Flux migratoires : la Hongrie bloque les migrants, l'Europe divisée

La Hongrie a de nouveau empêché le 1er septembre les migrants de rejoindre en train l'Autriche ou l'Allemagne, confrontées à un afflux record, alors que l'Europe reste divisée face à sa plus grande crise migratoire depuis la Deuxième Guerre mondiale.

>>Vaste manifestation à Vienne, des centaines de réfugiés arrivent en Allemagne

Plus de 350.000 personnes ont risqué leur vie depuis le début de l'année en traversant la Méditerranée pour gagner l'Europe, et 2.643 personnes sont mortes en mer lors de ce périple, a révélé par ailleurs mardi 1er septembre l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), donnant la mesure du phénomène.

Des migrants bloqués à la gare de Keleti le 1er septembre à Budapest.
Photo : AFP/VNA/CVN

À Budapest, les autorités ont fait évacuer la gare de Keleti après que quelque 500 migrants eurent tenté de monter, dans le chaos, à bord du dernier train qui devait partir pour Vienne. La gare a pu rouvrir mais a été interdite d'accès aux migrants, sans indications sur la pérennité de cette mesure.

L'évacuation, encadrée par plusieurs centaines de policiers, a provoqué une manifestation spontanée de 200 personnes devant la gare criant "Allemagne, Allemagne!", et "Nous voulons partir !", brandissant pour certaines leur bébé à bout de bras.

La veille, les autorités hongroises avaient fini par autoriser les candidats à l'exil à quitter leurs camps improvisés près des gares de la capitale. Conséquence : 3.650 migrants, dont beaucoup sans visas, sont arrivés lundi 31 août à Vienne, un record cette année pour une seule journée.

Un grand nombre d'entre eux ont passé la nuit du 31 août au 1er septembre dans la principale gare de Vienne, espérant poursuivre leur voyage vers l'Allemagne, qui a renoncé à renvoyer les Syriens vers leur point d'entrée dans l'UE, s'engageant du même coup à traiter leurs demandes d'asile.

D'autres migrants ont pu monter dans des trains à destination de la ville autrichienne de Salzbourg ou de Munich, dans le Sud de l'Allemagne. Selon la police allemande, 3.500 demandeurs d'asile sont passés d'Autriche en Bavière entre le 31 août et le 1er septembre, un record pour cette région.

Leur arrivée, au terme d'un périple épuisant, a déclenché une vague de solidarité de la part de dizaines de Munichois venus apporter habits, nourriture, eau et couches, au point que la police a demandé aux habitants de cesser leurs dons faute de pouvoir les gérer.

Par contre, la police slovaque a dû interdire l'accès au village de Gabcikovo, au sud de Bratislava, de plusieurs centaines de manifestants d'extrême-droite venus protester contre l'accueil prochain de 500 migrants à titre temporaire en vertu d'un accord avec l'Autriche.

Cet afflux de populations fuyant la guerre, les persécutions et la pauvreté au Moyen-Orient et en Afrique constitue "le plus grand défi pour l'Europe pour les années à venir", a estimé mardi 1er septembre le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy à Berlin.

L'Autriche traque les passeurs

Mardi 1er septembre encore, l'Italie a annoncé avoir secouru 221 migrants massés dans deux bateaux gonflables au large des côtes libyennes. Plus au nord, la Belgique a enregistré un flux sans précédent d'arrivées et un campement s'est improvisé près du principal centre d'enregistrement des réfugiés à Bruxelles.

En Suède, l'Agence des migrations a indiqué mardi 1er septembre que le nombre de demandes d'asile dans le pays avait approché la semaine dernière son record historique. "Toute l'Europe se trouve désemparée", a commenté une analyste de cette administration. De son côté, Madrid a annoncé qu'elle s'associait à Barcelone pour former un "réseau de villes" afin d'aider les migrants.

Les 28 pays membres de l'Union européenne restent divisés, avant une nouvelle réunion d'urgence prévue le 14 septembre.

Plusieurs responsables occidentaux ont récemment fustigé les pays de l'Est membres de l'UE pour leur manque d'empressement à accueillir des migrants, mais aussi les institutions européennes.

Des migrants Asotthalom le long de la clôture érigée entre la Hongrie et la Serbie le 1er septembre près du village d'Asotthalom.

La Hongrie, critiquée par la France pour la clôture érigée à sa frontière et par l'Autriche pour sa "négligence" dans la mise en œuvre des règles européennes sur l'asile, a convoqué les ambassadeurs des deux pays pour obtenir des explications.

"Nous devons maintenant travailler à réussir la mise en place d'une politique d'asile commune (...) et non pas nous accuser les uns les autres, nous devons changer les choses", a jugé dans ce contexte mardi 1er septembre la chancelière Angela Merkel.

L'Allemagne, qui s'attend à devoir enregistrer 800.000 demandes d'asile en 2015, un record européen, milite pour la mise en place de quotas d'accueil par pays, une idée rejetée par de nombreux États.

"La priorité de l'Europe reste d'empêcher les migrants de perdre la vie en tentant de rejoindre l'Europe", a déclaré mardi 1er septembre le président du Conseil européen Donald Tusk, en visite à Zagreb, sans se prononcer sur l'organisation concrète de l'accueil.

L'ex-président eurosceptique tchèque Vaclav Klaus a de son côté estimé que l'Europe commettait un "suicide" en accueillant les migrants.

Les personnes se rendant, par la route, de Hongrie en Autriche devaient quant à elles continuer mardi 1er septembre à patienter dans de gigantesques bouchons près de la frontière. La police autrichienne arrête chaque camion, fourgon ou voiture, dans le but de mettre la main sur des passeurs.

Ces mesures ont été mises en place dimanche soir 30 septembre, trois jours après la découverte d'un camion abandonné près de la frontière avec la Hongrie, avec 71 cadavres de migrants en décomposition. Sept personnes ont été arrêtées en Hongrie et Bulgarie, dont quatre Bulgares et un Afghan.

Et mardi 1er septembre, la police autrichienne a annoncé avoir découvert 24 jeunes migrants afghans entassés à l'intérieur d'une camionnette décrite comme une "prison sur roues".

AFP/VNA/CVN

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