>> Environ 70% des salariés des raffineries françaises en grève, selon la CGT
>> Le mouvement social reconduit dans certains sites
>> Frénésie autour des pompes, alors que la grève se poursuit
Des automobilistes font la queue dans une station TotalEnergies, le 9 octobre à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À 15h dimanche 9 octobre, 29,7% des stations-service en France manquaient d'au moins un carburant (contre 21% samedi), a indiqué le ministère de la Transition énergétique. Chez TotalEnergies, les négociations dès octobre au lieu de novembre "permettront de définir comment les salariés pourront bénéficier, avant la fin de l'année, des résultats exceptionnels générés par TotalEnergies, tout en prenant aussi en compte l'inflation de l'année 2022", assure le groupe, qui gère près du tiers des stations-service en France.
Depuis le début du mouvement il y a une dizaine de jours, la CGT réclame 10% d'augmentation sur les salaires - 7% pour l'inflation, 3% pour le partage de la richesse - le géant de l'énergie ayant engrangé 10,6 milliards d’USD de bénéfice au premier semestre 2022.
"Nous allons étudier de près les propositions et nous réunir demain matin avec les différents sites pour décider de la suite du mouvement", a réagi Eric Sellini, coordinateur CGT chez TotalEnergies, regrettant que la direction n'ait pas eu d'échange direct avec le syndicat. La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, s'est félicitée de l'annonce de TotalEnergies, estimant que le conflit devait "cesser".
De son côté, la direction d'Esso-ExxonMobil en France a annoncé dimanche soir 9 octobre dans un communiqué son intention de réunir lundi 10 octobre "les quatre organisations syndicales représentatives du personnel". Le groupe, dont les deux raffineries en France sont à l'arrêt, se dit "convaincu (que) la qualité du dialogue social engagé et ininterrompu avec les organisations représentatives du personnel permettra de sortir rapidement du conflit".
Les discussions sur les salaires ont démarré chez Esso France dès le 20 septembre. La proposition pour l'instant sur la table n'a été approuvée que par la CFE-CGC. La branche française du groupe américain a réclamé dimanche 9 octobre l'arrêt de la grève. La pression des responsables gouvernementaux s'était accrue ces derniers jours sur les deux groupes et les grévistes pour qu'ils négocient.
"Je tiens à réaffirmer l'appel très ferme du gouvernement aux dirigeants et aux organisations syndicales de TotalEnergies et d'Esso : une issue doit être trouvée sans délai dans le cadre du dialogue social (...) Les Français ne doivent pas subir davantage les conséquences d’un mouvement social", a affirmé Mme Pannier-Runacher.
Faire le plein en Belgique
Agnès Pannier-Runacher a exhorté "tous nos concitoyens à ne pas faire de stock", certaines stations-service étant prises d'assaut avec 30% à 35% de consommation supplémentaire. Dimanche, nombre d'entre elles faisaient toujours face à des ruptures. "Je suis chauffeur de taxi, ça fait deux jours que je ne peux plus travailler", déplorait Thierry, 60 ans, qui commençait à s'impatienter après trois heures à attendre une livraison à la station Esso du boulevard de la Villette, à Paris.
Dans les stations-service, la situation s'est encore corsée dimanche dans les Hauts-de-France, où 54,8% d'entre elles rencontraient des difficultés, et en Ile-de-France, où 44,9% étaient en rupture sur au moins un carburant. En visite en Algérie, la Première ministre Elisabeth Borne a assuré que la situation allait "s'améliorer tout au long de la semaine", à mesure de l'arrivée de livraisons issues notamment des "stocks stratégiques" français.
Le gouvernement, qui a en effet puisé dans les réserves stratégiques du pays et augmenté les importations de carburant pour faire face à la crise, a rappelé que des camions citernes avaient été autorisés à circuler tout le week-end.
Un homme fait le plein dans une station TotalEnergies, le 9 octobre à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Ces mesures ont permis une hausse des livraisons de l'ordre de 20% par rapport aux flux habituels", a souligné Agnès Pannier-Runacher, précisant que le gouvernement comptait "sur une amélioration sensible" de la situation lundi 10 octobre, notamment dans les Hauts-de-France.
Raffineries à l'arrêt
Autre conséquence du mouvement : de nombreux Français passent la frontière belge pour s'approvisionner, les stations-service transfrontalières enregistrant 15 à 20% de hausse de la demande, selon la fédération des négociants en combustibles et carburants.
Samedi 8 octobre, la CGT de TotalEnergies avait fait un premier pas pour négocier : dans une lettre ouverte au PDG Patrick Pouyanné, elle acceptait de mettre de côté ses revendications en matière d'embauches et d'investissements pour ouvrir des négociations uniquement portées sur les salaires dès lundi 10 octobre.
La direction a souligné dimanche qu'avant d'accepter de négocier en octobre, elle avait déjà avancé à novembre les négociations annuelles obligatoires (NAO) sans "attendre janvier 2023 comme c'est habituellement le cas".
La plus grande raffinerie du groupe, basée en Normandie, la "bio-raffinerie" de La Mède (Bouches-du-Rhône) et le dépôt de carburants de Flandres près de Dunkerque (Nord) étaient "toujours totalement à l'arrêt" dimanche 9 octobre selon la CGT. Si la raffinerie de Feyzin (Rhône) est aussi à l'arrêt, c'est en raison d'un accident technique, fait valoir TotalEnergies.
Du côté d'Esso-ExxonMobil, la CGT réclame des revalorisations salariales plus conséquentes que les "5,5% de hausse en moyenne avec une prime de 3.000 euros pour 2023" proposés par la direction, indique l'élu CGT Christophe Aubert. Pas de quoi "couvrir l'inflation galopante, qui plus est dans un contexte de superprofits", a-t-il estimé.
AFP/VNA/CVN