Tu Lâp, directeur de l'IFI, qui a salué "une palette variée d’opinions" des experts vietnamiens et étrangers, lesquelles "ont identifié les éléments induisant le développement durable de l'agriculture intelligente dans le monde entier".
Photos : IFI/CVN