Forte poussée de l'extrême droite en ex-RDA

L'extrême droite allemande a enregistré une forte poussée dimanche 1er septembre, 30 ans après la chute du Mur de Berlin, lors de deux élections régionales en ex-RDA en forme d'avertissement pour la fragile coalition d'Angela Merkel.

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Andreas Kalbitz, candidat du parti AfD dans le Brandebourg, réagit aux premiers résultats des élections, le 1er septembre 2019 à Werder an der Hava, près de Potsdam, en Allemagne.

L'Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui pourfend la politique d'accueil de centaines de milliers de migrants par la chancelière ces dernières années, obtient 22,5% dans le Brandebourg, le Land qui entoure Berlin, contre 12,2% en 2014, et 27,5% en Saxe, dans le Sud-Est (9,7% en 2014), selon des estimations des médias allemands. L'Est de l'Allemagne confirme son statut de bastion électoral de l'AfD, nettement plus faible à l'Ouest du pays. Une illustration de la césure persistante en Allemagne trois décennies après sa réunification. "L'AfD fait désormais partie du paysage quotidien à l'Est", jugeait le politologue Karl-Rudolf Korte. L'Est subit "un spectaculaire glissement vers la droite", abondait un autre politologue, Wolfgang Schröder. Sans décrocher de première place ni être en mesure de gouverner ces deux Länder, ce qui constitue pour elle une déception, l'extrême droite a ainsi revendiqué dimanche un "grand succès". "Nous ne sommes pas encore la force la plus puissante, il manque encore quelque chose. Le travail commence", a toutefois concédé un responsable du mouvement, Alexander Gauland. "Citoyens de seconde zone" 

Alexander Gauland, co-leader du parti AfD, le 1er septembre 2019 à Werder an der Havel, près de Potsdam.

Quelque 5,5 millions de personnes étaient appelées aux urnes pour élire leurs nouveaux parlements régionaux. S'il ne s'agit que d'environ 12% du corps électoral allemand, ces scrutins, complétés par un troisième en Thuringe, autre région de l'ex-RDA, le 27 octobre, sont scrutés à la loupe. Dans le Brandebourg, le parti social-démocrate, partenaire minoritaire de la coalition gouvernementale de Mme Merkel à Berlin, parvient à sauver sa première place avec 27,5%, selon les estimations. En Saxe voisine, les conservateurs d'Angela Merkel, dont ce Land constitue un fief, arrive certes en tête avec plus de 32%, devançant l'AfD de 5 points environ dans cette région berceau du mouvement islamophobe Pegida. Mais avec un net repli depuis 2014 (39,4%). Les partis établis, en particulier la CDU, ont d'ores et déjà prévenu qu'ils ne formeraient pas de coalition avec l'AfD, qui présentaient de surcroît dans ces régions des figures issues de sa frange la plus radicale. Ces Länder pourraient ainsi se trouver gouvernés par de larges alliances hétéroclites associant droite et gauche, au risque d'attiser un peu plus les mécontentements. Dans des régions où nombre de jeunes continuent d'émigrer chaque année vers l'Ouest de l'Allemagne et ses salaires plus alléchants, les Allemands de l'ex-RDA souffrent d'un sentiment de déclassement, malgré une forte baisse du chômage depuis 10 ans. Plus d'un électeur sur deux (54% en Saxe, 51% dans le Brandebourg) juge ainsi que les habitants de l'Est sont traités comme des "citoyens de seconde zone", selon un sondage diffusé dimanche par la première chaîne de ARD. Pas de percée verte 

Le candidat du parti AfD pour la Saxe, Joerg Urban, réagit aux premiers résulats des élections, le 1er septembre 2019 à Dresde, en Allemagne.
Photo: AFP/VNA/CVN

La politique d'accueil des réfugiés menée depuis 2015 par Angela Merkel a ainsi heurté une partie de la population qui a eu le sentiment que l'Etat s'occupait davantage des migrants que de leur sort. L'AfD a surfé sur ces peurs en faisant campagne contre des formations traditionnelles qu'elle assimile à l'ancien parti communiste de la RDA, tout en défendant un credo climato-sceptique.

Ces scrutins régionaux constituent une nouvelle claque pour la chancelière, à la tête depuis l'an dernier d'une coalition fragile avec le SPD, et qui a déjà annoncé qu'elle quitterait le pouvoir à l'automne 2021.
La coalition ne devrait toutefois pas encore imploser, puisque les deux partenaires ont conservé leur Land, la CDU la Saxe et le SPD le Brandebourg.
Le SPD, sans leader depuis quatre mois et en chute dans les sondages, va ainsi pouvoir se consacrer à l'élection de nouveaux dirigeants, avant de décider d'ici la fin de l'année de rester ou pas dans la coalition.
Devenu le deuxième parti à l'échelon fédéral, selon les sondages, les Verts ratent eux en partie le coche dans ces deux Länder industriels. Avec un score autour de 9% dans chacun des scrutins, ils sont en deçà des 14% promis par d'ultimes sondages.
Avec 10% dans les deux Länder, le parti de gauche radicale Die Linke perd lui autour de 8 points par rapport à 2014.


AFP/VNA/CVN

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