Wall Street rattrapée par les inquiétudes sur le coronavirus

La Bourse de New York a terminé la semaine nettement dans le rouge vendredi 21 février, affectée par les incertitudes persistantes entourant le coronavirus et des indicateurs décevants sur l'économie américaine.

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Wall Street recule à l'ouverture, les investisseurs hésitant à s'engager face aux incertitudes entourant le coronavirus et après la récente montée des indices à des niveaux inédits.
Photo : AFP/VNA/CVN

Son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, a perdu 0,78% pour finir à 28.992,41 points. Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a lâché 1,79%, à 9.576,59 points et le S&P 500, qui représente les 500 plus grandes entreprises de Wall Street, a perdu 1,05%, à 3.337,75 points. Sur l'ensemble de la semaine, le Dow Jones s'est replié de 1,4%, le Nasdaq de 1,6% et S&P 500 de 1,3%.

Les investisseurs sont fébriles car ils peinent à évaluer l'impact du coronavirus sur les bénéfices des entreprises, selon Shawn Cruz de TD Ameritrade. "Les acteurs du marché doivent se préparer à un certain choc quand les résultats financiers (du premier trimestre) seront publiés", avance-t-il.

Après Apple (-2,26%), qui avait ébranlé les marchés en début de semaine en avertissant que la pneumonie virale allait affecter ses résultats, c'était au tour de Coca-Cola (+0,69%) vendredi 21 février de prévenir que l'épidémie allait peser sur ses ventes du premier trimestre. Le géant des sodas espère toutefois combler le manque à gagner par la suite.

Mais les effets pourraient se prolonger au deuxième et troisième trimestres car les entreprises doivent non seulement faire face à une potentielle baisse de la demande pour leurs produits mais aussi aux perturbations dans leur chaîne d'approvisionnement, qui vont renchérir leurs coûts et affecter d'autant leur rentabilité, remarque M. Cruz.

Les acteurs du marché, rassérénés par l'apparent ralentissement de la propagation du virus plus tôt dans la semaine, se sont par ailleurs inquiétés vendredi 21 février de voir l'apparition de nouveaux foyers en Asie, avec notamment un doublement des cas en Corée du Sud et quelque 500 prisonniers contaminés en Chine.

Pour M. Cruz, le coronavirus a remplacé la guerre commerciale comme le thème dominant sur les marchés, faisant basculer les indices dans un sens ou dans l'autre au gré des gros titres sur le sujet.

Or au plus haut depuis 2013

Les courtiers de Wall Street ont par ailleurs été pris de court vendredi 21 février par les indicateurs PMI du cabinet Markit qui ont montré que la croissance de l'activité dans le secteur manufacturier avait un peu ralenti en février aux États-Unis tandis que l'activité dans le secteur des services s'était contractée.

L'indice composite sur l'ensemble du secteur privé affiche en conséquence une activité en contraction pour la première fois depuis 2013.

Signe d'un intérêt accru pour le marché obligataire, considéré comme plus sûr que le marché des actions, le taux à 10 ans sur la dette américaine a encore nettement reculé vendredi, tombant à 1,470% vers 21h20 GMT contre 1,566% la veille la clôture. Il est au plus bas depuis septembre.

Les analystes mettaient à cet égard de plus en plus en avant le paradoxe entre le fort attrait actuel des investisseurs pour l'or (au plus haut depuis 2013) et les bons du Trésor, et la récente montée des indices de Wall Street, généralement vus comme des actifs risqués, à de nouveaux sommets. Le Nasdaq et le S&P 500 ont encore terminé mercredi 21 février à des niveaux inédits avant de se replier.

"Certains investisseurs estiment que le marché boursier est (...) surpeuplé, surévalué, et est prêt pour une correction, ce qui alimente une ruée vers les valeurs refuges", estime Patrick O'Hare, de Briefing.

"Certains investisseurs pensent également que le coronavirus va s'étendre et avoir un impact plus prononcé sur la croissance économique et sur les bénéfices que ne le pense le marché boursier", ce qui nourrit l'attrait pour les actifs jugés plus sûrs, ajoute-t-il.

Mais dans le même temps, "la Bourse se concentre plutôt sur la persistance de taux d'intérêt bas, ses expériences passées avec les virus (qui n'ont généralement pas conduit à des replis boursiers prolongés, NDLR), et l'idée que la Fed est toujours prête à intervenir pour stimuler l'économie", remarque l'expert.

"La question maintenant est de savoir qui du marché boursier, du marché obligataire ou de l'or, va céder le premier", estime M. O'Hare.

Sur le front des valeurs, le fabricant d'équipements agricoles Deere a bondi de 9,71% après avoir fait part de résultats supérieurs aux attentes, portés par des agriculteurs plus confiants grâce à l'apaisement des tensions commerciales et à l'espoir d'une hausse des exportations.

AFP/VNA/CVN

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