Folklorique : le hat xoan retrouve une nouvelle jeunesse

Lors de la fête des rois Hùng tenue en avril dernier dans la ville de Viêt Tri, province de Phu Tho (Nord), les pèlerins ont pu écouter du hat xoan. C'était la première fois que ces airs anciens agrémentaient cette grande fête annuelle.

hat xoan, littéralement "le chant printanier", est un art folklorique qui se pratique depuis belle lurette dans la province de Phu Tho. C'est dans cette "terre sainte" que, voici 4.000 ans, les rois Hùng ont fondé le premier État du Vietnam, appelé à l'époque Van Lang.

Plus d'une légende racontent l'apparition de cet art vocal, toutes plus ou moins liées à la période des rois Hùng. Le berceau du hat xoan se situe dans une contrée de collines comprenant les vieux villages d'An Thai, Thet, Phu Duc et Kim Dai. Avec le temps, ce chant a essaimé dans d'autres localités tout en restant cantonné à la province de Phu Tho. À l'origine, il s'agit d'un chant propitiatoire destiné à s'attirer les bonnes grâces des forces occultes qui gouvernent notre destinée. Les villages de hat xoan à Phu Tho ont toujours eu beaucoup de vénération pour les rois Hùng, les princesses et les chefs militaires de l'époque. Pour preuve, il y reste encore bon nombre de temples anciens. Au fil des siècles, le répertoire du hat xoan s'est étoffé pour donner naissance à un nouveau type, plus joyeux, interprété lors des fêtes.

Le hat xoan serait le plus ancien chant folklorique du Vietnam, selon des chercheurs. Il s'est perpétué à travers des siècles, mais ne subsiste plus qu'au sein de quelques communautés villageoises de la moyenne région du Nord, dans la province de Phu Tho. Des enquêtes sociologiques réalisées au début des années 1990 ont montré que bon nombre d'airs anciens étaient tombés dans l'oubli, et qu'il ne restait plus que 70 autochtones capables d'en interpréter certains, dont la moitié âgés de plus de 60 ans.

Chant rituel et chant festif - deux en un

"L'art millénaire du hat xoan est aujourd'hui en train de renaître. Sa renaissance tombe justement au moment où le pays s'attelle à renforcer son intégration mondiale ainsi que ses échanges culturels internationaux. Il s'agit donc d'une bonne occasion pour ces airs folkloriques de résonner loin des frontières", s'enthousiasme le chercheur en culture populaire Nguyên Khac Xuong. Mais avant tout, le hat xoan doit être bien connu des habitants du Nord, des jeunes notamment. Le chercheur souhaite que cet art folklorique soit inscrit prochainement dans les programmes extrascolaires des collèges et lycées. "Car sa conservation nécessite obligatoirement l'implication de la jeune génération", insiste-t-il.

De longues années d'études sur l'art de hat xoan ont permis à Nguyên Khac Xuong de collecter les textes originaux, en caractères chinois, de 14 airs anciens. Son travail de recherche a montré que le hat xoan se compose de deux styles principaux, l'un pour les cérémonies cultuelles et l'autre pour les réjouissances populaires. Le premier se pratique devant les temples, afin d'honorer les rois Hung, les déités locales, le second pendant les fêtes. Une particularité qui fait l'attraction du hat xoan : il combine chant et danse, c'est-à-dire que ces airs sont toujours accompagnés d'une chorégraphie, différente d'un air à l'autre. Selon Nguyên Ngoc Xuong, "au Vietnam, beaucoup de chansons populaires sont accompagnées d'une chorégraphie spéciale. Mais la plus parfaite, c'est celle du hat xoan".

Nguyên Ngoc Xuong s'est aussi penché sur les costumes. Pour homme, il y a trois vêtements différents. Le premier est une double tunique de couleur noire (à l'extérieur) et blanche (à l'intérieur) que l'on porte avec un pantalon brun. Il est utilisé exclusivement lors des cérémonies cultuelles. Le second est une courte chemise de couleur brune agrémentée d'une ceinture rouge, et le dernier, une chemise blanche accompagnée d'une ceinture verte ou rouge. C'est avec ces costumes que les chanteurs se produisent lors des fêtes. Quant aux femmes, leur unique costume comprend une tunique à quatre pans brun-rouge et une longue jupe noire, sans oublier une fanchon sur la tête.

Les recherches méticuleuses de Nguyên Khac Xuong ont servi de base à la rédaction du dossier envoyé à l'UNESCO pour la reconnaissance de cet art vocal en tant que patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Ce dossier est depuis mars dernier sur le bureau de l'UNESCO.

Naissance de clubs de hat xoan

Dans l'espoir de donner un second souffle au hat xoan, la province de Phu Tho a lancé en 1995 divers projets spécifiques. Ainsi, elle a organisée un premier séminaire sur cet art vocal, qui a entraîné dans son sillage la naissance de quatre clubs dans les villages de An Thai, Thet, Phu Duc et Kim Dai (autour de la ville de Viêt Tri). Spontanément, les habitants des districts de Lâm Thao et Phu Ninh ont aussi créé leurs propres clubs. Des festivals de hat xoan ont été organisés régulièrement, rassemblant bon nombre de "villages chantants de hat xoan". L'occasion pour les chanteurs et chanteuses de faire entendre leur voix veloutée, montrer leur gestuelle parfaite et aussi leur apport pour le développement de hat xoan.

C'est le cas de Nguyên Thi Lich, présidente du club d'An Thai, passionnée de hat xoan depuis son enfance. Son club compte aujourd'hui plus de 40 amateurs. Ou encore de M. Ngu, un enseignant de hat xoan du village de Phu Duc, qui a ouvert un cours destiné aux enfants.

De nombreux lycées de Phu Tho ont aussi créé des clubs. De plus, des compositeurs professionnels et des amateurs locaux se sont mis à composer de nouveaux chants sur le rythme des airs anciens, permettant d'enrichir un répertoire qui ne doit pas rester figé.

Nul doute que tous ces efforts permettront au hat xoan de retrouver une nouvelle jeunesse, de rester dans la vie culturelle des Vietnamiens et, pourquoi pas, d'entrer dans la liste très fermée des patrimoines immatériels de l'humanité.

Nghia Dàn/CVN

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