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Le ministre français de l'Économie et des Finances lors d'une conférence de presse en marge d'une réunion du G20 à Ryad, le 22 février. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La réunion des responsables des vingt premières économies organisée en Arabie saoudite, première nation arabe à présider le G20, vise aussi à avancer vers un consensus sur un système de taxation international sur le numérique.
Elle a lieu sur fond d'inquiétudes grandissantes face au nouveau coronavirus qui a poussé les autorités chinoises à isoler des millions de personnes pour empêcher la propagation de la maladie, entraînant des répercussions majeures sur l'économie mondiale.
L'impact de l'épidémie, qui a déjà fait 2.345 morts, pourrait être de courte durée, mais celle-ci survient dans un contexte de "fragilité" de l'économie, a déclaré la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, lors d'une réunion préparatoire à Ryad vendredi 21 février.
Samedi 22 février, elle a affirmé que les dernières estimations du FMI prévoyaient un taux de croissance de 5,6% pour la Chine en 2020, en baisse de 0,4 point par rapport aux estimations de janvier. La croissance globale s'établirait à 3,2%, en baisse de 0,1 point.
D'autres scénarios moins optimistes sont envisagés, a-t-elle déclaré, ajoutant avoir assuré au directeur de la banque centrale chinoise, Yi Gang, soutenir les mesures économiques prises par le pays pour faire face à l'épidémie. La Chine n'a pas envoyé de responsables à la réunion et se fait représenter par son ambassadeur.
Consensus sur la taxation
Les conséquences du nouveau coronavirus sur l'économie mondiale, souffrant déjà d'un ralentissement, sont au coeur des discussions, a déclaré le ministre français des Finances, Bruno Le Maire. Le scénario privilégié actuellement est celui d'une chute des activités économiques suivie d'une reprise rapide de l'économie "mais la question reste ouverte", a dit M. Le Maire, évoquant la possibilité d'une baisse de la croissance sans reprise vigoureuse.
Faisant un point sur les discussions de la matinée qui ont tourné autour des projets de taxation internationale sur le numérique, le ministre français a déclaré qu'il y avait un "consensus parmi les membres du G20 sur la nécessité d'avoir un nouveau système (...) pour des raisons d'équité et d'efficacité".
Le consensus concerne aussi le "cadre global" de ce système, a-t-il ajouté, appelant les participants à trouver un "compromis" d'ici la fin 2020, scénario préférable aux multiples "solutions nationales", un point de vue partagé par le secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin. "Dans une économie mondialisée, il est impossible d'avoir des systèmes fiscaux nationaux qui entrent en conflit les uns avec les autres", a déclaré M. Mnuchin à Ryad.
"Étudier la proposition américaine"
Le ministre saoudien des Finances Mohammed al-Jadaan, le 10 décembre 2019 à Ryad. |
La Grande-Bretagne prévoit d'imposer une taxe sur les géants du numérique, malgré les menaces de représailles américaines. L'Italie et l'Autriche ont introduit leur propre taxe numérique. Les États-Unis ont ouvert en décembre une procédure contre la France après la mise en application d'une taxe jugée discriminatoire à l'égard des GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple), une accusation que Paris conteste.
Ces deux pays ont convenu en janvier de donner à l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) le temps de trouver un accord mondial d'ici fin 2020. Bruno Le Maire a affirmé que la France était "prête à étudier la proposition américaine" dans le cas où celle-ci ne serait pas une solution "d'optionalité" qui permettrait aux entreprises de choisir leur mode de taxation entre le système actuel et celui issu d'un éventuel accord.
Selon le ministre français, Steven Mnuchin aurait assuré que la proposition américaine, présentée début décembre, ne permettrait pas un tel choix. M. Le Maire a toutefois reconnu ne pas savoir exactement en quoi consiste cette solution de "safe harbor" (port de retrait en français). Le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria a déclaré à Ryad que seule "une réponse coordonnée permettrait d'avancer", soulignant que la réforme du système de taxation en discussion pourrait engendrer jusqu'à 4% de recettes supplémentaires d'impôt sur les bénéfices au niveau mondial soit 100 milliards de dollars par an.
L'Arabie saoudite, qui a succédé au Japon à la tête du G20, accueillera un sommet des dirigeants du groupe les 21 et 22 novembre prochains.