Évacuation d'un campement d'au moins 1.500 migrants dans le nord de Paris

Un campement d'au moins 1.500 migrants dans le nord de Paris, entre les stations de métro Jaurès et Stalingrad, qui grossissait depuis plusieurs semaines, a commencé à être évacué vendredi matin 16 septembre, dans le calme.

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Un campement de migrants sous le métro aérien, le 15 septembre à Paris
Photo : AFP/VNA/CVN

Soudanais, Afghans et Erythréens s'étaient installés dans une myriade de tentes et matelas entre l'avenue de Flandres et le quai de Jemmapes, dans les Xe et XIXe arrondissement de Paris, dans des conditions sanitaires et humaines très dégradées. Ces derniers jours, un certain nombre de familles et d'enfants étaient ainsi installés dans des tentes, surtout du côté "afghan".

L'évacuation, précédée d'un important déploiement policier, avec bouclage de l'avenue de Flandres entre la rue du Maroc et la place de Stalingrad, a débuté vers 07h00, quand un groupe de femmes et d'enfants a été rassemblé pour monter dans un bus. Le campement avait déjà été évacué le 17 août, avec près de 700 personnes prises en charge dans des structures d'hébergement.

Au moins 1.500 migrants étaient présents au moment de l'évacuation, selon la ministre du Logement, Emmanuelle Cosse, présente sur place. "Il y a beaucoup de familles avec enfants, plus que d'habitude. Ils vont évidement être pris en charge", a-t-elle déclaré.

Interrogée sur l'évacuation jugée par certaines associations tardive de ce campement, la ministre a souligné que "la situation est compliquée", car à chaque "mise à l'abri", il faut "reconstituer des places" pour loger les migrants. Mais en cas de besoin, "on fera d'autres opérations", a-t-elle promis.

Évacuation de migrants le 6 septembre dans le nord de Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

Une cinquantaine de bus étaient prévus, selon la préfecture de région, qui menait l'opération avec la préfecture de police, l'Office français d'immigration et d'intégration (Ofii) et les associations Emmaüs solidarités et France Terre d'Asile. Les migrants doivent être conduits dans des centres d'hébergements en Île-de-France.

"Je suis fatigué, je veux me reposer"

Dès 06h00, des migrants qui avaient eu vent de l'opération se précipitaient vers la place Stalingrad, pour ne pas se retrouver à l'extérieur du périmètre de sécurité en train de se mettre en place et être exclus de l'évacuation.

"Asseyez vous!" Asseyez vous", a lancé un gendarme dans un mégaphone, au groupe compact massé avenue de Flandres.

Assis par terre, Ibrahim, un Soudanais, explique qu'il dort ici depuis un mois. Il est assis au premier rang, "toute sa vie" dans un petit sac à dos rouge serré entre ses jambes et compte bien monter dans le bus, pour aller "n'importe où, mais pas ici. Dormir dans la rue est difficile. Il a plu, je suis fatigué, je veux me reposer".

Le 22 juillet, près de 2.500 migrants avaient été mis à l'abri depuis un campement installé sur le boulevard de la Villette, au cours de ce qui constituait la plus importante opération de ce type dans la capitale.

Des migrants et réfugiés font la queue pour être embarqués à bord d'un bus pendant l'évacuation d'un camp à Paris le 17 août.
Photo : AFP/VNA/CVN

Depuis juin 2015, les campements se sont régulièrement reconstitués dans les quartiers proches de la plateforme de France Terre d'asile, où les migrants entament leurs démarches à Paris s'ils veulent demander le statut de réfugié et de la gare du Nord, alimentés par des flux soutenus en provenance de la Méditerranée et par des aller-retours entre la capitale et Calais.

Jusqu'à l'évacuation de vendredi 16 septembre, près de 16.000 offres d'hébergement avaient été faites par les pouvoirs publics.

Mais les mises à l'abri s'étaient ralenties avec l'été, cédant le pas à des opérations policières de contrôle de la situation administrative visant à "préserver la salubrité et l'ordre public" et "éviter la réimplantation de nouveaux campements", mais vivement dénoncées par les collectifs de soutien.

Pour contrer l'implantation de ces campements indignes, la ville de Paris va ouvrir à la mi-octobre un centre d'accueil humanitaire, chargé de prendre en charge les migrants pendant quelques jours avant de les répartir sur ces structures d'hébergement plus pérennes en régions.

Dans ce projet, la fluidité du dispositif sera cruciale. Le gouvernement travaille actuellement à créer près de 9.000 places dans des Centres d'accueil et d'orientation (CAO), car il faudra aussi héberger les migrants venus de Calais où la "Jungle" doit être démantelée à la même période.

AFP/VNA/CVN

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