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Agop Manut, un bébé de onze mois souffrant de malnutrition, est soigné dans une clinique de Médecins sans frontières, le 11 octobre 2016 à Aweil, au Soudan du Sud. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le gouvernement, qui a déclaré lundi 20 février l'état de famine dans plusieurs zones du pays, "s'assurera que toutes les organisations humanitaires et d'aide au développement bénéficient d'un accès sans restriction aux populations dans le besoin dans tout le pays", a assuré le président Kiir devant le Parlement.
Lundi 20 février, trois organisations de l'ONU (UNICEF, FAO et PAM) avaient indiqué que 4,9 millions de Sud-soudanais, soit 42% de la population totale du pays, avaient besoin d'une aide alimentaire d'urgence.
Quelque 100.000 d'entre eux, dans la région d'Unité, dans le Nord du pays, souffrent de famine, le niveau le plus élevé d'insécurité alimentaire.
Environ un million de Sud-soudanais risquent par ailleurs la famine dans les prochains mois, selon la même source.
Les organisations humanitaires ont déploré une famine "causée par l'homme", en raison de la guerre civile qui a obligé nombre de Sud-soudanais à fuir leur habitation, limité la production agricole, provoqué une hausse des prix des denrées et bloqué l'accès aux régions les plus isolées.
Des dizaines de milliers de morts par la guerre civile
Indépendant depuis 2011, le Soudan du Sud a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile ayant fait des dizaines de milliers de morts et plus de 3 millions de déplacés, malgré le déploiement de quelque 12.000 Casques bleus.
Carte du Soudan du Sud avec localisation des zones touchées par la famine et en crise d'urgence alimentaire. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Une responsable humanitaire de l'ONU travaillant au Soudan du Sud a accueilli avec satisfaction les propos du président, tout en observant que semblable engagement avait déjà été exprimé par le passé et qu'il était "plus important que l'accès soit garanti sur le terrain".
Même si la promesse de Salva Kiir pourrait favoriser les desseins des ONG, celles-ci doivent souvent en passer par de délicates négociations avec une multitude d'acteurs sur le terrain, a-t-elle relevé sous couvert de l'anonymat.
Certaines régions ne sont accessibles que sous forme de largages depuis des avions ce qui, selon la responsable onusienne, coûte jusqu'à sept fois plus cher qu'un convoyage par la route ou par voie fluviale.
"Il y a toute sorte d'obstacles", a-t-elle noté, en ajoutant que les organisations humanitaires devaient aussi s'assurer que la nourriture, une fois distribuée, n'était pas ensuite détournée par des groupes armés.
L'Union européenne a annoncé mardi 21 février qu'elle débloquait une aide d'urgence de 82 millions d'euros pour "les besoins les plus urgents" au Soudan du Sud et pour aider les pays voisins à faire face à l'afflux de réfugiés.
De leur coté, les États-Unis, parrains de l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011, ont estimé que cette famine était "la conséquence directe d'un conflit entretenu par les dirigeants sud-soudanais qui ne veulent pas mettre de côté leurs ambitions politiques".
"Nous appelons le président Kiir à tenir rapidement sa promesse de laisser les organisations humanitaires accéder aux populations dans le besoin", a plaidé le département d'État dans un communiqué.
Washington a rappelé qu'il était le plus important donateur d'aide humanitaire au Soudan du Sud, avec plus de 2,1 milliards de dollars depuis 2014, mais il n'a pas annoncé d'enveloppe supplémentaire.