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L'ancien secrétaire général de la FIFA Jérôme Valcke (gauche) le 11 octobre 2017 à Lausanne et le président du PSG Nasser Al-Khelaïfi le 4 mars 2017 à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Soupçons autour de l'attribution de droits TV du Mondial de football, luxueuse villa en Sardaigne occupée à l'époque par le N°2 de la FIFA, peine de prison encourue : voici ce que l'on sait de l'affaire de corruption dans laquelle Nasser Al-Khelaïfi, patron du groupe de télévision beIN Media et du PSG, a été inculpé jeudi 20 février :
Ce qui est reproché à Al-Khelaïfi et Valcke :
En mars 2017, une enquête est ouverte en Suisse pour "soupçon de corruption privée, d'escroquerie, de gestion déloyale et de faux dans les titres". Il est reproché à celui qui est alors N°2 de la FIFA, Jérôme Valcke, d'avoir accepté des avantages, contre lesquels il aurait cédé les droits télés de la Coupe du monde à des prix en dessous du marché.
Sept mois plus tard, la justice suisse annonce que Nasser Al-Khelaïfi et l'ex-N°2 de la FIFA Jérôme Valcke sont tous deux soupçonnés de corruption lors de l'octroi des droits TV de plusieurs Coupes du monde. Une perquisition des bureaux parisiens de la chaîne de télévision BeInSports est menée.
Ancien journaliste à Canal+, devenu le bras droit de Sepp Blatter à la FIFA et connu pour son goût pour les objets de luxe, Valcke a été suspendu 10 ans par la fédération internationale pour d'autres faits de corruption.
Dans le dossier Al-Khelaïfi, le Français est soupçonné d'avoir "accepté des avantages indus en lien avec l'octroi de droits média dans certains pays (...) concernant les Coupes du monde de football 2018, 2022, 2026 et 2030 et de la part de Nasser Al-Khelaïfi concernant les Coupes du monde de 2026 et 2030".
Le rôle exact de Nasser Al-Khelaïfi :
On soupçonne le président du PSG d'avoir mis "grâcieusement" à la disposition de Valcke une luxueuse demeure en Sardaigne, la Villa Bianca. Le Français a admis avoir profité de la villa mais en ayant "établi un bail et payé la location". Mais en janvier dernier, Mediapart et le consortium de médias EIC révèlent des textos qui mettent à mal la défense de Al-Khelaïfi. Ces messages, dont certains datent de 2014, dévoilent les demandes pressantes de Valcke au patron du PSG pour qu'il paye les factures de la demeure.
Valcke est également soupçonné d'avoir reçu une montre de luxe du patron de BeIn "en échange de son influence". Mais mercredi 19 février, la justice suisse a indiqué que ces soupçons n'ont "pas été confirmés. Une ordonnance de classement en lien avec ces faits a par conséquent été rendue en février 2020".
Ce que risquent les deux hommes :
Al-Khelaïfi : selon un juriste suisse, il encourt une sanction maximale de 5 ans de prison. Mais la peine effective est ensuite individualisée. Il est donc "douteux" que, s'il est reconnu coupable, Al-Khelaïfi soit condamné à une peine ferme, le sursis étant total ou partiel si la peine est égale ou inférieure à 2 ans. Son avocat réclame lui "l'acquittement plein et entier".
Valcke : en théorie, le maximum légal des deux infractions les plus graves (gestion déloyale et faux dans les titres) visant Valcke serait de 5 ans chacune, peine maximale ramenée à 7 ans et demi en cas de "concours d'infractions". Mais selon la pratique des tribunaux suisses, la peine prononcée sera "largement inférieure" si Valcke est reconnu coupable. Il pourrait probablement même bénéficier du sursis.