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Le logo d'Oath, entité qui regroupe AOL et Yahoo au sein du géant américain des télécoms Verizon, le 4 avril |
Lancée en 1997, AIM a "entraîné un changement de culture mais la façon dont nous communiquons les uns avec les autres a profondément évolué", a noté vendredi 6 octobre Michael Albers, un des responsables de Oath, entité qui regroupe AOL et Yahoo au sein du géant américain des télécoms Verizon.
En conséquence, "nous avons pris la décision d'arrêter AIM au 15 décembre 2017", a-t-il poursuivi dans un texte publié sur internet, où il multiplie les références nostalgiques.
"Si vous étiez un enfant des années 1990, il y a de fortes chances qu'AIM ait pris, à un moment donné, une place énorme dans votre vie", a souligné M. Albers, rappelant une époque où il fallait lutter "pour accéder à l'ordinateur familial et pouvoir +chatter+ avec (ses) amis".
AOL - "America online" - était à l'époque le plus gros fournisseur d'accès internet aux Etats-Unis et des séries comme "Sex and the City" ou un film comme "Vous avez un message" (1998) ont contribué à populariser la marque. Verizon l'a rachetée en 2015, puis a acquis cette année Yahoo, autre entreprise emblématique des débuts d'internet.
Ancêtre des réseaux sociaux
Pour le magazine spécialisé The Verge, AIM a "constitué pour beaucoup de gens la première expérience de socialisation sur internet". Pour Wired, AIM "a été un précurseur de l'internet social sur bien des plans".
Et, de fait, la fin d'AIM déclenchait vendredi 6 octobre une avalanche de réactions nostalgiques sur Twitter, de nombreux utilisateurs souhaitant à AIM de "reposer en paix" ("RIP AIM") ou se souvenant de leurs jeunes années passées sur la messagerie : "Mon enfance est vraiment en train de se terminer", "je suis triste"...
Ironie de l'histoire, c'est avec le triomphe des SMS, puis des réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook et enfin l'avènement de nouveaux services de messageries instantanées qu'AIM a peu à peu disparu du quotidien des internautes, faute d'avoir su prendre le virage du mobile.
Selon le magazine spécialisé TechCrunch (qui fait aussi partie de Oath), AIM n'avait plus que quelques millions d'utilisateurs au printemps, quand WhatsApp ou Messenger en revendiquent plus d'un milliard.
Les internautes disposent aujourd'hui de toute une batterie de services de messageries instantanées (WeChat, Line, Telegram, Google Allo, GroupMe ....) qui permettent pour la plupart de passer aussi des appels vocaux et vidéo gratuitement par internet.
Peu à peu, la frontière entre réseaux sociaux et messageries instantanées s'est estompée. Facebook a intégré le service Messenger et, preuve de son appétit pour ces services, a aussi racheté en 2014 WhatsApp, pour environ 20 milliards de dollars.
Quelques services se sont aussi spécialisés dans certains usages ou publics, comme Snapchat, adoré des plus jeunes qui s'y échangent messages, photos ou vidéos, disparaissant au bout de quelques heures, tandis que Slack ou Cisco ciblent la communication à l'intérieur des entreprises.
Un autre pionnier des messageries instantanées, MSN Messenger, né en 1999 et longtemps rival d'AIM, s'est arrêté il y a trois ans au moment où son créateur Microsoft avait racheté le suédois Skype, pionnier de la téléphonie par internet et devenu lui aussi une messagerie instantanée.
"AIM a changé une génération en montrant que l'on pouvait communiquer rapidement" mais aussi que "si on n'évolue pas, on meurt", a jugé l'analyste Rob Enderle, d'Enderle Group. "AIM a créé un marché puis une tendance qui ont fini par le tuer".