Percée annoncée de l'extrême droite dans l'Est de l'Allemagne

L'extrême droite allemande s'apprête dimanche 1er septembre à réaliser une percée lors de deux élections régionales en ex-RDA qui risquent d'entraîner la coalition d'Angela Merkel dans de nouvelles turbulences.

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En Saxe et dans le Brandebourg, deux Länder de l'Est de l'Allemagne, quelque 5,5 millions d'électeurs sont appelés aux urnes dimanche pour élire leurs nouveaux parlements régionaux. S'il ne s'agit que d'environ 12% du corps électoral allemand, ces scrutins, complétés par un troisième en Thuringe, autre région de l'ex-RDA, le 27 octobre, seront scrutés à la loupe en Allemagne, 30 ans après la chute du Mur.

Ils devraient en effet se solder par une nouvelle poussée de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), la formation d'extrême droite qui chamboule le paysage politique depuis 2013. Et qui détient ses bastions à l'Est, alors qu'elle est nettement plus faible dans l'ouest du pays, illustrant la coupure politique qui divise l'Allemagne trois décennies après sa réunification.

Mouvance radicale

Dans le Brandebourg, le Land qui entoure Berlin, l'AfD est donnée dans un ultime sondage à 21%, un point derrière le parti social-démocrate, qui aujourd'hui tient les manettes au sein d'une coalition de gauche. En Saxe voisine, l'autre région qui vote dimanche, l'AfD est devancée par les conservateurs d'Angela Merkel (CDU), dont ce Land est un fief, mais culmine à 24,5% dans les sondages.

Dans les deux il s'agira d'une spectaculaire progression par rapport aux précédents scrutins, si ces scores se confirment: de 8,8 points dans le Brandebourg et de près de 15 points en Saxe. Cela ne suffira toutefois sans doute pas à l'AfD pour accéder au pouvoir dans ces régions. Les partis établis, en particulier la CDU, ont d'ores et déjà prévenu qu'ils ne formeraient pas de coalition avec l'AfD. Le jeu politique va s'en retrouver pour autant très compliqué.

Ces Länder, qui disposent d'importantes prérogatives dans le système allemand en matière d'éducation ou de sécurité, pourraient être en effet gouvernés par de larges alliances hétéroclites associant droite et gauche. Et ce au risque de paralyser l'action politique et d'attiser un peu plus les mécontentements dans des régions déjà atteintes d'une "humeur sombre", selon les termes de Matthias Platzeck, président de la Commission "30 ans d'unité allemande".

Andreas Kalbitz, candidat de l'AfD, rencontre des électeurs en arrivant à un meeting à Koenigs Wusterhausen, en Allemagne de l'est, le 30 août 2019.
Photo: AFP/VNA/CVN

Dans des Länder où nombre de jeunes continuent d'émigrer chaque année vers l'ouest de l'Allemagne et ses salaires plus alléchants, les Allemands de l'ex-RDA souffrent d'un sentiment de déclassement, malgré une forte baisse du chômage depuis 10 ans. La politique d'accueil des réfugiés menée depuis 2015 par Angela Merkel a ainsi heurté une partie de la population qui a eu le sentiment que l'Etat s'occupait davantage des migrants que de leur sort.

Poussée des Verts?

L'AfD a surfé sur ces peurs et fait campagne contre des formations traditionnelles qu'elle assimile à l'ancien parti communiste de RDA. Ces scrutins régionaux auront valeur de test grandeur nature pour la chancelière, à la tête depuis l'an dernier d'une fragile coalition avec les sociaux-démocrates du SPD, et qui a déjà annoncé qu'elle quitterait le pouvoir à l'automne 2021. Les deux élections pourraient provoquer une "tempête" au sein de la coalition, selon le Spiegel.

Mme Merkel, originaire d'un autre Land de l'Est et très impopulaire parmi les sympathisants de l'AfD, s'est bien gardée de mener campagne. Elle a préféré laisser le terrain aux barons locaux de son mouvement, qui tentent de récupérer les électeurs partis vers l'extrême droite par un discours très ferme sur les questions de sécurité et migration.

Le SPD, sans dirigeant depuis plusieurs mois et en chute libre dans les sondages, est dans une situation encore pire. De quoi relancer les débats internes sur l'opportunité de rester membre de l'impopulaire coalition qu'il forme avec les conservateurs à Berlin. En vogue à l'échelon fédéral, les Verts pourraient eux tirer leur épingle du jeu. Traditionnellement faibles dans ces Länder industriels, ils sont crédités de plus de 10% dans les sondages. De quoi les rendre incontournables dans de futures coalitions.


AFP/VNA/CVN

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