Chez Wedbush Securities, l'analyste Lou Kerner, un spécialiste des "médias sociaux", notait que cette nouvelle messagerie unifiée marquait une étape supplémentaire dans une progression déjà fulgurante.
Facebook "a déjà un impact sur le courriel, dans la mesure où il s'échange 4 milliards de messages (sur le réseau communautaire) chaque jour. Je ne suis pas sûr que cela signifie 4 milliards de courriels échangés en moins, mais certainement des centaines de millions de courriels", a noté M. Kerner.
Au total, Facebook compte plus de 500 millions d'utilisateurs, dont 350 millions utilisent sa messagerie actuelle, limitée aux membres du réseau.
À titre de comparaison, Hotmail, de Microsoft, est le numéro un mondial du courriel avec 361,7 millions d'utilisateurs en septembre, devant Yahoo! (273,1 millions) et Gmail (groupe Google) (193,3 millions), selon le cabinet Comscore. "Facebook dit que (son système de messagerie unifié) n'est pas un 'tueur de Gmail', mais cela n'est ni tout à fait juste ni tout à fait faux", estimait le 15 novembre l'analyste de Forrester Research Augie Ray, venu à San Francisco assister à la présentation. "Tout ce qui facilite les communications et enlève de l'attention portée à Gmail est 'tueur de Gmail'", ajoutait-il.
Avec le nouveau système, qui dans les prochains mois va être proposé à tous les utilisateurs de Facebook, l'internaute peut envoyer des messages à tous ses contacts, même ceux n'étant pas membres du réseau, sans quitter la page du site communautaire.
À un neveu ne pratiquant que le texto, on peut envoyer un message direct sur son téléphone portable. À un réfractaire au réseau social, on peut envoyer un courriel presque classique (mais sans ligne de sujet), à l'aide de la nouvelle adresse à facebook.com offerte par le site à ses utilisateurs.
Du coup, la nouvelle messagerie devient outil de promotion : le correspondant reçoit un message assorti de la photo du profil de l'internaute, et peut cliquer dessus pour accéder à certaines de ses informations, obtenant ainsi un avant-goût de ce qu'offre le site communautaire. "Cela va amener sur la plateforme des gens qui étaient restés à l'écart de Facebook", prédit M. Kerner.
Du point de vue de l'économie du web, c'est aussi un outil qui permettra de compléter encore le profil de l'internaute, en voyant avec qui il communique, en rapprochant ses centres d'intérêt de ceux de ses amis etc.
Facebook pourra ainsi offrir aux annonceurs une image toujours plus complète et exploitable de leur audience potentielle - alors que déjà les médias sociaux sont "une part croissante de tous les budgets des publicitaires", souligne M. Kerner.
Comme Google bâtit aussi sa puissance économique sur sa connaissance des habitudes de navigation du web, toute nouvelle avancée de Facebook dans ce domaine apparaît comme un nouvel épisode de l'affrontement entre les deux groupes.
Les deux groupes se font déjà la guerre, notamment sur le thème de l'exportation de données : Google accuse Facebook d'empêcher l'exportation des carnets d'adresse de son site, alors que lui-même permet de transposer sur d'autres sites les contacts Gmail. En représailles, Google bloque l'exportation vers Facebook. Mais selon M. Kerner, Google est encore loin d'être vaincu.
AFP/VNA/CVN