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Gemalto vient d'être racheté par Thales. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'"accord de rapprochement" valorise Gemalto à environ 4,8 milliards d'euros en offrant 51 euros pour chacune de ses actions, et laisse sur le bord de la route le groupe Atos dont l'offre à 46 euros par action se montait à 4,3 milliards d'euros au total.
Dans un communiqué dimanche soir 17 décembre, le groupe informatique Atos a annoncé abandonner la partie : "le conseil d'administration d'Atos qui s'est réuni dans la soirée, a décidé de ne pas donner suite à sa proposition d'acquérir la société Gemalto au prix de 46 euros par action".
Thales, dont la sécurité est l'une des branches à côté de l'aérospatial, du transport et de la défense, et compte au total 64.000 salariés dans 56 pays, veut ainsi présider avec le spécialiste de la protection des données à la "création d'un leader mondial du marché en croissance rapide de la sécurité digitale", selon un communiqué conjoint.
Avec cette acquisition, Thales "se classera parmi les trois principaux acteurs mondiaux avec 3,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires sur le marché en forte croissance de la sécurité numérique".
Le groupe aura recours pour ce rachat à un "financement bancaire de 4 milliards d'euros" et précise à l'attention de ses actionnaires qu'il ne "modifiera pas sa politique de dividende".
Gemalto avait de son côté annoncé fn novembre la suppression de 288 emplois en France, sur fond de résultat opérationnel en forte baisse.
Pour le délégué général de "La République en marche", Christophe Castaner, "c'est pas l'État qui vient au secours de Gemalto - même si ça peut être la responsabilité de l'État. C'est surtout l'État qui veut une politique industrielle pour faire en France un leader mondial de la cyberscurité", a-t-il expliqué dimanche 17 décembre sur France 3.
Demandes non satisfaites
L'absorption par Thales ne doit pas se traduire par des pertes d'emplois supplémentaires en France, au moins pendant deux ans.
"Thales n'anticipe pas de suppressions d'emplois qui résulteraient de cette opération" et "s'engage à préserver l'emploi dans les activités françaises de Gemalto au moins jusqu'à fin 2019", selon le communiqué.
"Sur l'emploi, nos demandes ne sont pas satisfaites alors même que nous demandons l'arrêt de ce plan social", a dit de son côté Anthony Vella, délégué syndical central de la CFE-CGC chez Gemalto.
Gemalto compte 15.000 salariés au total dans le monde.
Thales, qui pèse quelque 18 milliards d'euros en Bourse, "apportera son activité numérique à Gemalto, qui continuera d'opérer sous sa propre marque, en tant qu'une des sept activités mondiales de Thales" et Philippe Vallée, directeur général de Gemalto, "prendra la tête de cette nouvelle activité".
Pour le Pdg de Thales Patrice Caine, il s'agit d'un "vrai projet de conquête, un accélérateur de croissance" pour "deux jumeaux dans le numérique" qui réunit "les deux plus grands groupes de tech mondiaux d'origine française".
Transition vers la eSIM
Il s'agit d'une "expansion commerciale qu'on va pouvoir jouer pour être plus fort sur l'ensemble du monde", a de son côté estimé M. Vallée.
Alors que le marché traditionnel de la carte SIM ne croît plus en volume, "nous sommes en train de travailler sur la transition du modèle de connexion des opérateurs vers la nouvelle SIM embarquée", ou eSIM, pour les "opérateurs mobiles qui ont besoin de connecter de plus en plus d'objets", a-t-il assuré.
Une carte SIM embarquée est une puce reprogrammable disponible en plusieurs formes et tailles. Elle reste dans l'appareil même lorsque l'utilisateur change d'opérateur.
Un autre acheteur pourrait encore se faire connaître pour empêcher la fusion de Gemalto et de Thales, dont la réalisation est prévue au second semestre 2018, mais devrait payer au moins 9% de plus que Thales.
Thales et Gemalto tiendront une conférence de presse lundi matin 18 décembre au siège de Thalès à la Défense.
Gemalto est né en 2006 de la fusion de Gemplus (pionnier français de la carte à puce, inventée par Roland Moreno) et d'Axalto (fruit de la fusion des activités cartes à puce de Bull et de Schlumberger).
Gemalto fabrique toujours des cartes à puce, un marché difficile sur lequel il a essuyé des revers aux États-Unis.
AFP/VNA/CVN