France : la grève continue à TotalEnergies

Le gouvernement a brandi la menace de nouvelles "réquisitions" de salariés en cas de "situations très tendues" dans les dépôts pétroliers, jugeant "inacceptable" la poursuite de l'immobilisation de sites de TotalEnergies et demandant aux grévistes "de ne pas bloquer le pays".

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Pénurie d'essence dans une station-service à Paris, le 15 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Sur le plateau du journal télévisé du 20h00 sur TF1, la Première ministre Elisabeth Borne a haussé le ton en demandant aux salariés grévistes de TotalEnergies "de respecter l’accord majoritaire et de ne pas bloquer le pays avec toutes les difficultés que cela crée".

Avant elle, c'est Gabriel Attal, ministre des Comptes publics, qui était monté au créneau dans la matinée en jugeant "inacceptable qu'il y ait la poursuite de blocages alors même que des accords majoritaires ont été trouvés pour revaloriser les salaires" chez le géant pétrolier.

Actuellement, les grèves concernent trois raffineries (sur sept) et cinq gros dépôts (sur environ 200) et sont plus ou moins suivies selon les sites de TotalEnergies, selon le gouvernement. Il s'agit des sites TotalEnergies de Normandie (raffinerie et dépôt), Donges (raffinerie et dépôt), La Mède (bioraffinerie et dépôt), Flandres (dépôt) et Feyzin (dépôt, la raffinerie étant à l’arrêt pour raison technique).

Seul un dépôt de TotalEnergies, celui de Flandres près de Dunkerque, a fait l'objet d'une réquisition lancée jeudi 13 octobre par le gouvernement. La préfecture du Nord a indiqué dimanche 16 octobre qu’il n’y aurait pas d’arrêté de réquisition pris pour la nuit de dimanche à lundi sur ce dépôt.

Au total, "30,1% des stations-service" connaissaient dimanche soir des problèmes d'approvisionnement sur au moins un carburant, contre 27,3% samedi 15 octobre : "c'est trop", a concédé la Première ministre, qui n'a pas exclu de nouvelles réquisitions en cas de "situations très tendues".

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui était interviewé sur Radio J, en réclame, estimant que "les 150 personnes des raffineries prennent les Français en otage".

Selon le patron des patrons, une semaine de pénurie supplémentaire, "ça risque vraiment d'avoir un impact sur l'économie. Ce n'est pas une grève normale, le droit de grève a des limites".

La situation s'est empirée dans les Hauts-de-France (23,4% de stations en difficulté contre 22% samedi) et en Ile-de-France (41,6% contre 39,9%) et en Centre-Val-de-Loire (42,8% contre 36,4%) et la situation reste également tendue en Bourgogne Franche-Comté (39,4%) et en Auvergne-Rhône-Alpes (37,9%), du fait de livraisons moins nombreuses en week-end, selon le gouvernement.

La ristourne de 30 centimes prolongée

Carte montrant les raffineries et principaux dépôts sur le territoire de la France métropolitaine. Photo : AFP/VNA/CVN

"Mon père de 91 ans ne se voyait pas faire la queue pendant une heure", a raconté Virginie à l'AFP dans une station-essence du quartier de Fives à Lille, faisant le plein de gazole pour ses parents. Alors qu'une file de voitures débordait sur la rue ces derniers jours, "là ça a l’air de se calmer", ajoute-t-elle.

À Lyon, Serge Almodovar, 56 ans, est en revanche très déçu : la station qui était indiquée comme "ouverte" sur un site est fermée : "C'est un peu gênant d'autant qu'il me reste très peu d'essence dans mon réservoir. Je prends ça avec philosophie. Heureusement qu'on ne travaille pas aujourd'hui", souligne-t-il.

Alors que la grève a fait drastiquement monter les prix à la pompe, la Première ministre a annoncé la prolongation de la ristourne de 30 centimes, assurant que TotalEnergies allait "également" prolonger sa remise de 20 centimes. La remise financée par l'État devait baisser à 10 centimes à partir du 1er novembre pour deux mois.

Un accord sur des augmentations salariales a été conclu dans la nuit de jeudi à vendredi avec deux syndicats majoritaires de TotalEnergies, la CFDT et la CFE-CGC.

L'accord prévoit une "enveloppe" globale de hausse des salaires de 7%, dont 5% d'augmentation pour les ouvriers et techniciens et 3,5 % pour les cadres, plus une part individuelle qui pourra différer selon les personnes. Il prévoit, en outre, une prime d'un mois de salaire, avec un plancher de 3.000 euros et un plafond de 6.000 euros.

La CGT continue elle à réclamer 10% correspondant à "l'inflation plus le partage" des bénéfices engrangés par l'entreprise pétrolière, à savoir 5,7 milliards d'USD pour le seul deuxième trimestre (5,8 milliards d'euros). Le syndicat compte poursuivre le mouvement jusqu'à mardi, journée de "mobilisation et de grève" interprofessionnelle à laquelle ont aussi appelé FO, Solidaires et la FSU.

Parallèlement, dimanche une marche contre "la vie chère et l'inaction climatique" à l'appel de la Nupes a rassemblé selon LFI 140.000 participants dimanche, mais seulement 30.000 selon une source policière et 29.500 selon un comptage du cabinet Occurrence pour un collectif de médias, dont l'AFP.

AFP/VNA/CVN

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