>>La Fed prête à relever ses taux et jongler entre inflation et récession
>>La tension en Ukraine fait bondir l'inflation aux États-Unis
Le président de la Fed, Jerome Powell, lors d'une conférence de presse en ligne, le 16 mars à Arlington. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'institution monétaire a opté pour une hausse prudente d'un quart de point de pourcentage, situant désormais ses taux dans une fourchette de 0,25% à 0,50%, après les avoir maintenus pendant deux ans entre 0 et 0,25%.
La décision a été prise quasiment à l'unanimité. Seul le président de la Fed de Saint Louis, James Bullard, qui plaidait pour une hausse plus forte d'un demi-point, a voté contre.
La Bourse de New York a salué cette décision, clôturant en forte hausse.
"Nous prendrons les mesures nécessaires pour éviter que l'inflation élevée ne s'enracine, tout en soutenant un marché du travail solide", a assuré le président de la Fed, Jerome Powell, lors d'une conférence de presse, reconnaissant qu'il faudrait "plus de temps" que prévu pour ramener l'inflation à l'objectif de 2%.
La Fed table désormais sur 4,3% d'inflation en 2022, près du double de ses dernières prévisions en décembre. Pour 2023, elle s'attend à 2,7% puis 2,3% l'année suivante.
Le Comité de politique monétaire a aussi noté les risques posés par la crise en Ukraine et les sanctions avec une potentielle "pression supplémentaire sur l'inflation" et la possibilité que cela pèse sur l'activité économique.
Vers sept nouvelles hausses en 2022
Jerome Powell s'est toutefois voulu rassurant, jugeant que "l'économie et le marché du travail sont assez solides". En d'autres termes, "l'économie peut, selon nous, absorber les hausses de taux d'intérêt".
Il n'y pas de grand risque de récession à l'horizon, selon lui.
Relever les taux directeurs pousse les banques commerciales à proposer des taux d'intérêt plus élevés pour les crédits accordés à leurs clients, pour l'achat d'une maison, d'une voiture, ou encore d'une télévision, par exemple.
Cela doit donc faire ralentir la consommation, pour alléger la pression sur les prix. D'autant que les problèmes d'approvisionnement ne devraient pas être résolus de sitôt.
Au risque toutefois de peser sur la croissance économique.
Ce relèvement des taux directeurs sera le premier d'une longue série, la Fed estimant que des augmentations supplémentaires seront nécessaires.
La majorité des responsables voient les taux grimper jusqu'à 1,75-2,00% fin 2022. Soit sept hausses d'un quart de point.
Siège de la Banque centrale américaine à Washington. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
En comptant la réunion qui vient de s'achever, il y a "sept réunions (en 2022) et sept hausses de taux", a fait remarquer Jerome Powell, précisant qu'il n'est pas acté que chaque réunion voit un relèvement, de même qu'une hausse plus rapide d'un demi-point n'est pas à exclure.
Par ailleurs, il est, selon lui, "clairement temps de commencer" à réduire le bilan de la Fed, et "cela pourrait être l'équivalent d'une autre augmentation des taux".
La Fed va en effet se séparer petit à petit des milliards d'USD de bons du Trésor et autres actifs qu'elle a achetés depuis mars 2020, pour soutenir l'économie.
"Le Comité prévoit de commencer à réduire ses avoirs (...) lors d'une prochaine réunion", a indiqué la Fed.
Environ 2,8% de croissance en 2022
La Fed est aussi moins optimiste qu'en décembre quant à la croissance du Produit intérieur brut (PIB) américain cette année, tablant désormais sur 2,8% contre 4,0% auparavant. Sa prévision reste inchangée pour 2023, à 2,2%.
L'inflation aux États-Unis s'est élevée à 7,9% sur un an en février, selon l'indice CPI du département du Commerce. La Fed privilégie un autre indicateur, l'indice PCE : +6,1% sur un an en janvier.
Cette flambée des prix fait ressurgir le spectre de l'inflation à deux chiffres des années 1970 et du début des années 1980. La Fed avait à l'époque drastiquement relevé ses taux, jusqu'à 20%, ralentissant l'inflation mais au prix d'une récession.
En Europe, où l'inflation est moins élevée, la Banque centrale européenne (BCE) avait décidé jeudi dernier 10 mars de maintenir ses taux à leur plus bas historique.Aux États-Unis, la commission bancaire du Sénat doit par ailleurs voter mercredi 16 mars à 18h45 (22h45 GMT) pour confirmer les nominations de plusieurs gouverneurs de la Fed, y compris le renouvellement de Jerome Powell pour un second mandat. Il reviendra ensuite à l'assemblée plénière de se prononcer.L'économiste Sarah Bloom Raskin, choisie par Joe Biden pour le poste clé de vice-présidente chargée de la supervision bancaire, a renoncé mardi 15 mars, faute d'un soutien suffisant.