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Dans un hypermarché à Villeneuve-la-Garenne, dans les Hauts-de-Seine, le 29 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Une série d'indicateurs publiés mercredi 31 mai par l'Institut national de la statistique (Insee) dresse un tableau mi-figue mi-raisin de la situation économique française, à deux jours d'une éventuelle dégradation de la dette publique du pays par l'agence de notation S&P Global.
La hausse des prix, qui a atteint durant l'année écoulée des niveaux inédits en près de quarante ans, frappant les ménages directement au portefeuille, marque une accalmie bienvenue.
Les prix ont continué à augmenter sur un an en mai, de 5,1%, mais moins fortement que les mois précédents (5,9% en avril et 6% en début d'année), selon l'Insee. C'est un point bas depuis avril 2022.
À l'origine du choc inflationniste en 2022, les prix de l'énergie ont enregistré un sérieux coup de frein (2%), tandis que ceux de l'alimentation, devenue le principal moteur de l'inflation, ont ralenti à 14,1%, à un niveau toutefois encore très élevé.
Le ralentissement s'observe également pour les services et les produits manufacturés.
Consommation en berne
"Cette tendance baissière devrait se prolonger à l'été et à l'automne, dans le sillage de la baisse générale du prix des matières premières", a estimé l'économiste Sylvain Bersinger, dans une note du cabinet Asterès.
Selon le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, il est "très probable que nous ayons passé le pic" d'inflation.
Toutefois, "l'inflation est quand même là. On ne parle pas encore de diminution des prix, plutôt d'un ralentissement", a prévenu Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, interrogée par l'AFP.
Pour tenter d'enrayer la spirale des prix dans les rayons des supermarchés, le gouvernement presse cependant les géants de l'agroalimentaire de rouvrir les négociations avec les distributeurs.
Si l'inflation marque le pas, les mauvais chiffres de la consommation des ménages viennent noircir l'horizon.
La consommation, qui est l'un des principaux moteurs de la croissance, a accentué sa baisse en avril. Elle a chuté de 1%, après -0,8% en mars et -0,3% en février, du fait d'une moindre consommation en énergie comme en produits alimentaires.
"Normalement, quand il y a une chute, cela rebondit après. Ca ne rebondit pas", constate Charlotte de Montpellier. "C'est clair : les perspectives économiques s'assombrissent très nettement et très rapidement", a-t-elle commenté, "il faudra probablement s'attendre à un deuxième trimestre plus faible que le premier" en termes de croissance.
Entre janvier et mars, le produit intérieur brut (PIB) de la France a enregistré une hausse modérée de 0,2%, soutenue par le commerce extérieur tandis que la demande intérieure a été en berne.
"Risques" pour la croissance
"Nous résistons" mais "je suis lucide sur les risques qui pèsent aujourd'hui sur notre croissance et sur l'économie française", a déclaré sur France Inter le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, évoquant un environnement économique "plus difficile", marqué par l'entrée en récession de l'Allemagne et la persistance de la crise en Ukraine.
Pour l'ensemble de l'année 2023, qui devrait connaître un fort ralentissement, il a confirmé mercredi 31 mai son anticipation d'une croissance à 1%, plus optimiste que les prévisions de la Banque de France (0,6%) ou du Fonds monétaire international (FMI) (0,7%).
Avant l'évaluation très attendue de S&P, il a aussi réaffirmé sa détermination à remettre sur pied des finances publiques malmenées par les crises sanitaire et énergétique, assurant qu'il serait "intraitable" sur la réduction des déficits et sur le désendettement de la France.
La petite progression du PIB au premier trimestre fait suite à une atonie de la croissance sur les trois derniers mois de 2022, révisée en baisse de 0,1 point comme celle de l'ensemble de l'an dernier, à 2,5%.
Les investissements des entreprises se sont repliés, pénalisés notamment par la raréfaction du crédit et la remontée des taux d'intérêt après le resserrement monétaire musclé opéré par la Banque centrale européenne (BCE) pour juguler l'inflation et revenir à l'objectif de 2% d'ici 2025.
AFP/VNA/CVN