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Le sélectionneur allemand Joachim Loew, après la défaite, 2-0 face à l'Angleterre, en 8e de finale de l’Euro 2020, le 29 juin au stade de Wembley à Londres. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Sa force, et son talon d'Achille, tenaient dans une formule, lancée par l'un de ses proches collaborateurs pendant le désastreux Mondial en Russie : "Jogi (prononcez "Yogi") se voit comme un entraîneur champion du monde et vit dans son propre monde".
L'histoire retiendra son titre de Mondial de 2014 au Brésil, qui l'a porté au pinacle de la renommée dans son pays, mais aussi le médiocre bilan de sa fin de règne, après l'humiliante élimination au premier tour en Mondial-2018 en Russie.
Il laisse la place à son ancien adjoint Hansi Flick, qui s'est fait un nom en remportant un triplé historique Ligue des champions - Coupe - Championnat avec le Bayern Munich en 2020.
Depuis longtemps, le sélectionneur de 61 ans ne faisait plus l'unanimité dans son pays. Les vieilles gloires du foot allemand, à la dent souvent dure, ont réclamé à plusieurs reprises sa démission ces trois dernières années. En vain.
Convaincu d'être sur la bonne voie, Löw s'est accroché. À sa décharge, les experts noteront qu'il a réussi à sortir deuxième du groupe le plus difficile de ce tournoi - derrière la France et devant le Portugal - mais que l'Angleterre à domicile en huitième de finale n'était pas un cadeau.
Allemagne en perdition
Après une série de prestations médiocres à l'automne 2020, et alors que l'opinion s'acharnait contre lui, ce Souabe - qui a toujours gardé le fort accent de sa province - avait répondu avec un détachement qui a fini par ressembler à de l'arrogance : "Je suis au-dessus de tout cela."
Une phrase malheureuse, qui a contribué au désamour des fans.
Pendant cet Euro, son étoile a brièvement brillé. Malgré la défaite (1-0), l'équipe a montré un visage séduisant contre la France, et la victoire 4-2 contre le Portugal a fait croire à un renouveau durable. Mais l'Angleterre, solide et appliquée, s'est imposée sur deux buts en fin de match et l'a ramené à la réalité.
L'homme, aux ambitions immenses dissimulées derrière un discours posé pétri de valeurs humanistes, a accédé lentement au plus haut niveau. Attaquant assez quelconque pendant sa carrière de joueur, il ouvre son palmarès d'entraîneur par une Coupe d'Allemagne avec Stuttgart (1997), puis une finale de Coupe des coupes perdue l'année suivante.
Après un passage à Fenerbahçe, il devient champion d'Autriche 2002 avec Innsbrück.
C'est alors que Jürgen Klinsmann, rencontré lors d'une formation, pense à lui à l'été 2004 pour devenir son adjoint à la tête d'une équipe d'Allemagne en perdition, après une élimination au premier tour de l'Euro-2004, à deux ans de "son" Mondial.
Icône glamour
La joie des Allemands et de leur sélectionneur Joachim Loew (droite), après avoir remporté la finale de la Coupe du monde face à l'Argentine (1-0 a.p.), le 13 juillet 2014 à Rio de Janeiro. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ensemble, mais bien aidés par l'émergence d'une génération dorée, ils vont entamer une mue historique dans la philosophie de jeu allemande : au culte de la puissance physique succède l'obsession de la tactique, et la mise en valeur de joueurs fins et intelligents.
Nommé sélectionneur en 2006, après le Mondial en Allemagne, Löw sera un pionnier de l'utilisation des statistiques et de l'informatique, à la fois pour gérer la forme physique de ses joueurs et analyser le jeu.
Il conduit l'équipe dans le dernier carré des cinq tournois suivants : de l'Euro-2008 à l'Euro-2016, avec en point d'orgue le titre suprême en 2014 au Brésil (victoire 1-0 a.p. en finale contre l'Argentine).
Son chef-d'œuvre restera à jamais la victoire 7-1 contre le Brésil en demi-finale, le 8 juillet 2014.
C'est l'époque où Löw devient une icône glamour. Il s'affiche dans des publicités pour cosmétiques, la presse people décortique ses tenues vestimentaires étudiées, son pull bleu à col en V (Mondial-2010), puis sa chemise cintrée (Mondial-2014) deviennent tellement populaires que les magasins sont en rupture de stock.
Mais le Mondial-2014 restera son seul titre majeur (l'autre étant la Coupe des confédérations 2017). À défaut d'avoir un palmarès XXL, "Jogi" Löw, occupera tout de même une place dans le livre des records, pour avoir dirigé la Mannschaft pendant 198 matches. Une marque qui risque de tenir très longtemps, 15 ans au moins.
AFP/VNA/CVN