>>François Hollande bat le record d'impopularité d'un président français depuis 1958
Le président français François Hollande lors d'une conférence de presse le 14 janvier 2014 à l'Élysée. |
"Je fixe un nouvel objectif, c'est que d'ici 2017, pour les entreprises et pour les travailleurs indépendants, ce soit la fin des cotisations familiales. Cela représente 30 milliards d'euros de charges", a déclaré le président de la République lors de sa troisième conférence de presse à l'Élysée.
Un tel allègement est une revendication de longue date du patronat. Le 14 janvier, comme le ministre du Travail, Michel Sapin, l'avait fait la semaine dernière, le chef de l'État a jugé la question "légitime". "Pourquoi ce serait les entreprises qui paieraient la politique familiale, qui bénéficie à tous les Français qui ont des enfants?", a-t-il relevé.
Les entreprises et travailleurs indépendants devront s'acquitter de 35,1 milliards d'euros de cotisations familiales en 2014, ce qui représente 62% du financement de la branche famille, le restant provenant de la CSG et de divers impôts et taxes.
M. Hollande a souligné que cette réforme est étroitement liée à l'avenir du Crédit d'impôt compétitivité emploi (Cice), instauré en novembre 2012 et qui doit se traduire par un allègement du coût du travail pour les entreprises (12 milliards en 2014 et 20 milliards en 2015).
À partir de 2016, "les entreprises, avec les partenaires sociaux", devront décider si elles préfèrent que le Cice "soit transformé en baisse de cotisations, ou qu'il y ait le maintien du Cice et un allègement - mais qui à ce moment-là ne pourra pas être aussi conséquent - de cotisations", a précisé M. Hollande.
"Mais de toute manière, l'équivalent des cotisations familiales, 30 milliards, devra être trouvé pour baisser les charges des entreprises en contrepartie des emplois qui seront créés", a-t-il insisté.
Ces 30 milliards engloberont les 20 milliards d'euros déjà pris en charge par le Cice.
Lutte contre fraudes et abus
Il n'a pas précisé comment cette réforme serait financée, mais a assuré qu'il n'y aurait pas de "transfert de charges des entreprises vers les ménages", semblant exclure une hausse de la TVA ou de la CSG.
Dans un communiqué, l'Union nationale des associations familiales (Unaf) a demandé "comment seront compensés les milliards de perte de recettes pour la branche famille, déjà en déficit", estimant que "les entreprises bénéficient de la politique familiale" qui "permet aux salariés de mieux concilier leur activité professionnelle avec leur vie familiale".
Côté syndicats, la CGT s'est aussitôt "opposée à ce nouveau désengagement des entreprises de la solidarité nationale". La CFTC a aussi dit ne pas "pouvoir accepter un désengagement total des entreprises".
Pour le numéro un de FO, Jean-Claude Mailly, la suppression annoncée des cotisations patronales "menace l'avenir de la branche famille de la Sécurité sociale". La CFDT a souligné qu'elle "exigera(it) le maintien du pouvoir d'achat des salariés".
À la fin de la précédente législature, le gouvernement Fillon avait fait voter une hausse de 1,6 point de la TVA pour financer une baisse de 13,2 milliards d'euros des cotisations familiales, mais cette mesure avait été abrogée par la gauche.
M. Hollande a rappelé qu'une réflexion était engagée "sur le mode de financement de la protection sociale (...) pour que nous puissions regarder plus largement la question des cotisations sociales, pas seulement sur la famille".
Le Haut conseil du financement de la protection sociale a été saisi le 19 décembre pour réfléchir d'ici au mois de mai à une diversification des ressources. Il remettra "un premier rapport fin février", a souligné le président.
Il a par ailleurs réaffirmé qu'il fallait "lutter contre les fraudes et les abus" concernant la Sécurité sociale. Ces fraudes "représentent 600 millions d'euros", a-t-il relevé.
Selon lui, il faut surtout lutter contre la multiplication des prescriptions ou la consommation excessive de médicaments.
Les dépenses de santé ont déjà été bien maîtrisées ces dernières années mais le gouvernement envisage de nouvelles économies pour la branche maladie, afin de prévenir une explosion de son déficit dans les décennies à venir.
AFP/VNA/CVN