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Un enfant porte un drapeau indépendantiste calédonien lors d'un meeting du FLNKS à Nouméa, le 30 octobre. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Avec un taux de 41,81%, la participation pour ce scrutin à midi est largement supérieure à celui enregistré pour les élections provincales en 2014 (27,27%).
Les 284 bureaux de vote ont ouvert à 08h00 (21h00 GMT). Près de 175.000 électeurs de cet archipel français, colonisé en 1853 et disposant d'importantes réserves de nickel, ont jusqu'à 18h00 (06h00 GMT) pour dire s'ils veulent "que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante".
Cette consultation, prévue par l'accord de Nouméa signé en 1998, est destinée à poursuivre le travail de réconciliation entre Kanak, peuple autochtone du territoire, et Caldoches, population d'origine européenne, entamé avec les accords de Paris de 1988. Ces derniers avaient été signés après les violences des années 1980 qui avaient culminé avec la prise d'otages et l'assaut de la grotte d'Ouvéa en mai 1988, faisant au total 25 morts.
Le référendum est attentivement surveillé par Paris, à 18.000 km de là. Le président Emmanuel Macron s'exprimera à la télévision à 12h00 dimanche 4 novembre (23h00 heures locales) à l'issue de la proclamation du résultat.
Pour rendre ce scrutin incontestable, 250 délégués dépêchés par l’État, et des experts de l'ONU sont présents dans les bureaux.
Dans celui de l'école Candide Koch, dans le quartier de la Vallée des colons à Nouméa, une longue file d'attente témoigne de l'affluence. "Mon choix a été fait depuis longtemps, c'est un choix pour la France, pour les garanties qu'elle apporte. C'est l'assurance, la sécurité", explique Patrick Levenchaud, fontionnaire de 54 ans.
Elie Poigoune est une figure historique de la cause kanak, le 1er novembre lors d'un entretien avec l'AFP. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Impatience
À l'école Gustave Mouchet, dans le quartier populaire de Montravel, la population, à majorité kanak, fait aussi la queue: "C'est un geste symbolique", explique Alain, 46 ans, qui travaille à la Société Le Nickel (SLN), plus grand employeur privé de Nouvelle-Calédonie. "C'est le premier vote qui va définir vraiment le pays. Je l'attendais avec impatience. J'espère que le oui va l'emporter".
Les trois partis loyalistes, très divisés, défendent le maintien dans la France: Calédonie ensemble (droite modérée), le Rassemblement LR et les Républicains calédoniens. Ils mettent en avant la protection de la France et ses 1,3 milliard d'euros d'aides annuelles.
Ils espèrent que ce premier référendum sera aussi le dernier alors que l'accord de Nouméa prévoit la possibilité de deux autres consultations dans les quatre ans. Mais ils entendent continuer à dialoguer avec les Kanak et l'État.
En cas de victoire du oui, le FLNKS (indépendantiste) a indiqué qu'il ne souhaitait pas une rupture avec la France, mais une indépendance en partenariat avec elle.
Pour le Premier ministre Edouard Philippe, qui arrive sur le Caillou dès le lendemain du scrutin, ce référendum marque "le début de la Nouvelle-Calédonie qui veut construire un avenir".
"C'est un événement historique que tout le monde a souhaité, mais paradoxalement, l'enjeu a perdu de son intensité", note Pierre-Christophe Pantz, docteur en géopolitique. "La campagne a été très calme, le référendum ne suscite pas d'engouement, les enjeux se sont banalisés", notamment parce que "les Calédoniens pensent que cela ne va pas changer leur quotidien", mais aussi parce que les sondages prédisent une large victoire du non, dans une fourchette de 63 à 75%.
Pour Paul Fizin, docteur en histoire, "si le taux d'abstention est fort, il mettra en évidence que le projet indépendantiste n'a pas irrigué dans toute la société".