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Vue de nuit des éclairages à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Rassemblées dans un document de 50 pages, de nombreuses mesures étaient connues, comme les incitations à moins chauffer et à moins éclairer, mais le gouvernement veut aussi encourager le télétravail, inciter financièrement au covoiturage ou encore couper l'eau chaude dans les administrations (sauf douches)...
Objectif de cette "sobriété choisie" : réduire de 10% la consommation d'énergie de la France en deux ans, et à terme, de 40% d'ici 2050. Des services publics aux entreprises, en passant par le sport, le logement et les transports, le gouvernement sonne la "mobilisation générale" à tous les étages pour affronter un hiver énergétique sous vigilance renforcée, mais aussi "pour répondre à l'enjeu de plus long terme de la crise climatique".
Un demi-siècle après le premier choc pétrolier, les Français, ménages comme entreprises, vont ainsi devoir réapprendre à réduire leur consommation électrique aux heures de pointe, le matin et le soir, et à brûler moins de gaz tout au long de l'hiver, pour économiser les réserves qui sont pleines mais ne suffiront pas, surtout en cas de vague de froid tardive.
Pour signifier l'urgence, neuf ministres présenteront le plan tout l'après-midi à Paris, échangeant avec des élus locaux, des représentants d'entreprises ou encore du Haut conseil pour le climat, avec la Première ministre Elisabeth Borne en clôture.
"Ce plan sobriété est un plan volontaire de long terme qui part du terrain et qui a vocation à être irréversible", a dit mercredi 5 octobre la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher devant les députés.
Pas d'amende
Le chauffage de l'eau représente 10% de l'énergie pour les bâtiments publics, et la consommation d'énergie de l'État équivaut à celle de la ville de Paris, selon le ministère de la Fonction publique, qui doit aussi annoncer une revalorisation de 15% de l’indemnisation télétravail, à 2,80 euros par jour.
Graphique montrant les consommations d'électricité moyennes à l'année pour le chauffage, la production d'eau chaude et 10 appareils du quotidien, selon une étude Ademe Panel-Elecdom 2020. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour économiser l'énergie, le télétravail n'a d'intérêt que s'il permet de fermer (et donc d'arrêter de chauffer) des bâtiments pendant plusieurs jours de suite. Au coeur des préconisations figure le fameux maintien de la température intérieure à 19°C, dans le code de l'énergie depuis 1978, mais "il n’y a pas d’obligation dans le sens où il n’y aura pas de police des températures", a déclaré Agnès Pannier-Runacher sur RTL jeudi 6 octobre. Mais des aides seront prévues pour encourager l'installation de thermostats dans les foyers.
"C'est la loi, mais les clients nous demandaient plutôt 21°C, voire 22°, parce que le prix des énergies fossiles était bas", relève Pierre de Montlivault, président de la fédération des services de l'énergie. "Aujourd'hui les conditions sont réunies pour qu'ensemble, entreprises, syndics, bailleurs..." le fassent "pour de bon". Est aussi demandé le décalage de 15 jours du début et de la fin de la période de chauffe.
Du côté du sport, représenté jeudi 6 octobre par Tony Estanguet, président du comité d'organisation des JO de Paris 2024, on prévoit de baisser le chauffage des équipements collectifs, un degré en moins pour l'eau des piscines et deux degrés en moins dans les gymnases, et une modération des éclairages avant et après matches.
Au chapitre de l'éclairage, un nouveau décret généralise l'extinction des lumières des magasins et des publicités lumineuses entre 1 et 6 heures. D'avance, les ONG environnementales ont salué la démarche du gouvernement, tout en appelant, comme France Nature Environnement (FNE), à "voir plus loin que la fin de l'hiver".
Anne Bringault, qui interviendra jeudi 6 octobre pour le Réseau Action Climat, doute ainsi déjà de l'atteinte de l'objectif de -10% sur deux ans, tant qu'"on en reste essentiellement à des encouragements et incitations".
Même sentiment du côté de l'association négaWatt, qui a popularisé le terme de "sobriété" : "c'est un plan assumé qui donne de vraies orientations et une impulsion, en revanche, sur les modalités de mise en œuvre, on reste sur notre faim", a souligné le porte-parole Yves Marignac.
AFP/VNA/CVN