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Vue sur la centrale de Flamanville, le 9 février. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Une explosion est survenue ce jeudi matin 9 février vers 10h00 à la centrale nucléaire de Flamanville, dans la Manche, mais "hors zone nucléaire" et sans faire de blessé grave, selon la préfecture qui assure de "l’absence de tout risque nucléaire".
La production du réacteur 1 a été en conséquence arrêtée, selon la préfecture et EDF. La centrale de Flamanville compte deux réacteurs habituellement en fonctionnement et un troisième de nouvelle génération, le fameux EPR, en cours de construction.
Cinq personnes légèrement intoxiquées
Cet "incident technique significatif" n'est "pas un accident nucléaire" selon la préfecture.
"Cinq personnes ont été légèrement incommodées par des dégagements de fumée. Elles sont indemnes", a déclaré le préfet de la Manche Jacques Witkowski soulignant "l'absence de tout risque nucléaire".
"Un ventilateur a explosé. C'est un problème mécanique. Il s'est mis à surchauffer et cela a provoqué un dégagement de fumée et un incendie", a précisé M. Witkowski.
D'après EDF, il y a eu "une détonation" mais "en aucun cas une explosion".
L'incident a été détecté à 09h40 selon EDF et s'est terminé avant midi, selon la préfecture. "Tout est fini. Tous les services de secours sont en train de repartir", a déclaré peu avant midi M. Witkowski.
"Il n'y a pas eu de conséquence pour la sûreté des installations ni l’environnement", a aussi insisté EDF.
"Avec les deux récents incendies qui ont eu lieu à la centrale de Cattenom, en Moselle, il s’agit du troisième incendie sur une installation nucléaire en dix jours", dénonce Greenpeace dans un communiqué.
"L'ASN a elle-même déclaré que l'état de la sûreté nucléaire est préoccupant" en France, rappelle l'ONG qui prône la sortie du nucléaire. "Tout cela s'inscrit dans un contexte de dégradation grave des réacteurs français, dont plus de la moitié sont touchés par une centaine d’anomalies graves", conclut Greenpeace.
Sept autres réacteurs d'EDF sont arrêtés actuellement, d'après le site du gestionnaire du réseau électrique à haute tension RTE.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) "est informée" de la situation à Flamanville, a seulement indiqué une porte-parole.
Des précédents
La centrale de Flamanville est souvent sous les projecteurs des médias en raison des déboires de son réacteur EPR en construction depuis 2007 et dont le coût a plus que triplé depuis.
Mais les deux autres réacteurs en fonctionnement ont aussi connu des problèmes techniques ces dernières années.
Le plus marquant a été un dégagement de fumée non radioactive qui s'est produit en août 2015 au niveau du réacteur 2 et qui avait entraîné le déclenchement pendant quelques heures d'un plan d'urgence. Mais l'absence de feu a ensuite été confirmée.
Le réacteur 2 a dû ensuite être arrêté cinq semaines fin 2015, début 2016, après la panne d'un transformateur qui a dû être remplacé.
En octobre 2015, EDF avait par ailleurs déclaré un incident de niveau 1 sur 7 à la centrale de Flamanville après avoir découvert que "quelques" joints n'étaient pas les bons sur ses deux réacteurs en fonctionnement.
Mis en service en 1985 et 1986, les réacteurs n°1 et 2 de Flamanville ont produit 4,5% de la production nucléaire française, indique EDF sur son site internet.
Ils affichent une puissance de 1.300 mégawatts (MW) chacun.
EDF présente la sûreté comme "la première priorité" des équipes du site, qui se composent de 810 salariés du groupe et environ 350 employés d'entreprises prestataires.
Selon l'énergéticien, "le taux de fréquence d'accidents (nombre d'accidents par million d'heures travaillées) s'est élevé à 2,3" l'an dernier, contre 2,6 en 2015. "Soit cinq accidents ayant entraîné un arrêt de travail", contre huit l'année précédente.
Le nucléaire est actuellement la première source de production d'électricité en France, avec une part d'environ 75%.
Le gouvernement souhaite ramener cette part à 50% à l'horizon 2025.