Il y a 3 ans, Nguyên Thi Quy enseignait à Quang Binh (un district bas de Hà Giang) lorsque la province a pris la décision de l'affecter, avec 55 autres enseignants de Quang Binh, Vi Xuyên et Quan Ba, à l'enseignement du district reculé de Dông Van.
À la réception de cette décision, elle a compris l'importance de la tâche qui était confiée par les autorités provinciales de l'éducation et s'est promis de s'en acquitter en dépit de toute difficulté.
Quy a ainsi pris son nouveau poste à l'école secondaire de la commune de Sang Tung. Le premier jour à Dông Van, elle s'est sentie envahie d'un sentiment étrange. Bien que travaillant dans l'éducation en région montagneuse depuis un certain nombre d'années, elle ne pouvait imaginer toutes les difficultés qui l'attendaient dans ce nouvel environnement. D'abord, le climat : dès août, il commence à faire froid et la brume couvre les sommets rocheux. La circulation n'est pas facile, d'autant plus que le district souffre d'infrastructures déficientes. Les écoliers doivent quitter très tôt leur maison mais sans toujours arriver à l'école à l'heure. En plus de ces difficultés, les conditions de vie des habitants exercent aussi une grande influence sur les activités éducatives de Sang Tung.
Arrivée sur place, Quy a cherché tout de suite à se rapprocher de ses élèves, à les comprendre pour ensuite développer des méthodes pédagogiques adaptées. Par sa manière de transmettre ses connaissances, elle a réussi à intéresser ces petits montagnards. Les premiers défis ont été relevés, et ses efforts ont porté leurs fruits. En récompense de son labeur, chaque année, elle se voit décerner le titre d'"enseignante brillante".
En cette même année 2006, Nguyên Thi Ly a quitté Vi Xuyên pour aller enseigner à l'école de Ma Lé, une commune frontière de Dông Van en pleine difficulté. Bien que peu éloignée du centre du district, la commune fait face à des conditions difficiles. Ses habitants travaillent dur et ont des revenus très bas. Il arrive souvent que les élèves s'absentent pendant les périodes de travaux agricoles, ce qui nuit à l'efficacité de l'enseignement.
Avec ses collègues, Ly a parcouru des kilomètres, gravi de nombreux cols pour se rendre dans chaque hameau afin de persuader les villageois d'autoriser leurs enfants à suivre l'école. Après un premier échec, ils sont revenus une deuxième fois, et même une troisième. Ces maîtres d'école n'hésitent pas non plus à travailler dans les champs avec les paysans afin de gagner leur sympathie et leur confiance. Pendant ses années d'enseignement dans cette commune, Ly a toujours bien accompli ses tâches, non seulement en tant qu'enseignante mais aussi en tant que responsable générale des activités extra-scolaires de l'école. Ayant réussi à organiser plusieurs activités à la fois distrayantes et instructives, elle a été honorée l'année dernière du titre de "responsable générale brillante au niveau provincial".
En 2006, cette mobilité a concerné au total 156 enseignants de la province de Hà Giang. Ils ont été mutés de différents districts des basses régions (Bac Quang, Quang Binh, Vi Xuyên, Bac Mê et le chef-lieu de Hà Giang) à ceux des hautes régions (Dông Van, Yên Minh et Mèo Vac). Tout comme Quy et Ly, ils ont fait des sacrifices personnels et de grands efforts pour aider l'éducation de ces localités à accomplir son devoir fondamental : "cultiver des hommes".
Efficacité déjà constatée
Parmi les 156 enseignants concernés, Dông Van en a accueilli 55, Yên Minh 41 et Mèo Vac 60. En plus d'enseigner, ces maîtres d'école ont contribué à la formation des ressources humaines locales. Il ne se passe pas une année sans que les districts des hautes régions ne souffrent du manque d'enseignants ; la stratégie de développement de l'éducation dans ces localités en est grandement influencée. Lors de l'année 2008-2009 par exemple, ce manque s'est manifesté à tous les niveaux de l'enseignement : que ce soit à la maternelle, au primaire, au secondaire de base (l'équivalent du collège) ou au secondaire supérieur (l'équivalent du lycée).
Chaque nouvelle année scolaire, le Service de l'éducation et de la formation et le Comité populaire de ces districts s'efforcent de trouver une solution pour assurer le nombre d'enseignants. Mais combler le manque d'enseignants et améliorer la structure du corps professoral à différents niveaux ne représentent pourtant que des solutions au problème quantitatif et, qui plus est, à court terme. Il reste en effet le problème qualitatif, à savoir le niveau de gestion de l'éducation et la compétence insuffisante de certains cadres éducatifs et enseignants, surtout en ce qui concerne les communes des hautes régions ou des zones éloignées.
Déterminée à développer le secteur de l'éducation, la province de Hà Giang a entrepris une politique de mutations et de renforcement du nombre d'enseignants tout en investissant dans les infrastructures. De 2003 à 2007, la province a mobilisé au total 197 stagiaires enseignants et 117 enseignants titulaires pour la généralisation de l'enseignement secondaire de base. À présent, 100% de ses localités (communes, quartiers et bourgs) disposent de locaux d'enseignement à 2 étages. Dans le même temps, le taux d'enseignants qualifiés augmente chaque année, ce qui répond progressivement aux besoins de l'apprentissage et de l'enseignement local.
Une inspection récente a montré que l'enseignement secondaire de base a été généralisé aux 11 districts et chefs lieux, ainsi qu'à 192 sur 195 communes et quartiers de la province. Ainsi, Hà Giang a répondu aux conditions requises par le ministère de l'Éducation et de la Formation pour qu'on reconnaisse sa réussite dans la généralisation de l'enseignement secondaire de base. C'est le résultat des efforts communs déployés par l'ensemble de la province auxquels ont beaucoup contribué ces enseignants dits de renforts...
Minh Phuong/CVN