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Euro, Grèce, réfugiés : l'Europe en pleine crise "existentielle"

Il y avait l'euro malmené, le psychodrame grec, le spectre d'un "Brexit". Il y a maintenant les réfugiés qui affluent : l'accumulation des turbulences menace de plonger l'UE dans une véritable crise existentielle.

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Face à ces défis, si les États membres ne dépassent pas leurs divisions, c'est l'idéal européen né des ruines de la Seconde Guerre mondiale qui sera remis en question, estiment experts et responsables politiques.

"Ce sont désormais le coeur de l'Europe et le noyau du projet européen qui sont menacés", avertit Guy Verhofstadt, l'ancien Premier ministre belge, aujourd'hui à la tête du groupe libéral ALDE au Parlement européen.

Une jeune migrante brandit un drapeau européen lors d'une manifestation de réfugiés à Istanbul, en Turquie, le 19 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour M. Verhofstadt, le drame des réfugiés, sans précédent depuis 1945 et qui voit les nations se déchirer sur la répartition de leur accueil, est "plus profonde que la crise de l'euro". "Je crois que c'est un véritable test, mais c'est aussi une opportunité pour faire un bond en avant", dit-il.

Les crises successives ont fait réapparaître d'anciennes déchirures dans la longue marche en avant de l'Union, qui rassemble aujourd'hui 28 pays membres et un demi-milliard d'habitants, formant la première sphère économique du monde.

Symbole menacé

Ainsi, la crise de la dette dans la zone euro a mis au jour le fossé toujours existant entre le Nord et le Sud de l'Europe. Celle des réfugiés montre aujourd'hui la cassure persistant entre l'Est et l'Ouest.

Cela donne "une terrible image de l'Europe" dans le monde, a fustigé le Haut Commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Antonio Guterres, lors d'une audition il y a quelques jours devant le Parlement européen à Bruxelles, déplorant lui aussi le "manque d'unité" de l'UE.

La crise de la dette dans la zone euro a mis au jour le fossé toujours existant entre le Nord et le Sud de l'Europe.
Photo : AFP/VNA/CVN

Peinant à réagir ensemble, les États européens ont commencé à répondre en ordre dispersé, avec le rétablissement des contrôles aux frontières par plusieurs d'entre eux pour tenter d'endiguer le flux de demandeurs d'asile. Même s'il ne s'agit que de mesures provisoires, c'est symboliquement l'un des acquis les plus tangibles de l'UE qui est écorné : la liberté de circuler, mise en place à la suite des accords de Schengen.

Pendant ce temps-là, même si la Grèce, assommée de dettes, a obtenu un nouveau plan d'aide, les analystes soulignent que plusieurs des problèmes sous-jacents de la monnaie unique subsistent.

Quelle que soit l'issue des élections de dimanche en Grèce, la dette colossale du pays va rester à un niveau intolérable, tandis que les discussions à Bruxelles sur l'approfondissement de l'union bancaire sont au point mort.

La crise en Ukraine, qui plombe les relations avec la Russie de Vladimir Poutine, et le risque qui plane d'un "Brexit", une sortie des Britanniques de l'UE après le référendum prévu d'ici fin 2017, finissent de noircir le tableau.

Un "ADN commun"

"J'ai toujours pensé que l'Europe se ferait dans les crises, et qu'elle serait la somme des solutions qu'on apporterait à ces crises", disait le Français Jean Monnet, un des pères fondateurs de l'Europe. Mais les crises semblent aujourd'hui paralyser les gouvernements - inquiets de la pression des populismes europhobes, d'extrême droite et d'extrême gauche - et les inciter à agir unilatéralement.

"Les crises s'ajoutent aux crises. L'intégrité de l'UE, si on considère la Grèce ou (l'espace) Schengen, est sous pression", observe Janis Emmanouilidis, consultant à l'European Policy Center, un think tank basé à Bruxelles.

Pour Raoul Ruparel, co-directeur d'Open Europe, un autre think tank basé à Londres, "la confluence de ces graves crises existentielles" réclame une réforme urgente à Bruxelles. "Essayer de vouloir mettre tous ces pays dans le même moule a aggravé les divisions. On l'a vu pour la zone euro avec la Grèce et l'Allemagne, maintenant on voit ça avec la crise migratoire, entre l'Est et l'Ouest", explique-t-il.

Mais l'UE n'a pas encore atteint son point de rupture, assure M. Emmanouilidis, pour qui les décennies d'intégration européenne ont produit un "ADN commun". "Cela pourrait marquer la fin de certains éléments de l'UE, mais je ne crois pas que l'UE elle-même va disparaître", nuance-t-il.


AFP/VNA/CVN

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