Espelune, lueur d’espoir pour les enfants défavorisés

Espelune est le nom d’un projet créé par Trân Trang Linh, 16 ans, lycéenne aux États-Unis, à l’intention des enfants vietnamiens handicapés ou orphelins.

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Des enfants de la pagode de Duc Son sur scène Espelune.
Photo: CTV/CVN

Pendant les vacances scolaires d’été, à la différence d’autres étudiants vietnamiens aux États-Unis qui d’ordinaire partent en voyage, Trân Trang Linh, 16 ans, du lycée de Christchurch, en Virginie, a choisi de rentrer au bercail pour y déployer son projet Espelune (Anh trang hy vong en vietnamien, littéralement: lueur d’espoir). Les enfants logés à la pagode de Duc Son, dans la commune de Thuy Bang, de la province de Thua Thiên - Huê (Centre) sont les premiers bénéficiaires de ce projet caritatif.

L’art adoucit les maux

"C’est la première fois de ma vie que je fais l’artiste sur scène avec mes camarades", confie avec enthousiasme la petite Nga. Durant l’été 2018, les enfants orphelins et handicapés de l’internat de la pagode de Duc Son ont ainsi pu faire une expérience des plus joyeuses et inoubliables. Dans le cadre du projet Espelune, ils ont ainsi pu participer à une myriade d’activités ludiques: chant, musique, cithare à seize cordes, photographie, dessin, danse de "flashmob"…

Des activités qui initient aux arts mais surtout, qui parviennent à inculquer de la joie de vivre, chose qui ne semble pas des plus évidentes pour ces enfants défavorisés. De plus, les petits "peintres en herbe" ont par la suite eu le plaisir de voir leurs œuvres présentées à une exposition d’art titrée “Clair de lune” avant d’être mis en vente. La somme obtenue fut destinée à la mise en place d’activités pour les petits.

Toujours dans le cadre d’Espelune, 14 bambins de la pagode de Duc Son ont eu l’honneur de se rendre par avion à Hanoï pour participer au Camp d’été des enfants handicapés. Un rendez-vous des plus impressionnants entre une centaine d’amis venus de tous les coins du pays, rythmé d’activités en tout genre: visites de sites historiques et paysages pittoresques, séances d’échanges culturels et artistiques avec des collégiens hanoïens. Sans oublier la participation au concert "L’éclipse" ainsi qu’au spectacle artistique réunissant une cinquantaine d’artistes professionnels et amateurs, dont le pianiste de renom Nguyên Thê Vinh.

En particulier, une soirée musicale a été organisée à L’Espace - Institut français de Hanoï, à l’intention des enfants handicapés venus de Huê. L’occasion pour eux de se produire sur scène. L’air confiant, le visage resplendissant de bonheur, ils chantèrent et dansèrent avec passion devant de nombreux spectateurs hanoïens, mettant de côté, le temps d’une chanson, les soucis et tracas de la vie de tous les jours.

Le succès des activités d’été des enfants de Huê a reçu plusieurs échos positifs. "Espelune a choisi des activités à vocation artistique, au lieu de la collecte habituelle d’argent ou de biens matériels. Car, quoi de mieux que les arts pour inciter les gens à surmonter leur destin tragique et entreprendre leur rêve?", explique Trân Trang Linh, créatrice d’Espelune. Et de poursuivre avec émotion: "Ici j’ai vu, de mes propres yeux, des petits non-voyants capables de redécouvrir le monde et reprendre goût aux petites choses de la vie à travers la musique et les sons du piano…".

Un projet qui rayonne

Trang Linh et des enfants logés à la pagode de Duc Son, dans la province de Thua Thiên - Huê (Centre).

Créé en juin 2018, les membres salariés d’Espelune sont des lycéens venus de Hanoï ainsi que des lycéens Viêt kiêu des États-Unis et d’Australie. Les débuts étaient difficiles, tant au point de l’aspect juridique que pécuniaire. "Au début, les membres devaient contribuer financièrement de leur propre poche. Avec le temps, à travers notre Fanpage, Espelune a reçu des aides matérielles de la part d’organisations et de particuliers au grand cœur", confie la lycéenne Viêt kiêu, avec un air qui semble plus mûr que son âge.

Selon Trang Linh, comme son nom l’indique, Espelune exprime le rayon d’espoir lumineux qui persiste, malgré l’obscurité: "En dépit des moments sombres d’éclipse, le clair de lune existe toujours. Il suffit d’avoir confiance en soi pour vaincre son complexe et saisir l’occasion de changer sa vie". 

En deux mois seulement, Espelune a pu organiser avec succès une série d’événements culturels, permettant de redonner le sourire aux enfants handicapés de la pagode de Duc  Son. Le projet cherche également à appeler au bon cœur du comité populaire local ainsi que des particuliers à faire des dons destinés à l’achat d’instruments de musique et autres matériaux au service des enfants.

Dans la salle de dessin, les murs - qui étaient auparavant d’un gris pâle et triste - offrent à présent une explosion de couleurs grâce aux nombreuses peintures qui les recouvrent. "Les enfants sont particulièrement passionnés par le dessin. Guidés par le peintre Nguyên An, ils peuvent tous réaliser des dessins élémentaires, certains d’entre eux ont un vrai talent", vante Trang Linh.

Dans la salle de musique, des fillettes s’adonnent à la cithare à seize cordes, sous la bienveillance de l’artiste Trân Thi Thuy. "Nombre d’entre elles sont capables d’exécuter des morceaux de musique", confie Trang Linh,  avec fierté. Pour elle, la présence, deux fois par semaine, des artistes professionnels Nguyên An et Trân Thi Thuy est une véritable chance pour l’enseignement des arts aux enfants défavorisés.

Dans un avenir proche, Espelune compte propager davantage son action dans les régions montagneuses du Nord et du Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre). Des voyages d’activités à l’étranger sont aussi envisagés.

Selon Trang Linh, en octobre 2018, lors d’un voyage au Sénégal en Afrique (organisé par son lycée Christchurch), elle a emporté des cartes postales dans lesquelles elle a fait imprimer des images dessinées par les enfants de la pagode Duc Son. "Les enfants du village de Nionganie se sont montrés enthousiastes en voyant les peintures. Je leur ai parlé des enfants vietnamiens, de l’auteur de chaque peinture", raconte-t-elle.

Espelune n’en restera pas là. Prochainement, Trang Linh compte apporter des œuvres picturales "de marque Espelune" vers l’Inde. Sur place, le lycée Christchurch envisage d’organiser un atelier d’art à l’intention des enfants démunis locaux. "Malgré les différences culturelles, la passion pour les arts est universelle et relie ces enfants", conclut-elle, confiante.

Nghia Dàn/CVN  

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