>>Wall Street, encore convalescente, termine dans le rouge
>>Après une chute spectaculaire, Wall Street reprend des forces
La chute de Wall Street ne semble pas présenter de danger pour la croissance américaine, selon de nombreux économistes. |
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"Ce n'était pas une secousse aussi forte que cela", a déclaré, rassurant mercredi 7 février, le patron de la Réserve fédérale de New York William Dudley. Il a assuré que la correction des marchés n'avait "virtuellement aucune conséquence pour les perspectives économiques" vu la montée des prix des actions depuis des mois.
L'indice Dow Jones a connu un lundi noir, perdant en début de semaine 4,60%, sa plus forte chute depuis juin 2016, et entraînant les bourses mondiales dans son sillage. Il a rebondi mardi 6 février pour terminer mercredi 7 février légèrement dans le rouge. Mais, comme le relève le banquier central de New York, le marché boursier "reste encore très haut par rapport à ce qu'il était il y a un an". Une forte correction du prix des actions peut néanmoins faire peur.
Selon les économistes d'Oxford Economics, une chute de 10% en moyenne du prix des actions sur les marchés mondiaux, ôterait, sur deux ans, 0,3 point de croissance au Produit intérieur brut des pays du G7.
Les retombées seraient inquiétantes pour la confiance des consommateurs comme celles des entreprises. L'effet "richesse" des plans de retraite des Américains placés en bourse a en effet fortement dopé les dépenses de consommation qui sont la locomotive de la croissance américaine.
Avec une poussée de 37% depuis l'élection de Donald Trump, même après la correction de cette semaine, l'indice Dow Jones fait miroiter des retraites de millionnaires à plus d'un baby-boomer. Le président républicain, qui jusqu'ici avait revendiqué les records de Wall Street, est sorti de son silence mercredi 7 février.
L'indice Dow Jones fait miroiter des retraites de millionnaires. |
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Pour lui le dévissage de Wall Street, provoqué par la crainte d'une résurgence de l'inflation vu les premiers signes d'augmentation de salaires, est "une grosse erreur". "Par le passé, quand de bonnes nouvelles étaient annoncées, le marché des actions montait. Aujourd'hui, quand de bonnes nouvelles sont annoncées, le marché recule. Grosse erreur, on a tellement de bonnes (excellentes) nouvelles sur l'économie !", a-t-il affirmé.
Dans sa neuvième année de reprise, la première économie mondiale a affiché 2,6% de croissance en rythme annuel au 4e trimestre 2017. Donald Trump assure que l'expansion peut accélérer au-delà de 3% cette année même si la Fed, souvent conservatrice en la matière, projette 2,5% de croissance.
Quelle voie pour la Fed ?
Mais la question qui agite les économistes est aussi de savoir si le faux pas de Wall Street ne va pas modifier les intentions de la banque centrale américaine (Fed), qui entend relever ses taux d'intérêt par trois fois au moins cette année, pour éviter une surchauffe.
En 2016, lorsque la Chine avait marqué des signes d'essoufflement de sa croissance et que la planète financière s'inquiétait du vote du Brexit, les marchés avaient dévissé et la Fed avait mis ses projets de hausses des taux sous l'éteignoir.
Jerome Powell à Washington. |
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Sa première hausse des taux de l'année n'était finalement intervenue qu'en décembre alors qu'au début de 2016, la banque centrale envisageait trois hausses des taux avant de réviser ses projections à la baisse.
"La Fed réagit-elle au marché des actions ? Oui, même si elle ne veut pas l'admettre ouvertement", affirme Anna Cieslak, professeur d'économie à Duke University qui a fait une étude sur ce sujet.
"Les faits suggèrent que par le passé la Fed a répondu aux chocs négatifs de la Bourse en émettant de façon inattendue des commentaires positifs qui ont rassuré les marchés", note encore l'économiste.
William Dudley de la Fed de New York n'a pas agi différemment mercredi 7 février en assurant que si ce lundi noir était "une grosse histoire pour la presse et pour les acteurs financiers" il ne l'était pas "pour les banquiers centraux". Les contrats à terme montraient mercredi 7 février que les acteurs financiers, un temps déstabilisés dans leurs prévisions de hausses des taux lundi, croient de nouveau à 77% à une première hausse des taux en mars.
"Cela dit si le marché boursier était descendu précipitamment pour rester à ce niveau, alors, cela aurait pu altérer les perspectives économiques et mon opinion sur les conséquences en terme de politique monétaire", a averti M. Dudley. Pour les économistes de Capital Economics, le plongeon des prix des actions "n'est peut-être rien de plus qu'une saine correction".